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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 13:38

 

Nous avions laissé notre loup fort marri du comportement de ses compagnons de chasse, allant (à pas de loup, forcément) demander conseil aux croassants Huginn et Muninn.
 

 

Muninn se souvint, encore, mais n’était pas sûr que cela soit une très bonne idée, il cruchota (chuchota en croassant) donc quelque chose à l’oreille de Huginn, qui réfléchit et vit, dans sa grande sagesse, que c’était une très bonne idée pour peu qu’on lui apportât quelques modifications.

«_ Jadis une situation semblable scinda nos cousins grecs et plongea les mortels dans une mer sans fond de feu et de sang fratricide, rappela Munnin, mais la malice était présente dès l’origine, et l’objet quelque peu futile.

_Oui, les pommes causent bien des problèmes, en général, la variété aurifère en particulier , souligna Huginn.

_ On devrait peut être voter une loi anti-pommes , ça simplifierait les choses, suggéra Munnin.

_ Ou les mieux garder, à chaque fois c’est un problème de mauvais gardiennage, tu remarqueras.  Précisa Huginn.

_ Certes certes, mais … 
 

_Dites, ça n’est pas franchement le sujet ! gronda le loup.
 

_ Hum, oui, appelle-nous donc le cerf et la chimère ! Se reprit Huginn avant de poursuivre, devant les querelleurs animaux : Pour régler cette histoire de torque, mes amis, puisque de vous-même vous ne parvenez qu’à vous monter d’avantage l’un contre l’autre, vous irez prendre conseil auprès de vos pairs, mais en nombre impaire, pour qu’une majorité se dégage. Vous demanderez à 9 animaux de part le monde … 
 

_Tant que ça !  râla de concert tout ce qui n’était scandinave dans l’assemblée
 

_ Bon, 7 alors ! concédèrent les corbeaux
 

_ Trois, pas un de plus, je n’ai pas que ça à faire et on a une chasse sous la lance, si ça ne vous ennuie pas trop! conclut le loup, approuvé par la vouivre , l’herlequine et tout le reste de la mesnie.
 

_Bon bon, qu’il en soit ainsi, mais ne venez pas nous importuner si vous vous trouvez un peu courts! soupirèrent les corbeaux, un peu vexés, tandis qu’à la fois le loup et le cerf se demandaient s’ils devaient prendre ça personnellement.
 

 

C’est ainsi que, dans ce temps mythique qui ne dura, finalement, que quelques secondes, les trois montures se mirent en route, d’abord vers le Japon, consulter le roi du royaume souterrain, le Rat aux immenses richesses, qui devait sans doute en connaître un rayon en matière de trésor…

« Squeeek Squeeeek » fit le grand verminarque en se lissant les moustaches d’un air entendu « bien sûr que je peux vous aider, mes amis ! Commencez par fondre ce bijou en 12 petits carrés d’or, 5 pour chacun, et 2 pour moi, puis convertissez ces lingots en dollar, en euro, en yen, en yuan et en francs suisses et placez chaque lot pour moitié en épargne, pour moitié en bourse selon ce que je m’en vais vous indiquer… » Le grand verminarque fit mander le Seigneur Skrolk qui apporta de grands rouleaux indiquant le cours prévisionnel de nombreuses entreprises qui, selon les infaillibles analyses des rats (que l’on n’écoute jamais assez, sans quoi on aurait évité bien des désagréments), devaient, contre toute attente humaine, grimper en flèche dans le cours du marché.

Le cerf, la chimère et le loup le remercièrent grandement pour son conseil avisé, lui dirent qu’ils avaient besoin de se consulter un moment pour réfléchir à la question et s’en furent en toute hâte pour ne jamais revenir dans ces salles obscures visiblement étanches à toute espèce de culture ou de respect pour une relique aussi vénérable que le torque de Cuchulainn. En outre, le loup se demanda  depuis quand les rats avaient pris de cours de négociation auprès des nains mais garda ces observations par devers lui.

 

 

Leur destination suivante était la Californie et un parc aquatique conçu par de très célèbres dauphins pour y apprendre des tours et « programmer » des humains, qui, dans leur grande présomption, étaient persuadés du contraire et ne devaient s’en rendre compte que trop tard, à la venue des grandes pelleteuses jaunes, mais ceci est une autre histoire. Ils s’en allèrent donc trouver les dauphins qui, dans leur grande sagesse, rejetèrent au loin toute idée d’attribuer le torque à l’un ou à l’autre :

« Les richesses de ce monde sont faites pour être partagées » leur dirent-ils « Nous ne vous diront pas de faire du passé table rase car cet objet semble précieux à vos yeux, cependant le passé ne doit pas être un poids qui nous divise et nous empêche d’avancer mais la matière première à partir de laquelle nous créons le futur ! Coulez donc cet or pour une faire une longue chaîne, un lien qui vous unira les uns aux autres lorsque vous courrez, qui non seulement vous rappellera  votre amitié mais en plus vous servira de marqueur pour harmoniser votre course : si la chaîne touche le sol, c’est que vous êtes trop proches et risquez un coup de sabot dans le museau en cas de brusque décélération, ainsi vous ne répèterez plus les erreurs du passé. »

Nos trois amis prirent congé des dauphins après s’être respectueusement inclinés devant leur sagesse mais ne surent vraiment que penser de ce mélange d’idéalisme et de normalisation un peu technocrate : certes, l’aspect symbolique leur convenait, mais l’idée de la co-dépendance beaucoup moins… Ils étaient trop farouchement attachés à leur indépendance pour s’enchaîner au groupe, aussi new age et pacifiste que soit le projet : la meute, oui, le troupeau, non !

 

 

L’ultime étape de leur quête les conduisit à la cime d’une montagne étincelante, sur les sommets déserts et cristallins où logeait le phénix, comme un soleil scintillant sur les glaciers. Le loup expliqua l’affaire pour la troisième fois, il commençait à en avoir vraiment marre, le cerf et la chimère quant à eux désespéraient franchement d’entendre un avis à peu près recevable et commençaient à regretter leurs bois et leurs cavaliers…

« O mes amis, qu’est-ce que le monde sinon un théâtre d’archétypes resplendissants, d’idéaux auxquels nous aspirons de toutes nos forces ? A travers ce torque, n’est-ce pas plutôt la valeur de Cuchulainn, sa prouesse, sa force, sa frénésie guerrière que vous voulez faire vôtres ? Si vous comprenez ça, le torque lui-même sera bien peu de chose à côté de cet idéal à atteindre, cette figure mythique qui toujours marchera à vos côtés, dans vos esprits ! »

Le cerf et la chimère se regardèrent en intelligence et se sentirent soulagés d’avoir trouvé si bon conseil, la suite ne pouvait être que lumineuse…

« C’est l’idéal, la perfection que vous devez poursuivre à tout moment, et plus que la rivalité pour un objet, c’est l’émulation vers une idée qui doit vous unir. Ce torque n’est autre qu’un signe : à la fois symbole de vaillance et ornement, il vous montre que la perfection s’obtient à la fois par les qualités martiales et par la beauté, tant morale que physique, le Hagakure ne dit il pas que toujours le guerrier doit être préparé à recevoir la mort au faîte de sa beauté ? »

Le cerf, la chimère et le loup suivaient toujours, bien qu’ils ne voyaient pas exactement ce qu’ils étaient censés faire du torque, dans tout cela… Comme s’il entendait leurs pensées, le phénix reprit : « Fondez ce torque et faites en deux ornements que vous porterez chacun, qui vous rappelleront votre modèle et votre quête de l’idéal à chaque fois que vous porterez les yeux sur lui, ou mieux, à chaque fois que vous le sentirez dans votre chair. Faites de ce torque un instrument de beauté et de tourment, qu’il vous embellisse mais ne vous laisse jamais de répit, car le répit conduit à la médiocrité… »

La chimère eut un mouvement de recul, regarda le cerf d’un air inquiet, le discours prenait une tournure pour le moins bizarre et extrême… ça lui rappelait quelque chose, mais quoi ?
« Créez deux anneaux et percez en votre chair… »

« Oh, merde, COURREEEEEEEEEEEEZ ! » cria la chimère en fuyant à toutes jambes en voyant très clairement dans son passé où ce genre de choses menait inévitablement, le loup et le cerf lui emboitèrent le pas juste à temps pour ne pas être pris dans l’avalanche que déclencha le chant du phénix qui avait des goûts un peu trop avant-gardistes en termes d’art contemporain et de hard-tech.
 

 

Les trois compères arrivèrent à bout de souffle devant leurs cavaliers, dans la forêt qu’ils avaient quittés selon eux une bonne demi-éternité auparavant, selon l’univers le temps pour une châtaigne de tomber d’un tabouret.

«  _On l’a échappé belle ! souffla le loup

_ Oui, j’ai déjà donné dans ce trip là, merci bien .  râla la chimère

Ce sont tous de GRANDS malades ! » conclut le cerf…

Ils se regardèrent, tous trois, et partirent d’un grand éclat de rire, comprenant que leur dispute même était le signe de leur concordance de vues, de leur culture commune, que personne d’autre ne partageait leurs goûts, leurs idéaux et qu’ils se jetaient à la tête précisément ce pourquoi, au fond, ils s’appréciaient.

Le cerf et la chimère décidèrent alors de donner le torque au loup, qui ne s’y attendait pas du tout et en rougit, tout confus, sous son épaisse fourrure grise. Huginn et Muninn leur lancèrent un regard satisfait et approbateur .

«_ Bon, ça va, on arrêter de bouder, grosses bêtes, on a assez enquiquiné le monde ? on peut repartir maintenant ?  demanda l’herlequine en gratouillant le cerf derrière l’oreille
_ Je suis désolé maîtresse, pour la chute et pour la dispute...  murmura le cerf en baissant la tête
_ Non, c’est moi, je n’aurais pas du tant m’échauffer, je suis censée avoir le sang froid, en plus ... s’accusa la chimère
_ Allons, allons, je crois que votre aventure peut être profitable à de nombreuses personnes et que nous en tirons tous une importante leçon.  Conclut la vouivre, en passant sa main sur le museau de la chimère. Huginn, Muninn, je compte sur vous pour me chroniquer tout ça ?  A fin que de par le monde, l’on ne se déchire plus à cause de nos valeurs communes »

Le corbeau dit « Jamais plus ».

 

 

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 21:50

  C’était par une nuit d’automne, alors que par les bois et par les airs, la Chasse Sauvage, hurlante, galopait, suivant la course de l’année vers les ténèbres. C’était, en l’occurrence, par les bois. En tête courrait l’avatar de Cernunnos, et même de Hellequin vu que nous étions en France, et c’était une femme (mais ça n’était pas moi : il y a plusieurs forêts, plusieurs tempêtes, plusieurs avatars), montée sur un cerf majestueux, les cerfs étant majestueux ou n’étant pas, comme les scientifiques sont éminents. Derrière elle s’élançait une vouivre de la gent de Merlusine, une fée serpente à la peau si pâle qu’elle en semblait bleutée, serrant entre ses cuisses une curieuse bête à la face allongée du saurien, au cou ovidien et au corps presque aviaire s’il n’était recouvert d’un épais cuir parfois écailleux et souvent cornu, c’était une chimère de l’espèce draconique aptère. A leur suite venait un immense loup gris qui n’avait nulle intension, ce jour là, de dévorer la lune (au sens propre, aucun renseignement n’étant donné sur les mœurs sexuelles dudit loup).
          

  Ils traversaient quelque forêt, riant et chantant (de cette voix double et profonde que les metaleux tentent de reproduire du mieux qu’ils peuvent sans vomir leur quatre heure à force de se racler la gorge), et riant à nouveau de l’effet de leur chant sur la population locale, quand soudain le Cerf trébucha sur un objet dur qui saillait du sol et s’étala de tout son long, projetant sa divine cavalière dans le chêne le plus proche et ses pattes arrières dans la face de la Chimère, qui en eut la langue méchamment fendue (on a pas idée, aussi, de courir toute langue dehors) et le faciès vilainement amoché. Le Cerf gémit, se massa les membres endoloris et, alors qu’il allait pour s’excuser de sa maladresse auprès de sa maîtresse, fut attiré par l’éclat doré de l’objet qui avait entraîné sa chute : c’était un immense anneau d’or, fendu en une petite partie. Il ne le passa pas à la patte, ne devint pas invisible, n’attira pas d’œil maléfique sur lui, ni de spectres sinistres (il courrait déjà parmi les spectres sinistres, ceci dit) et n’eut donc pas à finir à dos d’aigle, ce qui eut été une aventure cocasse pour un cerf, mais l’avatar d’Hellequin en fut pour ses excuses. Le Cerf fut, cependant, fort fasciné et se demanda de quoi il pouvait bien s'agir. Heureusement pour lui, Huginn et Muninn, qui faisaient leur année Erasmus en France, voletaient à leurs côté et Muninn se souvint (c’était, après tout, son boulot) : « c’est un torque ! » croassa-t-il « un torque très ancien et très précieux, ma cousine l’a vu, jadis, en la verte Erin, car ce torque, mes amis, est celui de Cuchulainn » (car Muninn parlait parfois en rimes, et toujours de façon un peu ampoulée, habitude qu’il devait perdre aux Etats Unis en compagnie d’un jeune homme ombrageux, mais ceci est une autre histoire).

 

Alors la Chimère, l’œil boursouflé et la gueule en sang, prit la parole « Il me semble juste, Cerf, que ce torque me soit présenté en même temps que tes excuses, tu m’as causé grand tort par ta maladresse et j’attends réparation ! 
_ Et si je n’avais chût (l’influence de Muninn était manifeste) nous n’aurions découvert le torque ! c’est à moi d’en disposer à ma guise ! rétorqua le Cerf, vexé.
La Chimère manqua d’avaler sa langue de colère :
_ En quel bouge infâme t’a-t-on éduqué ? médiocre canasson, future devanture de cheminée ! Comment comptes-tu réparer cet outrage à ma beauté et à mon honneur, et ton incurable balourdise ?
_ Comme ça ! répondit le Cerf en lui faisant un signe fort grossier de la patte

La fée serpente descendit de sa monture, leva les yeux au ciel et alla s’asseoir sur une souche à côté de notre herlequine qui avait réuni un plein seau de noisettes et le lui tendit d’un air las…

_ Mufle ! Comment oses-tu ? Pour qui te prends-tu donc ? siffla la Chimère
_ Pour le maître de ces bois, lézard ! Pour le compagnon de Diane et de Cernunnos !
_Fuck you, I’m a dragon ! à qui crois-tu parler ? je suis fille du Grand Serpent ! celui que de l’Amérique à Epidaure, de Thèbes à la Chine on honore comme le porteur de Sagesse, le créateur, le guérisseur ! Des empires se sont construit autour des miens, des panthéons entiers me portent à leurs fronts ou portent mes attributs !
_ Pfff, à d’autres les sciences stériles ! je suis la vie, la virilité, je suis la semence jaillissante, le bois vert qui jamais ne sèche, je suis la renaissance de l’ardeur !
_ Hahaha ! Toi, tu vas me parler d’ardeur et de virilité ? TOI ? sans déconner ? Mais mon pauvre vieux, tu tétais encore la biche que des cuisses de daemonettes étreignaient mon dos ! J’ai vu les palais des délices sans fin, les danse du Masque sous des lunes de diamant, les orgies frénétiques des cultistes ! Ma langue, que tu as si stupidement meurtrie, a connu des douceurs humides dont toute ta chair ne peut même pas rêver ! Je suis la sensualité, je suis la séduction et l’ivresse, je suis la Bête de Slaanesh !
_ Parlons en, justement, fille du diable, engeance de démon, vermisseau de Laer ! Tous te maudissent et font de toi le masque de leurs cauchemars, l’Eglise t’a bannie alors qu’elle a fait de moi un symbole christique ! La Croix luit entre mes bois, je guide saint Hubert et bien d’autres, je suis le protecteur secret et dynastique du royaume de France !
_ C’est tout toi ! Social traître ! profiteur ! tu t’allies toujours au plus fort, tu retournes ton pelage, tu renies tes propres origines, ton essence ! Tu es aussi pourri que le Système, ah c’est bien toi le fils du démon ! espèce de Talleyrand ! ça ne m’étonne pas que des connes de hipsters s’affublent de tes bois pour flooder tumblr de photos néo-chamaniques ! pffff…
_ Discours typique de ceux qui critiquent le systèmes parce qu’ils n’ont pu le comprendre et en jouer… épave pathétique !
_ Pute médiatique !

_ Facho intégriste !


Le Cerf avait marqué le premier point Godwin (ou « reductio ad Hitlerum » fit remarquer Muninn) mais, comme on le voit, le ton de la dispute s’était depuis longtemps considérablement dégradé, pour un peu la Chimère aurait traité le Cerf de kikoo-wannabe et le Cerf aurait accusé la Chimère de traîner au Black Dog…
Au tour d’eux, la Chasse avait fait halte, certains amusés, d’autres passablement énervés : ils avaient de la populace à effrayer, des chants à hurler, des épées à brandir et franchement d’autres choses à faire que d’écouter les chamailleries de montures privilégiées (« typique des montures de dirigeants » grognaient déjà les représentants de la CGT, Confédération pour une Gouvernance Tératologique). Le loup, lui, s’en foutait : c’était un loup.

 

  La course folle reprit donc quand l’herlequine et la vouivre décidèrent de mettre un terme au spectacle affligeant que donnaient leurs compagnons (d’aucuns affirment que cette action n’était due qu’à l’épuisement des noisettes dans le seau, qui rend beaucoup moins savoureuse l’observation des disputes de tiers). L’ambiance fut maussade quelques heures puis on oublia l’incident et rires, chants et sonneries de cors retentirent de plus belles.
Mais lors des haltes, rien n’était pareil ; lors des trêves diurnes le Cerf et la Chimère se tenaient distants, eux dont l’amitié avait été la source de tant de joie, de tant de farces et de bons moments. La Chimère fronçait le museau quand on évoquait le Cerf, ce médiocre, cet incapable, cet âne qui ne comprenait rien à son univers philosophico-esthétique ; le Cerf boudait hors du champ de nuisance de la Chimère, cette folle dangereuse, cette extrémiste capable de tout. Tout cela finit par affecter le loup, tout loup qu’il était…
Il alla trouver Huginn et Muninn, les corbeaux avisés, et leur demanda de l’aider à arranger la situation...

 

... à suivre!

 

                      samhain 2012 those who roam the night by hellequine d olt

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 11:32

 

ATTENTION:  l'article qui suit a été écrit (au début de l'été) non pas pour ce blog mais dans un esprit de publication journalistique, il n'a donc pas le côté gentiment foutraque de mes élucubrations habituelles (trasuisez: il est polissé, mainstream et de ce fait un peu chiant sur les bords)

 

 

Peu d’illustrateurs expriment de façon aussi éclatante, et surtout avec un talent aussi manifeste et des références culturelles aussi riches, la complexité du jeu d’inter-influences entre le Japon et l’Europe de la fin du XIXeme en son esthétique post-romantique, symboliste et décadentiste que Takato Yamamoto et Vania Zouravliov. Il est paradoxalement plus vraisemblable que l’on connaisse le second davantage que le premier, Zouravliov ayant bénéficié de la médiatisation de son impressionnante précocité dans les média anglo-saxon, d’une première monographie aux éditions Gestalten en 2008 et de la facilité d’utilisation des réseaux internet de sa génération. Yamamoto quant à lui est surtout connu, en France, des lecteurs de l’Imaginaire Erotique au Japon, d’Agnès Giard, dont il fait la couverture, et des auditeurs de Dir En Grey, groupe de metal japonais, dont il dessina la pochette du dernier album, Uroboros. Et pourtant le style de Zouravliov est tellement proche de celui de Yamamoto, son prédécesseur, que l’on serait parfois tenté d’y voir une habile copie, jusque dans l’esthétique de leurs monographies, celle du jeune Vania reprenant tous les codes des publications de Yamamoto aux éditions japonaises Treville dans la collection Pan Exotica. Il semble cependant bien plus pertinent de tenter d’y démêler un jeu d’influences et de références communes caractéristiques d’un renouveau, d’abord au Japon, de façon généralisée, puis en Occident, plus épisodiquement, du symbolisme macabre.
               

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à gauche, Yamamoto, à droite, Zouravliov, éphébophilie pour tous \o/


Takato Yamamoto est né en 1960 et commence à exposer dans les années 80. Son style emprunte souvent à l’estampe traditionnelle, aux images du monde flottant (ukiyo-e) dont il reprend les codes et la technique pour les adapter à un traitement plus provocateur, plus extrême de thèmes déjà présents dans ce genre : l’érotisme, le monstrueux, le macabre, et bien souvent le mélange des trois en ce que l’on nomme au Japon ero-guro. Il traite également, avec cette même technique, de motifs plus contemporains, des héros virils de jeux vidéo devenant sous son traits de jeunes demi-dieux solaires, aux jeunes éphèbes de l’après guerre dont le charme trouble ne peut qu’évoquer les romans de Mishima, en passant par des lolitas semblables à des poupées victoriennes morbides et érotisées. Sur d’autres illustrations, se défaisant des références traditionnelles, son style devient plus purement symboliste, présentant des figures phosphoriques de martyrs, de séductrices, de vampires ou de démons enfantins à la pureté corruptrice dans des compositions quasi abstraites entre le grouillement organique et la décomposition végétale monstrueuse sortie tout droit des illustrations d’Arthur Rackham. Parfois encore, dans ses sujets comme dans son style, il rend hommage à ses inspirateurs décadents que sont Franz von Bayros ou Aubrey Beardsley et à la poésie Wildienne. Son art pourrait être décrit comme la rencontre fantasmatique de Bataille, Wilde, Huysmans et Mishima dans un salon arts and crafts dédié aux japonaiseries de l’époque Meiji.


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Salomé, thème décadent par excellence, à gauche par Yamamoto, à droite par Zouravliov

               De Vania Zouravliov le net ne semble avoir retenu qu’une chose : son génie prodigieux qui le fait exposer dès l’âge de 13 ans, Facebook, photo de profil à l’appui, nous indique qu’il est encore jeune bien que cette première exposition doive remonter à au moins 10 ans. Heureusement ses œuvres sont plus loquaces quant à sa vision du monde et sa sensibilité : outre certaines images que l’on jurerait sorties du catalogue de Yamamoto, son univers, dans les différents styles qu’il apporte, est construit autour de la vanité, de l’érotisme morbide et vénéneux et de la référence identitaire. A l’esthétique fortement japonisante vient s’ajouter des thèmes proprement russes et européens : uniformes napoléoniens, fascination des corps maigres et maladifs d’un XIXeme siècle chlorotique et tuberculeux ou d’un entre deux guerres berlinois s’enivrant de son désenchantement. Les poses rappellent Otto Dix quand les corps évoquent Rackham ou Redon. La référence à l’ukiyo-e de Yamamoto fait place à l’emprunt au style d’Ivan Bilibine et à la recherche nationaliste de son époque : thèmes slaves, figures typiques du moine mystique, de la jeune vierge paysanne, de la babouchka quelque peu sorcière ou de l’aristocrate fin de race et angoissé. Dans un autre style qu’il adopte, il se rapproche de l’art de Junko Mizuno  (l’équivalent féminin, gore et obsessionnel du kawaii de Murakami avec une constante référence aux années 70 et au psychédélisme) du street art et de l’illustration contemporaine.
                Tout cela, malgré une force d’évocation rare et une technique parfaite, montre peut-être que Zouravliov, passant de Yamamoto à Bilibine puis à Mizuno, n’a peut-être pas encore trouvé sa voie propre, mais met surtout en valeur  les extraordinaires échanges, dans le domaine du post-romantisme sombre et du symbolisme corrompu, entre le Japon et l’Europe du XIXeme. 
 

 

 

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     érotisme et identité culturelle: à gauche Yamamoto, shibari soft, androgynie et vanité, à droite Zouravliov, sorcellerie slave, malice et innocence, vanité, encore...

 

Les artistes européens de la fin du XIXeme dont Bilibine et Beardsley, se sont largement inspirés de estampes japonaises en vogue, de leur style dépouillé d’ornementation, influence que l’on retrouve jusque dans les années 70, avec l’utilisation, notamment, de chrysanthèmes décoratives en frise ou en filigrane.

 

 

 

 

 

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  A leur tour, après quelques précurseurs des années 70 comme le cinéaste Fukusaku avec le Lézard Noir ou Eiichi Yamamoto avec La Belladone de la tristesse (film d’animation produit par Osamu Tezuka), les artistes nippons des années 80, ont repris largement les thèmes décadentistes, romantiques et jusqu’à l’Art Nouveau, qui ont nourri le shôjo manga (manga à destination des jeunes filles) à travers les œuvres du collectif CLAMP (dont le personnage de Yûko est une incarnation des canons de l’Art Nouveau), le jeu vidéo et l’animation par l’intermédiaire d’Amano (largement inspiré de Mucha dans nombre de ses œuvres) et de sa conception de personnages pour la série des Final Fantasy et désormais dans une myriade d’œuvres mettant en scène esthètes vampiriques, aristocrates fin de race et autres démons victoriens. A travers les influences de ces manga et jeux vidéo, la fascination pour un XIXeme siècle européen fantasmé s’est incarné dans la réalité urbaine par des modes comme celle des « lolita » qui n’ont rien de l’héroïne de Nabokov mais tout de poupées de porcelaine fêlées et parfois maléfiques dans leur variante « gothique lolita », adolescentes vêtues comme des petites filles victoriennes à grands renforts de dentelles et de rubans ; des elegant gothic lolita, tendance portée par le rockeur japonais Mana (lui-même sorte d’avatar burtonien du remix nippon du romantisme sombre, du décadentisme et d’un XVIIIeme siècle fantasmé sous le second empire comme décadence aristocratique), le visual kei ; et plus récemment par le style ouji-kei ou kodona-kei, variante à peine masculine des lolitas, inspirée par un dandysme à la fois rieur et macabre, enfantin et glacé.

 

 

 

 

 

 

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le visual kei vu par Yamamoto et le gothic lolita à la sauce Zouravliov

Avec Yamamoto et Zouravliov, cet engouement (qui, de façon amusante, revient en Occident lorsque des jeunes filles et des jeunes gens, à l’occasion de pique niques informels, de sorties entre amis ou de conventions comme Japan Expo, reprennent des modes japonaises inspirées par une esthétique européenne que bien souvent ils ignorent) gagne un génie artistique propre, tel qu’il puisse être pris au sérieux par le monde des critiques d’art et galeristes et sortir de la pop culture pour entrer dans la « culture » tout court où il pourrait entrer en résonnance avec la sensibilité et les aspirations de maints esthètes.

 

 

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et deux icônes pour finir, le Saint Sebastien très mishimien de Yamamoto et le Christ androgyne et asiatique de Zouravliov... 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 16:51

Un article en passant, à une passante, peut être (j’ai croisé Morgane Merteuil aujourd’hui dans la rue, dame dont je soutiens tout à fait le combat et la démarche, mais ce qui suit n’a strictement aucun rapport avec ça), à ce qui étrangement passe dans nos flux de pensées, dans nos existences, passe de lune à l’autre, lie les symboles entre eux et eux à nos âmes et nos âmes entre elles et en elle-mêmes un temps à un autre… mais je m’égare et ça va finir par ressembler à du mauvais Mylène Farmer avec des calembours faciles dedans.

Bref, tout ça pour vous dire que je n’ai, bien sûr, pas été sélectionnée pour le concours (de journalisme) pour lequel j’avais mis ce blog en lien, que j’en fus fort marrie un certain temps mais que depuis que les résultats et profils des sélectionnés sont parus, j’en conçois un certain soulagement. « Ils sont trop verts, dit elle, et bons pour des goujats » vous gaussez-vous peut être, narquois que vous êtes. Ménon Ménon, comme dirait Platon, pas du tout, ça me soulage parce que bien évidemment, parmi des gens aux looks de mode-blogueurs qui veulent parler les bus pour femmes au Caire, des babouins du Pacifique ou de je ne sais quel nouveau type d’agro-éco-industrie équitable verte renouvelable et résolument altermondialiste, moi, avec mes trucs darko-queer et anarcho-réacs, j’étais légèrement à côté de la plaque… et je me serais sacrément emmerdée !

Donc vous allez avoir la joie immeeeense de vous taper céans les deux articles les plus mainstream que je n’aie jamais pondu (je suis censée avoir cédé les droits de publication au canard organisateur du concours, mais bon, comme je ne suis pas sélectionnée, je pars du principe qu’ils ne vont pas me publier,  j’ai tout de même demandé la permission, il y a plus d’un mois, et en l’absence de réponse, pour citer une grande philosophe sud-africaine contemporaine « fok julle naaiers ! »

Et sinon, il faut vraiment que je tienne ce projet de blog BD, mais bon, things to see, people to do (as if…) .

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 08:25

               Comme vous ne vous en doutiez pas depuis cet article : http://roter.schnee.over-blog.com/article-12032492.html , vue la rigueur toute tzigane avec laquelle j’ai tenu ce blog (Ordnung und Diziplin n’étant pas exactement les deux mamelles que je n’ai, d’ailleurs, pas), les Rencontres d’Aubrac ( http://www.facebook.com/rencontresaubrac et http://www.rencontres-aubrac.com/ )sont devenues, depuis 2006 et leur onzième édition qui me les fit découvrir, un rendez-vous annuel pour mes amies rescapées de Hell-Elgë et moi-même. Trio plus ou moins dur (ayant moi-même faussé compagnie à mes deux compagnes par trois fois, pour causes d’Allemagne (et quand l’Allemagne appelle, c’est un peu comme dans Krabat, selon ASP « gehorche der Stimme des Meisters, gehorche ihr », je ne parle pas de celui qui fait mumuse avec des serpents, tes tifs dorés Marguerite, tes tifs cendrés Sulamith, tout ça tout ça, mais c’est diabolique aussi) puis de petits boulots aussi stériles et vains que porteurs d’affliction) trio mi-mou, dirons nous donc, auquel s’agrégèrent quelques sporadiques camarades au fil  des années. C’était donc cette année là la septième année de cette désormais tradition mais seulement la quatrième pour moi (oui, je sais MEME compter, c’est merveilleux !).

 

             Je rageais d’avoir manqué la communication de 2010 de Xavier-Laurent Salvador sur le Diable et ses impostures et la venue d’Umberto Eco (on ne se refuse rien en Aubrac !) mais me réjouissais du retour de notre révéré Shinoda-sensei et de la fidèle présence de Claude Gaignebet. Cela devait en effet être la première année que j’aurais été en mesure d’apprécier pleinement son immense et folle sagesse, m’étant ouverte à, et immergée dans, les thématiques du Carnaval et de tout ce qui y touche de près ou de loin grâce aux conseils avisés d’une amie (Tisha, bénie soit-elle) et à la lecture d’Anne Lombard-Jourdan qui m’avait immanquablement ré-orienté vers Gaignebet, que jusqu’à présent je ne connaissais que via ses interventions aveyronnaises. Je comptais donc sur sa venue, même sans connaître le programme, et préparais une série de questions à lui poser et avis à lui demander quand, par une dernière pirouette imprévisible, ce vieil arlequin casse sa pipe, comme ça, sans prévenir ! Sont-ce des manières, je vous le demande ? Surtout que, privés de Gaignebet, nous étions du même coup privés de la Belle Dame, de sa splendeur sélénite, froide et altière, si pure dans les ténèbres de sa chevelure (non, ça n’est pas du sexisme du style « on parle de l’esprit de l’homme et du corps de la femme », c’est juste que je n’étais pas là l’année où la Belle Dame a donné une conférence et parle donc de ce à quoi j’ai un semblant d’accès). Mais nous avions Shinoda-sensei, ça compensait tout de même ! (et même Uemura-sensei qui est venue assister au colloque, ce qui est très très chic de sa part).

Le thème de l’année était Les Imaginaires de l’Eldorado, ce qui, je dois l’admettre, ne m’enthousiasmait pas particulièrement, n’ayant jamais été fascinée par l’épopée des conquistadors (outre le fait que tout cela renflouait les caisses de Zabou la Catho, qui est, quoi qu’en dise Aragon, une femme très bien et une de mes souveraines préférées) ni par les cultures pré-colombiennes (outre le fait que j’ai toujours trouvé l’arrachage de cœur sacrificiel une coutume charmante, appétissante et quasi-érotique et que par conséquent les gens la pratiquant ne pouvaient être que des personnes délicieuses, à tous points de vue), et, de plus, trouvant l’or relativement vulgaire (l’argent, ça fait plus dark, m’voyez …).

                                    aztec-indians-31.jpg
Comme dirait Tezcatlipoca citant Faust "si tu veux faire mon bonheur, Marguerite donne moi ton coeur!"

 Et en plus le sacrifié est en fundoshi! mais que demande le peuple?

 

Manque d’enthousiasme qui, finalement, m’a permis de très bonnes surprises, la première étant la fort naïve découverte que les personnalités politiques ne se réduisent pas à leur fonction et peuvent être chose que des personnages au mieux falots et gestionnaires, au pire intrigants, manipulateurs et assoiffés de confort (ne parlons même pas de pouvoir au niveau de médiocrité qui va avec la démocratie…). Oui, j’enfonce un peu l’hymen de la Grande Prostitué en disant ça, mais on ne sait jamais, si ce texte était lu par d’autres naïfs un tantinet réfractaires à toute idée politique comme ma pomme et qui n’ont eu, pour tout contact avec la politique, que des Gustave Labarbe d’élus locaux et les discours parlementaires et présidentiels de ces 10 dernières années qui ne sont pas exactement des modèles de grande rhétorique et ne suintent ni les humanités ni aucune forme de culture autre que gestionnaire et productiviste (exception faite des ministres de la Culture, caste à part). Je m’apprêtais donc à m’ennuyer ferme, appeler de mes vœux le début de la première conférence, voire à esquisser un facepalm quand Anne-Marie Escoffier, sénatrice de l’Aveyron (oui, ici on est féministe et on dit zut aux phallocrates de l’Académie) et ministre en exercice, prit la parole. Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre une passionnante communication sur l’or symbolique du tarot dans une exégèse hébraïque fondée sur la kabbale, à la fois brève, lumineuse et, ce qui me semble presque le principal dans une prise de parole magistrale, provocatrice, accoucheuse du désir d’en savoir plus, de fouiller la question, de lire tout ce que l’on peut trouver (de sérieux) à ce propos (je lance donc un appel aux conseils littéraires sur le sujet de l’interprétation cabbalistique des lames du tarot (la symbolique, la philosophie, pas le « tu vas rencontrer un beau ténébreux demain » hein !) par ce que Madame Escoffier, dans sa grande mansuétude, se proposait de m’en indiquer, mais d’une part je n’avais pas de carte de visite (ce qui est dommage parce que celles que j’ai dessinées reprennent le Mat du tarot, justement) et de l’autre, c’est une ministre, zut, elle a des chats nationaux à fouetter (pas ceux de la Culture, d'ailleurs et hélas, mais ceux de la Décentralisation), je n’allais pas l’enquiquiner avec mes enthousiasmes de crypto-étudiante.

Les Rencontres commençaient très bien, et me réconciliaient avec la classe politique qui, diantre, peut avoir d’autres intérêts que ladite politique et même un visage humain !

 

  La seconde grande découverte de ces quelques jours en fut la quasi-cloture avec le récital de piano de Lydie Solomon (http://www.lydie-solomon.com/ ). J’ai assisté à, parfois subi, plus de récitals de piano que je peux m’en souvenir : en règle général, les 10 premières minutes sont assez agréables, puis on commence à avoir mal aux fesses (surtout quand on a les os pointus comme moi, et que le siège est dur), et on finit par se demander ce qui justifie, plus que la somme dépensée, l’ennui infini que l’on s’auto-inflige. N’allez pas me penser metalleuse-wagnérienne indécrottable, j’ai grand plaisir à écouter de la musique classique mais soit en peignant/dessinant/cousant, soit vautrée dans une position baroque et laissant mon esprit voler sur les ailes d’Euterpe, ce qui vaut aussi pour le metal et pour Wagner, d’ailleurs : il me semblerait insupportable d’écouter l’un comme l’autre le cul vissé sur une chaise, sans pouvoir headbanger/pogoter ou courir l’épée à la main en faisant de grands moulinets et prenant des poses épiques. En outre, qu’il s’agisse de TsingTao-TeKing, de Asahi GudenGuden ou de Truchosovitch Biduloff, j’ai l’impression que c’est TOUJOURS le même automate devant le même Steinway, mais moins sexy qu’Olympia. Ouille ouille ouille le récital, me disais-je donc in petto, d’autant plus âprement qu’à cause d’une couille d’organisation relevant un peu du préjugé générationnel (pas bravo Francis pour le coup) ledit récital chevauchait la projection, quelques kilomètres plus loin, des Mystèrieuses Cités d’Or, présentées qui plus est par notre XLS préféré : je ratais Esteban, Zia, Tao et la sublime (et méchaaaaante) Marinché et l’avais mauvaise !

 f_marinche.gif

Ce qui me fait songer que Marinché (la Malinche) et la Belle Dame des Rencontres se ressemblent beaucoup, hélas il ne me fut donné de voir ni l'une ni l'autre

 

Et là, ce fut l’épiphanie, l’illumination, l’éblouissement. Pas à cause de la chose rutilante dont était revêtue la jeune pianiste, sorte d’amas de paillettes tendance Bar Mitzvah à Tunis fournie par Lionel Tissus de Barbès qui nous laissa assez sceptiques (mais pas mal coupée, ceci dit, la robe, surtout dans le dos), non, à cause bien évidemment du talent monstrueux de la jeune fille (qui a en fait le double de l’âge que je lui donnais à cause de sa dextérité, de son énergie et de sa légèreté, mais passons), jamais je n’ai vu un clavier aussi doucement caressé, des doigts danser une danse aussi vive, légère et complexe, des poignets s’imposer avec autant de violence et de fougue. La musique était parfaite, l’image lui était accordée : d’où nous étions, nous avions pleine vue sur la pianiste, mais trois caméras projetaient différents angles de vue sur un écran géant au dessus d’elle, révélant le jeu de ses doigts, le reflet de son visage dans la laque du piano, son dos souple dont la peau fine révélait le mouvement des muscles, ses bras dont les veines bleutées auraient donné des envies de sacrifice à tout grand prêtre aztèque, mais fort heureusement il n’y en avait pas. Bref, cette parenthèse de pure beauté qui suspendit le temps eut fait trembler d’extase n’importe que romancier, poète, pré- ou post- ou juste romantique qui se fût emporté en considérations oiseuses sur l’aristocratie de cette jeune pianiste, sur les cascades de notes cristallines où son âme s’était longuement abreuvée, sur le côté « Verweile doch, du bist so schön » de l’ensemble, alors que moi, non, vous voyez, je reste sobre, journalistique, posée comme à mon habitude !

Entre Madame Escoffier et Mademoiselle Solomon (oui, pour le coup, Mademoiselle, c’est sexiste, mais j’ai VRAIMENT envie de donner du Mademoiselle à Lydie !), de grands et riches moments : Emmanuelle Collas nous parlant de l’Atlantide en citant R’lyeh et en finissant par « apprenons à être poissons » qui ne pouvait être qu’une réminiscence Innsmouthienne, cultist spotted ! Chiwaki Shinoda, génial à son habitude, nous parla de La légende du pays de l’or, celui des rats, dessinant la thématique du pouvoir secret résidant aux antipodes du lieu public de son exercice apparent.

The Demon Rat of Vercingetorix by ursulav

"Mouaaaahahahaha" (chuuuu chuuuu chuuuuhuhuhu, dans le texte) ça rigole pas!

dessin de http://ursulav.deviantart.com/

 

arkanys 25 fancy rat by dianephotos-d2z6lga

mais celui ci est plus kawaii!

http://dianephotos.deviantart.com/ )

 

L’évocation du Mythe de l’Argent chez Georges Bataille par Olivier Germain-Thomas eut le mérite de donner la parole à une vision esthétique et quand même assez érotique du sacrifice dans laquelle je me reconnaissais depuis l’avoir entendue sur France Cul. (c’était une édition très France Cul. d’ailleurs, entre Abdelwahab Meddeb et Marie-Hélène Fraïssé) et qu’il fait toujours bon d’entendre réaffirmer : les sacrifices de jeunes éphèbes, c’est bandant, et les cœurs, c’est bon, mangez-en ! Philippe Di Folco nous fit part de l’aventure totalement loufoque et drôlatique de Jacques Ier, Empereur du Sahara, dont la femme et la fille ont quelque chose en commun avec le sacrifice d’éphèbes. Nous eûmes droit à des flûtes hallucinogènes, à un film esthétique et émouvant sur un personnage hors du commun, Alvar Nunez Cabeza de Vaca, in-conquistador et chamane, avec des sorcières blanches et noires et des mortes bleues made by Guillermo del Toro (les maquillages, pas le film, qui est de Nicolas Echevarria). La première et très intéressante participation de François Ploton-Nicollet à propos de l’Empire romain et l’or, entre répulsion et fascination (oui, j’inverse les termes, ça rentre mieux dans ma phrase) me donna envie de grands Celto-Germains efféminés aux cous de lait, aux longs cheveux et aux torques scintillants auxquels j’enseignerais les vices orientaux, histoire de faire des Barbares complets, parfaits et resplendissants.

celtic_warrior.jpg

tout ça tout ça....

 

Puis Zabou la Catho se fit traiter de nazie et les 200 moines martyrs de Cardeña de talibans, idéalisme arabo-andalou oblige… Mais heureusement Dany Laferrière vint mettre du rire et des couleurs (et des fleurs dans ses cheveux, mais ça c’était le lendemain) et déplacer la discussion en Haïti, avec son art inégalable de raconter des choses graves et profondes avec sympathie et chaleur, et c’est de sa faute si j’ai passé toute ce matin à écouter des enregistrements de tambours haïtiens, rara et banda. Enfin, l’intervention tant attendue de Xavier-Laurent Salvador La « chresme » des questions de philosophie (oui, il a osé) : perspectives (al)chimiques sur la quête de l’or, avec les références cinématographiques qui vont bien (et font que je commence enfin à piger autre chose à 2001 l’Odyssée de l’Espace que la consommation de LSD (ou de peyotl qui sait...) de Kubrick), et après un développement fort intéressant, sa conclusion, que, sans m’vanter, j’avais « sentit » arriver depuis le début (et me fait penser que le fluff de Warhammer peut avoir une lecture alchimique, en plus de New Age). Homero Aridjis fut à la fois intéressant et émouvant dans sa présentation des Menaces sur les terres sacrés Huicholes (plus d’infos ici : http://www.lepoint.fr/monde/il-faut-sauver-les-indiens-huichols-20-01-2012-1421686_24.php ) et c’est avec joie que nous retrouvâmes Bernard Vernières qui nous parla de Loreleys occitanes chassées par le vent centralisateur et nordiste des évangélisateurs, puis des ratiboiseurs de troubadours sous couvert de croisade anti-cathares.

                  Mais ça serait faire injustice aux Rencontres que ne pas évoquer l’atmosphère si sympathique, chaleureuse et détendue qui fait de toute cette tribu d’universitaires une véritable famille qu’il faut apprendre à connaître (je relis mon premier article à ce sujet et m’aperçois que tout est question d’assiduité et de persévérance, que ça soit pour parvenir à faire le grand écart ou pour apprendre à connaître des universitaires) année après année pour en apprécier le caractère joyeusement chaotique sous des dehors vaguement civilisés ! A ce propos tout hommage et toute gloire soient rendus au clan Cransac et au noyau élargi (façon de parler hein !) de l’organisation, des Corses charismatiques aux jaibaits de 16 ans qui font n’importe quoi de leur foie en passant par les semeuses de  si précieuses « pépites » et les conférenciers « piliers » (de bar, de rugby ? les deux ?).

 Notons, pour finir, que Camille, Hannah et moi avons un gaydar de compétition, en matière de films (mais OUI, Alvar se tapait Esteban, qu’il délaisse pour le jeune Indien, que croyez vous ?) comme d’ensembles musicaux et de conférenciers (nous ne donnerons pas de noms, nous ne dirons rien, mais nous savons tout !)


                 Le thème de l’année prochaine sera l’Eden et l’on prévoit un « festin nu » sur les bords sur lac… bon… c’est bien joli tout ça, l’Eden, L’Eldorado, Jerusalem… mais si, ô Grand Francis, cette trilogie devenait tétralogie (les meilleurs trilogies étant en 4 parts, du Ring (de Wagner ou de Sadako, d’ailleurs, vu qu’il va bientôt y avoir un 4eme volet en 3D (avec Sadako qui sort VRAIMENT de vos écrans, la méga classe ! mais je m’égarre) au Guide du Voyageur Intergalactique ) avec L’Enfer ! Si ça c’est pas du lieu mythique, du lourd, du massif dans les imaginaires de toutes cultures. On pourrait causer démonologie pendant des heures, de la kabbale à Denys l’Aéropagite, des démons de l’ancienne Summer à Crowley, de la Goetie à Lovecraft. Ça serait d’un romantisme ébouriffant, on réciterait diverses version de la chute de Satan l’œil inspiré, le nez au vent. Et je ne parle même pas des spectacles ! alleeeeez ! ça serait TELLEMENT chouette ! et même hibou ! et serpent ! et rat ! et chauve souris ! et loup ! et dragon ! et chat noir ! et corbeau ! et ours !

 

Bon, en attendant, si point d’enfer, au moins que quelqu’un nous fasse une conférence sur la Première à fouler l’Eden de son pied indépendant et fier, avant d’en être chassée, de Lilith la Première Née !

Lilith-DanteGabrielRossetti-1868 

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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 11:54

Etant revenue le WE dernier dans « le monde », j’en profitais pour écouter la radio, à savoir, comme souvent, France Cul. et tombai sur une émission sur l’épineuse question de la prostitution. La chose ne me passionne pas forcément de prime abord mais certains propos de la soi-disant féministe Anne-Cécile Mailfert m’ont un peu choquée,  ou du moins ont suscité en moi l’envie de m’intéresser et de participer à ce débat. Ce que je vais faire maintenant, sortie définitivement de ma retraite, parce qu’avouons le, rédiger un article sur la légalisation de la prostitution et la ré-ouverture des maisons (ce qui ne semble pas du tout la direction prise par notre actuel gouvernement) depuis un ordi monastique était quelque peu inconvenant, de façon, je trouve, regrettable, d’ailleurs, mais quand on est à Rome, on fait comme les Romains, ne soyons pas celle par qui le scandale arrive, donc je me suis retenue quelques jours (je fais du bloging tantrique moi !).

           
Tout d’abord je tiens à passer une solide couche de précautions oratoires sincères, et je prie mes 5 lecteurs (oui, j’ai eu des retours, dont je suis très heureuse, sur FB : vous êtes plus d’un, c’est merveilleux !) de ne pas les oublier à la lecture de ce qui suit : je suis sans doute la personne la moins bien placée pour parler du sujet, de même qu’un prêtre non marié est la personne la moins bien placée pour parler, par exemple, de l’avortement, parce qu’il est mâle, d’une part, et de l’autre parce qu’il est coupé des réalités que sont la sexualité et la vie de famille. Ma pomme causant de prostitution, c’est un peu Jeanne d’Arc faisant un exposé sur le kama sutra… je ne parlerai donc que de théorie, ignorant tout de la réalité sans doute parfois sordide et douloureuse de mon sujet ; mais cela peut être intéressant, au sens ou il peut être intéressant d’entendre ce que le noir à a dire sur le blanc d’un point de vue le plus théorique et le plus impartial possible ; au sens où peut être, entendre une libertine dénoncer les mythes qui sur-sacralisent la sexualité et la virginité est un poil moins convaincant qu’entendre le même discours de la part d’une wannabe-Sœur de Bataille, zélatrice de l’Eowyn pré-Faramir (maudit soit-il). En outre, j’espère, par cet article, ouvrir un débat sincère et serein et non présenter péremptoirement mes vues : je parle de « soi-disant féministe » à propos de Madame Anne-Cécile Mailfert parce que sa position me semble aller à l’encontre de ce que je conçois comme le féminisme, mais je serais ravie de lire, en commentaires (ici et non sur FB, ça sera plus pratique pour celles et ceux qui n’ont pas FB) les raisons des personnes qui appartiennent à la même tendance qu’elle, à savoir un féminisme assez « moraliste », et en quoi cela leur semble faire reculer l’image du soi-disant « éternel féminin » véhiculée par le patriarcat et responsable de l’oppression des humains femelles dans leur propre Weltanschauung . Veuillez ne voir les idées que je vais présenter que comme une ouverture de débat, un exemple afin que vous exposiez à votre tour les vôtres, et ne pas oublier qu’il ne s’agit que de l’avis purement théorique d’une gamine de 23 ans étrangère à toute réalité de ce monde.

            La première chose qui m’a faite réagir dans les propos de Madame Mailfert est sa vision de la prostitution, qu’elle sous entend féminine, bien sûr, comme une aliénation du corps de la femme, une oppression de ce corps, de la personne féminine dans ce qu’elle a de plus intime, par la société patriarcale et toute la violence dont elle est capable. Autant je la rejoins tout à fait si on parle de l’odieux trafic d’êtres humains organisé par les différentes mafias et qui se fonde sur le rapt, la séquestration, la confiscation de passeport etc… mais si on parle de la prostitution en tant que telle, la prostitution « traditionnelle », oui, certes, c’est une aliénation du corps, mais en quoi l’est-ce plus que l’aliénation du corps de l’ouvrier ? 
           
Une personne qui s’épuise physiquement au travail et rentre chez elle tellement affaiblie qu’elle n’a plus la force de faire autre chose qu’allumer la télé et ainsi se laisser vampiriser intellectuellement est elle moins aliénée dans son corps et son esprit qu’une prostitué qui fait de ses orifices un espace de commerce ? Un commerçant, un employé de supermarché, qui se doit de sourire au client, de subir les humiliations sans broncher, et toujours en souriant, ne « prostitue »-t-il pas sa fierté d’humain, son honneur ? Et non, je ne brosse pas un portrait misérabiliste : j’ai vendu des crêpes à la Bastille pendant un mois, je me suis faite insulter quasi-quotidiennement et même cracher dessus, tout en devant « ne rien répondre, pour ne pas offenser le client », alors imaginons une personne subir cela pendant des années  Pour ma part, j’ai renoncé à mon salaire, pour qu’il ne soit pas dit de moi que j’avais subit cela « pour de l’argent », mais j’ai pu le faire car il ne s’agissait pour moi que de l’argent qui aurait pu me payer un ordinateur pour les jeux vidéo et un second voyage au Japon, à savoir des choses très accessoires ; pensons à ceux qui n’ont d’autre choix, pour se nourrir : en quoi ce sort est-il différent de celui de celles que nous appelons « prostituées » ?

Rappelons que « prostituer » ne veut, à l’origine, que dire « exposer, soumettre au public », le sens commun y ajoute « pour de l’argent » : les uns prostituent leur force vitale, leur corps (les ouvriers dont on exploite le physique, ce qui, d’ailleurs, pourrait inclure les mannequins, qui soumettent leur apparence à des canons anti-naturels), les autres prostituent leur honneur, leur fierté, leur dignité (les employés qui doivent quotidiennement s’humilier et faire profil bas), d’autres enfin leurs orifices à différents tarifs selon lesdits orifices… Ce qui change n’est que la partie du corps, ou de la personne (si on prend en compte la fierté) que l’on met en jeu en échange d’argent, et là apparaît le vrai problème qui fait que l’on nomme, avec honte « prostitués » les uns plutôt que les autres : le statut des organes génitaux dans le corps.

           
Ce qui semble choquer la moralité, féministes, visiblement, y compris, c’est que l’on fasse commerce de sa génitalité, les mains, les bras, le dos, les jambes, passe, ça ne choque personne, l’esprit, idem, bizarrement, l’esprit importe beaucoup moins à la morale que le corps, et le corps que les organes génitaux. Pourquoi ?
           

Ce raisonnement revient à dire que ce qui est le plus sacré, le plus intime, le plus tabou dans une personne, c’est son sexe, c’est ce trou, ces trous qu’une personne a entre les jambes… n’est-ce pas absurde ? Si on regarde les choses froidement, avec détachement, ça n’est qu’une partie du corps, comme la main, comme le nez, comme les yeux : il y a « des nez », il y a des ouvriers, des artisans, qui travaillent avec leurs mains, des tireurs d’élite qui travaillent avec leurs yeux, pourquoi ne travaillerait-on pas avec son vagin ? C’est une partie du corps, de ce corps qui nous appartient, on devrait pouvoir en disposer comme bon nous semble non ? C’est là que l’on rejoint le tabou primitif : c’est l’endroit de procréation, l’endroit de la vie, il n’appartient donc plus à la personne mais à la communauté, qui l’investit comme espace sacré…
           

Bon, certes, c’est très bien tout ça quand on doit lutter pour la survie, perpétuer la race : à savoir aux balbutiements de l’humanité. Une fois le caractère purement utilitaire, nécessaire pour la survie de l’espèce, de ce genre de tabous, ils perdurent, se sacralisent de plus en plus alors que leur utilité est toujours moindre, ils se ritualisent… et aboutissent à un magnifique patriarcat à peu près universel où la femme et SURTOUT son sexe sont considérés comme un sanctuaire, un trésor à garder jalousement au fond de sa maison, et qui, si elle en sort, doit le pus possible gommer son aspect « sexuel », cette sacralité qu’on ne doit jamais « exposer au public » et donc « prostituer » (d’où le slut shaming, d’ailleurs). Ne serait-il pas temps de se rendre compte de ces mécanismes ? de l’inanité de ces vieux tabous qui ont eu leur utilité, primordiale même, en leur temps, mais ne sont plus, au XXIeme siècle que des carcans inutiles ? Les féministes ne devraient elles pas se rendre compte qu’en surprotégeant le corps de la femme, en le sacralisant, elles perpétuent l’essence du patriarcat ? N’est-il pas absurde de considérer que le temple du sacré dans l’être humain, l’intime absolu n’est pas son âme, ni son esprit, ni même son corps dans sa globalité (et dans ce cas on devrait bien plus rugir contre les divertissements télévisuels, contre la malbouffe, contre l’aliénation par le travail) mais bel et bien dans son vagin ou dans son anus ?

           
Il me semble, si on veut faire respecter la parité, ce qui me paraît une très noble quête, que la chose à faire serait d’avantage de rouvrir les maisons (edit: NON! dit Morgane Merteuil, qui sait, elle, de quoi elle parle), en faire des espaces sains, sécurisés, hédonistes, ouverts aux personnes désireuses de se consacrer à la volupté et de faire de leurs organes génitaux leurs outils de travail sans honte aucune (parce que traiter de haut, mépriser les travailleurs du sexe revient à tout ce que j’ai développé plus haut, il ne devrait pas plus être honteux de travailler avec sa verge et gagner ainsi honorablement son salaire que de travailler avec ses pieds en tapant aléatoirement dans une balle en cuir pour gagner l’équivalent du PIB d’un pays sous-développé en un an…) et répartis en 4 parts égales et paritaires : des hommes pour s’occuper de clientes femmes, d’abord, parce que oui, la parité c’est aussi encourager les femmes à s’approprier leur sexualité, et aller voir des hommes qui sauront éveiller et assouvir leur désir A ELLES, des hommes pour s’occuper des clients hommes, des femmes pour s’occuper des clientes femmes et des femmes pour s’occuper des clients hommes (ce qui fait, pour l’instant, la quasi exclusivité des débats sur la prostitution et ne devrait pourtant constituer qu’un quart d’un travail du sexe sain et bien organisé). Des lieux qui bénéficieraient de tout le confort, voire le luxe, possible, d’une constante surveillance médicale (edit: re NON! dit Morgane Merteuil, mentionnons aussi Juliette Lancel qui certes n'en parle pas d'expérience, mais qui, sur la question théorique, en connait un sacré rayon et a des analyses des plus éclairantes, allez voir dans les commentaires!) , des lieux qui ressembleraient aux merveilleux lupanars horriblement machistes de la Belle Epoque, mais en plus propre, en plus sain et SURTOUT en plus paritaires… (edit: oui donc non, en fait)

Du haut de ma totale inexpérience en matière de sexualité et de mon relatif désintérêt pour la chose (pratique, mon intérêt théorique est immense), voici l’idéal que je souhaiterais voir appliquer pour une sexualité  publique saine et épanouie, et je ne comprends pas pourquoi les gens veulent autre chose, et surtout les féministes… bien entendu, un tel plan n’est réalisable qu’avec l’aide d’un Etat courageux, qui n’a pas peur de lancer des grands coups de rangeos dans la fourmilière de la morale patriarcale et puritaine, quoi de meilleur pour un gouvernement qui se dit, et se veut, progressiste ? 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 13:04

Si la maternité physique est quelque chose qui me dégoûte profondément, la filiation intellectuelle, culturelle, spirituelle est à mes yeux une des choses les plus sacrées et les plus importantes de la Cité des Hommes (et de celle de D.ieu sans doute aussi, vu que nous en sommes supposément tous fils). J’étais donc en train de fulminer contre le grave manquement au devoir filial de la Communauté Européenne envers notre mère la Grèce via statut Fesse Bouc quand je me suis dit que cette question méritait amplement un article en ce cyber-lieu.

           

Les réseaux sociaux ont vrombi jusqu’à l’assourdissement pendant des mois à propos de la campagne présidentielle, jusqu’à atteindre une lamentable hystérie évoquant irrésistiblement la guerre de tous contre tous (non pas que Nico Ier ou François II aient l’un ou l’autre une carrure de Leviathan, à la différence de ma mère, mais là n’est pas la question…) à grands coups  de « tous ceux qui sont indifférents à la montée du FN retirez vous de mes contacts , je suis tolérant môa » et de « bêlez bande de centristes, nous on s’entraîne au combat de rue pour l’heure de l’Invasion »… du très très haut niveau, donc.  Et puis soudain, le silence, plus une vague, rien… à croire que chacun avait épuisé sa jauge d’  « éloquence républicaine ». Et pendant ce temps, quelques chèvres éparses sur du marbre… un parti avec un nom tellement WTF qu’on se demande s’il invoquent les Grands Anciens, avec leurs bras tendus… des agences de notation qui se permettent de juger, de condamner un pays, et quel pays… et tous les autres membres qui lui tombent à bras raccourcis sur le coin de la figure, tels un chapiteau ionien sur le jeune archéologue en bois brut. Et l’on entend (dans les champs, lalala les éléphants et l’on entend, dans les près, lalala les chimpanzés … ah, non, c’est un autre air, zut) les média évoquer une sortie de la zone euro… et l’on se dit que l’on rêve, que l’on cauchemarde, qu’on va nous réveiller à coups de Bailly et reprendre une activité normale… mais non, c’est bien vrai : l’Europe accuse la Grèce, l’Europe veut ostraciser (lol) la Grèce, l’Europe humilie la Grèce !... et tout le monde s’en balance joyeusement, hahaha…

           

Pendant ce temps les étudiants studieux repassent leurs thèmes et versions pour l’agreg de lettres classiques… tout va très bien, Madame la marquise… pendant ce temps l’Etat français fait des recettes grâce au musée du Louvre, l’Etat allemand voit les touristes remplir les caisses des Insel Museen (dont le Pergamon), on cause par ici et par là de « démocratie » et surtout d’ « économie »… et personne ne semble trouver ça un peu bizarre… Un peu bizarre que l’Allemagne, pays à la culture philhellène des plus remarquables, à travers ses archéologues, ses philosophes, ses poètes romantiques, soit la première à crier haro sur la mule, un peu bizarre que pas un directeur de musée ne songe à donner (non, pas prêter, DONNER) tous ses bénéfices pendant au moins un an à la principale pourvoyeuse d’antiquités joyeusement pillées (mais qui, disons ce qui est, se trouvent bien mieux administrées sous une direction française ou germanique que grecque), un peu bizarre que des « économistes européens » jugent la Grèce comme un pays mineur… Wait wait wait, les cocos, « économie » « economy » « Ökonomie » (ok, je triche, parce qu’on emploie Wirtschaft en fait…) vous savez ce que ça veut dire ? d’où ça vient ? et  puis « démocratie » aussi, tiens… et « écologie » dont on parle aussi beaucoup, même si pas assez… Et surtout « Europe »… coucou les béotiens, vous envisagez vraiment une « Europe » une « zone euro » sans la Grèce ? mais changez ne nom alors, bande de truffes ! ça ne me dérange pas du tout que cette alliance jadis nommée « Europe » devienne le « Septentrioccident », le « Saint Empire Romain Celto Germanique » ou même « l’Union Occidentale » (parce que « Empire d’Occident », ok ça fera plaisir aux mânes de Charlemagne, mais ça risque de mal passer… ), mais du haut de mon mètre 73, de mes 23 ans et de mon insignifiance quasi-totale, j’aimerais bien, si ça n’est pas trop demander, qu’on évite d’utiliser des mythes grecs si on doit en exclure la Grèce… c’est un peu moche…

           

Alors oui, oui on peut le dire, même si ce sont eux qui ont inventé le concept, (comme 70% des concepts, des mythes, de ce qui fait notre identité occidentale (spéciale dédicace aux fils de Tzeentch des agences de notations ricaines qui je suis SURE sont passés par les fraternités et sororités du « système grec » : c’est bien beau de se murger la gueule entre « kappa sigma » et « delta gamma » mais encore faudrait il ne pas oublier ça quand on condamne le pays dont on s’est inspiré pour faire la fête pendant des années !) ) les Grecs sont de grosses buses en économie ! En finances, je ne dis pas, tant que l’Etat ne s’en mêle pas trop (voir : commerçants grecs, armateurs grecs, magouilleurs grecs pètés de thunes) mais en économie nationale, zéro pointé depuis toujours, sur toute la ligne… Oui, Achille, Ulysse, Médée, Bilitis et Zorba ce ne sont pas vraiment des profs d’éco, mais l’Europe est-elle une alliance uniquement économique ? dans ce cas hop, remplaçons les Grecs par des Chinois, les Italiens par des Japonais et les Espagnols par des Etats-Uniens, c’est la fête, on va dominer le monde LIKE A BOSS ! Vivons nous, non, je reformule, voulons nous vivre dans un monde dont la seule valeur est financière ? Je ne développerai pas, je vous laisse réfléchir à la question, à votre vision de l’Europe…

 

Sur FB, comme j’ai des camarades qui sont moins des buses que les Grecs et moi en économie, on m’a fait remarquer que la Grèce ne s’en sortirait jamais si elle reste dans la zone euro… peut être, peut être aussi est-ce le rôle de ses fils et de ses filles, de toutes ces nations dont les rois jadis ont essayé de se prévaloir d’une ascendance grecque, dont les musées s’enorgueillissent d’antiquités grecques, dont la langue et les structures mentales sont pour une grande partie issues de la Grèce du Veme siècle (avant) de venir en aide à notre vieille mère qui déraille un peu : elle nous a élevés, à nous de la secourir dans ses vieux jours non ? par des dons, pas par des prêts, encore une fois, et si ça nous semble un trop grand sacrifice, essayons pour une seule journée de ne pas prononcer un seul mot d’origine grecque, de ne pas porter les yeux sur une seule œuvre d’art inspirée de l’art grec, de ne pas penser à l’aide d’un seul concept hérité de la philosophie grecque… Je n’ai pas de solution économique, je ne suis pas une économiste, je suis juste une lettreuse un peu esthète qui tolère très mal que la Grèce soit regardée de haut, soit méprisée par ses enfants qui ont oublié qu’ils l’étaient.

 

Pour finir, je déplore que les réseaux philhellène fonctionnent si mal, à l’heure de Fesse Bouc, de twitter : les mouvements de soutien, les manifestations, les hommages devraient se répandre de la khâgne lyonnaise du Lycée du Parc à l’athénien symbole, à la Sorbonne, de Louis le Grand à Normale, du CNRS aux divers musées… je ne suis rien, je n’ai aucune influence mais j’ai connu dans ma scolarité de grands professeurs, si l’un d’entre eux pouvait lancer un mouvement, même symbolique, même sentimental, pour faire savoir aux Grecs et à la Grèce que nous l’aimons, que nous ne l’oublions pas, que malgré ce que nos gouvernements lui font subir, nous serons toujours ses filles et ses fils.

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 22:29

Voici un article qui va parler de ma pomme, ça faisait longtemps… de ma pomme au sens ou mon article sur l’agapophobie ( http://roter.schnee.over-blog.com/article-agapophobie-47432619.html ) le faisait : certes fondé sur ma vie intérieure aussi palpitante que celle d’une charogne à l’épiderme agité par des orgies d’asticots, mais, qui sait, pouvant peut être prétendre à une certaine généralisation (ne tapons pas dans l’universalité, phôpadhek ). Et puis c’était trop long pour un statut FesseBouc, de toute façon (d’aucuns me feront remarquer qu’il y a des articles, sur FB, mais puis que j’en suis à écrire un article, autant le faire ici…).

            Quand on vit comme moi à 80% dans son cerveau, dont 80% d’imagination et 20% de vaine ratiocination, quand on vit ses rêves éveillés avec une intensité aux répercutions somatiques, on en vient fatalement à la constatation que contrairement à ce que rapporte l’Evangile (vous savez, ce bouquin qui, devant une scène au taux de badasserie plus outrancier que les slips en cuir de Kiss et  Manowar réunis, aka The Almighty Son Of God poutrant la Mort et faisant littéralement exploser la Géhenne dans un combat de TROIS PUTAINS DE JOURS sans interruption, avec magie divine, réussites critiques contre tous les démons réunis etc, bref, ce bouquin qui avec un potentiel épique plus grand que Malekith, Elric et Daenerys montés sur Drogon, Viserion et Rhaegal allant à l’assaut Minas Tirith pendant que se déchaînent Dimmu Borgir et Finntroll en soundtrack, nous gratifie de l’élipse la plus frustrante de la vie, de l’univers et du reste… mais je m’égare) « la chair est ardente mais l’esprit est faible » (mes amis de FB diront que ça sent le réchauffé, et d’autres diront qu’aucun rapport avec ce qui est sous entendu dans l’Evangile, c’est pas la même chair, c’est pas le même esprit, OSEF, je parle bien évidemment de MA chair et de MON esprit, laissons le Paraclet en dehors de tout ça…). Parce que non seulement je suis la créature la plus intellectuellement influençable du monde, parce que ma stupide psyché n’a aucune arme pour lutter contre toutes sortes de tentations intellectuelles et de doctrines séduisantes mais surtout parce qu’il me suffit de PENSER à un truc pour que cette chose devienne automatiquement pour moi réalité. C’est pour ça, ou bien c’est induit par l’assertion première (cf plus haut) que je le pense = je le vis. Ce qui me fait penser à Pontypool, d’ailleurs (spéciale dédicace Steven !).

            Ce qu’il m’arrive donc en ce moment c’est que, dans un ordre que je ne m’explique encore pas très bien, je fais face au même désespoir, à la même situation d’atroce lucidité sur la péremption de mes idéaux, de mon identité même, à la même certitude viscérale d’inanité et de décrépitude qui étaient miennes il y a 4 ans, quand j’étais en prépa et que je dessinais des trucs genre ça http://roter.schnee.over-blog.com/article-25422190.html : (et je le répète, histoire d’enfoncer le clou cf cet article http://roter.schnee.over-blog.com/article-l-univers-preparationnaire-98636496.html : c’était PAS à cause de la prépa en tant que telle !). Et j’ai lu un livre (enfin j’ai survolé, vu le genre de littérature, HUM) qui m’a sembler dresser l’exact portrait de moi à l’époque sous les traits d’une artiste folle cherchant l’absolu et l’exaltation dans le labyrinthe fangeux de son âme possédée par un démon, qui finit par peindre avec des matériaux répugnants (cadavres en décomposition, sang…) en se scarifiant, en hurlant et en ne mangeant plus grand-chose (oui alors moi je me suis gentiment arrêtée au sang, cf http://roter.schnee.over-blog.com/article-19845588.html . Haha, me suis-je donc dit, sans encore avoir identifié ma situation psychique actuelle comme correspondante à celle de l’époque (de la prépa), on dirait moi il y a 4 ans, lol (pensais-je, oui, je suis une kikoo, il m’arrive de penser « lol »), sauf que moi je n’avais pas subit d’influence chaotique (que tu crois : comme si je n’avais pas eu de visions horribles et des pulsions encore plus effrayantes,  mais on refoule vite). Et de reprendre mes activités normales.

Sauf qu’environ 2 h après, je me suis retrouvée dans le plus terrible état qu’il m’ait été donné de connaître : celui de mort / anesthésie / pétrification / dispersion / désintégration du « moi » quand soudainement on n’est plus, on se sent TELLEMENT mal qu’on pourrait tomber dans le comas, physiquement, qu’on pourrait vomir, mais plus aucun des muscles ne fonctionne, le cerveau est en mode « blue screen of death » : on fixe le néant les yeux écarquillés, et il y a un moment où on n’est littéralement plus « en » soi. Quand ça vous arrive seul comme ça m’était arrivé il y a 4 ans, il vaut mieux éviter les chambres avec crochet au plafond et au 7eme étage : il semblerait que le corps, mu par un instinct de cohésion, cherche de lui-même à s’éteindre quand il se rend compte qu’il est vide. Là, j’étais sur mon lieu de petit-boulot, avec tout plein de gens autour, dont ma mère, donc fatalement, le blackout est rompu par quelque source externe. Et c’est là que se manifeste l’urgence du mal, de la douleur, pour revenir à la vie et faire sortir la bête de ses entrailles : deux solutions, soit on fait un mignon petit massacre et on est catalogué « gros barge, camisole chimique, perpétuité » (coucou Kim, Eric, Dylan et tous les autres) soit on se fait du mal à soi même et on est catalogué « emo ». En attendant, la Bête est là, elle hurle, elle se débat dans nos tripes. Et soudain, j’ai eu l’idée, sans renoncer à l’auto mutilation, de transformer ça en performance artistique : quitte à être les deux pieds dans l’horreur, autant y aller franco, comme disait Jose Antonio, du sang, de l’art, des hurlements et du black metal, et c’est parti comme en 40 ! Et c’est là que tout change, sauvée que je suis par l’assertion première : le penser = le vivre, qui déjà m’a sans doute amenée plus ou moins à revivre (parce que je m’en suis souvenue et que je l’ai repensée) mon expérience de prépa, tandis que plus je planifie mon petit happening. Au fur et à mesure que l’apollinien vient transmuer le dionysiaque, la rage de destruction se transforme en créativité, en exaltation, et la troisième voie apparaît enfin : l’art.

            Oui alors là je vous vois venir « tout ça pour ça ? sérieusement ? tu vas arriver à la brillantissime et totalement inédite conclusion que tu peux transformer la mort intérieure, la nuit obscure en putain d’art ? sans dec ? » mais noooon, rha ! prenons le problème à l’envers (owiiii… hum, ta gueule l’Amazone Gauchère !) : l’art peut il venir d’autre chose que de la mort, du carnage (intérieur), de la souffrance, de l’ordure (intérieure, bis) ? je sais qu’il peut en venir, merci, Charlie-Charlot-aimé-des-goths est passé avant moi, mais je veux dire, peut il venir d’autre chose ? Alors oui, on peut peindre/décrire/composer/sculpter des choses légères, lisses, mimi, ou hiératiques tendance loyal bon (cf classicisme), mais l’impulsion première, l’étincelle qui va nous pousser à créer n’est elle pas forcément née d’une souffrance, d’un déséquilibre ? Y a-t-il une seule forme d’exaltation qui n’ait pas sont arrière goût de profond désespoir, un seul sublime qui ne s’exprime dans la déchirure du mode mineur (pas littéralement, bande de gnous, évidemment qu’il y a des œuvres sublimes en majeur >_< je parle du sentiment là) ? Il me semble que la sensibilité même, ce qui fait que nous pouvons à un moment ou un autre, être « ravis » par l’Esprit (le Geist de « Begeisterung ») vient d’un défaut d’armure, d’une « faille » qui laisse entrer la muse, et aucune « faille » ne se fait sans douleur… En somme, la Chute, la Déchirure de la toile est la condition même de l’extrême sensibilité, de la promptitude à l’exaltation des eldars, comme si le Chaos n’était pas la conséquence mais bien la cause même du sublime de cette civilisation, comme si la Chute préexistait, dans un mode latent, « en puissance » à la Civilisation même… NOOOON, retirez ces deux mains et ces trois tentacules de vôtre face, ou relevez vôtre tête du bureau : ça n’est pas ma conclusion, c’était JUSTE une considération en passant…

            Et maintenant la grande question : qui est la « muse » ? quel est cet esprit qui vient nous emporter de l’Horreur à l’Illumination ? est-ce un messager divin, à la Dosto’ ou Charlie-Charlot, qui pourrait nous faire dire que la rédemption (là normalement je mets un R majuscule, mais ça fait trop de majuscules pour un seul texte, on va finir par se croire dans du new age…)  de l’enfer passe par la beauté (vous n’imaginez pas toutes les majuscules auxquelles vous échappez), que donc la beauté sauvera le monde, que la beauté du diable est le triomphe de D.ieu (oui bon là j’étais obligée…) (d’ailleurs je ne sais pas si qqn a vraiment écrit un truc pareil, j’extrapole dans le genre totalement hérétique (<- ceci N’est PAS une référence impériale, merci, pour une fois que je cause de vraie théologie IRL) . Est-ce au contraire la voie obscure qui nous montre que l’art n’est possible qu’en passant par l’enfer (et là ma métaphore du début fait trop calculée… alors que pas du tout, j’écris au fil du clavier !)… Ce à quoi on pourrait répondre qu’il ne s’agit peut être pas de « passage par » au sens « d’acceptation » et de « pacte avec » mais au sens de Résurrection et « poutrage de » (cf au début, donc, et non, c’était pas prévu d’avance (j’aurais pas du le dire, on aurait pu croire que j’étais trop forte >_<, ma modestie me tuera (<- lol ! ) ).
Et si on arrête là tout de suite le délire mystique, on peut se demander de quelle étrange chimie du cerveau naît la pulsion artistique. Est-ce un instinct de survie ? une forme de résilience qui répond avec une force proportionnelle à la souffrance dont elle est issue ? Non parce que depuis que l’Esprit (Geist, la muse, enfin qui vous voulez…) s’est emparé de mon esprit, ça y est, c’est la fête du fundoshi et des braies réunis (coucou Drako !) : et vas-y que mon quotidien entier se trouve transfirguré, mythifié : le même métro qui à l’aller ne m’inspirait que dégoût du monde, de la plèbe, de moi et furieuse tentation de se jeter dessous, se trouve peuplé d’archétypes, de personnes mystérieuses, denses et magnifiques… Ce que je n’avais pas éprouvé depuis la dernière fois que j’ai aimé. D’où une autre question de chimie cérébrale : les zones du cerveau qui s’agitent sous l’effet de la muse sont elles les même que celles qui s’agitent sous l’effet de Vénus (toute entière à sa proie attachée, la salope !) ? la chimie est elle la même ? ça semblerait étayé par le fait que l’on raconte que quand on aime, on a envie d’écrire des poèmes (il parait, personnage ça ne me l’a jamais fait, mais j’ai rarement envie d’écrire des poèmes aussi, beaucoup plus de tuer des armées entières pour la personne que j’aime)… bonjour, Xenashura/Mat/Dagorwen (j’ai tellement de pseudo que je ne m’y retrouve plus) vient de découvrir la réalité de la pulsion Eros, aka création/sexualité/désir, de l’archétype dionysiaque voir panique et de tout ce qui lie exaltation artistique et érotique… youpi, demain on apprend l’alphabet…

Enfin voilà, mes réflexions du soir en vrac… alors OUI, 40k personnes l’ont mieux dit que moi avant moi, d’Aristote à Freud en passant par Nietzsche et Longin et saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila et même Hegel je suis sûre qu’on peut goupiller ça avec la dialectique et le dépassement qq part… m’enfin avouons le, c’était 1000 fois plus intelligent mais 42 fois moins fun, leurs trucs :p

Sur ce je vous ferai remarquer en guise de conclusion que dans un admirrrrable effort stylistique je n’ai pas une seule fois écrit le nom de Slaanesh ! (vous avez désormais toute liberté pour facepalmer et deskfacer).

 

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 15:08

Est-ce l’approche de cette lobotomie universelle qu’est la Saint Valentin et l’aigreur qu’elle suscite chez certains célibataires trop récents, trop chroniques ou trop sensibles ? Une proportion alarmante de mes contacts mâles sur Fesse Bouc s’est mise depuis quelques jours ou semaines à bêler leur souffrance de « nice guys » rejetés et de « friendzoners »… Le tout avec les rengaines usuelles « les filles préfèrent les salauds » « j’en ai marre d’être gentil, je vais devenir un connard vu que c’est ce que les filles aiment » « j’en ai marre de ces filles qui ne me voient que comme un ami ou un frère ». C’est là que je sors ma hache anti-phallocrate et ma claymore misogynocide : ne devenez pas des connards, les mecs, vous êtes déjà gagnants dans la course au titre !

            J’ai conscience, ô mes sœurs féministes, d’enfoncer de grandes portes ouvertes à coups de bélier, mais d’après ce que je lis, c’est encore nécessaire ici et là et je peine à trouver un article francophone résumant la chose. Pour les anglophones, nous avons :
http://9gag.com/gag/951103?ref=fb-share
et une jeune fille qui résume assez bien d’autres articles féministes plus chiants :
http://thechargingsky.tumblr.com/post/16458168134

            Qu’est-ce que le « nice guy » ? C’est un garçon en général plutôt du type propre sur lui, gentil, commun, un peu terne qui se comporte selon sa bonne éducation et sa juste éthique, offre à ses amies une oreille attentive… en espérant souvent secrètement bien plus de leur part, mais sans oser le dire parce qu’il est un peu timide, et le voilà « friendzoner » : enfermé dans cette catégorie redoutable dont les légendes racontent que nul n’est jamais sorti, celle des « amis asexués ». Bon, là, ça reste relativement innocent, on se dit que le mec est un peu ballot, qu’il aurait du se sortir les doigts en osant signaler son désir/son amour à la fille, mais tant pis, il aura d’autres occasions, il a gagné une amie, c’est très bien et plus solide. Le problème est que ça ne s’arrête pas là, ça n’est même que le présupposé de départ, ça : nôtre tiède prétendant s’emplit d’aigreur à mesure qu’il collectionne ces expériences, que ses « amies » viennent lui confier leurs problèmes de couples, et se met à tenir des propos insultants envers les filles en général, et les autres mecs : toutes des salopes (sauf sa mère), tous des connards (sauf lui, mais il devrait en devenir un, hein, et elles verraient ce qu’elles verraient !).

            Et ça veut dire quoi, ça, mon petit chou ? Que dans la catégorie « connard », tu n’as, pour une fois, pas besoin d’efforts : tu te places déjà en tête ! Les filles sont méchantes, de te considérer seulement comme « un ami » de dire « ahlala, si j’avais un petit copain aussi bien/sympa que toi » ? mais c’est de la pure politesse, c’est parce qu’elles se retiennent de considérer tes cheveux gras ou ta coupe qui ne ressemble à rien, ton look d’ado qui a grandi trop vite, te petite bedaine de mec qui ne fait jamais aucun effort physique, tes boutons qui traduisent une incurie totale pour ton épiderme et ton hygiène de vie en général, bref, de te toiser avec un regard condescendant et soupirer « sortir avec toi ? bitch, PLEASE ! ». Tu aimes qqn, et le fait que cette personne t’estime suffisamment pour t’accorder son amitié ne te suffit pas ? wait, tu ne confonds pas « amour » avec quelque chose comme « convoitise » ou « pulsion sexuelle » ? As-tu au moins essayé de te rendre digne d’elle, de te mettre à sa hauteur ? « mais moi je suis un mec bien » mais tu n’es QUE ça, « un mec bien », tu n’es ni intéressant, ni cool, ni beau, ni drôle, ni entreprenant, ni audacieux, tu es « un mec bien », un mec bien qui ne fait aucun effort pour la séduire, à part se venter et étaler ta prétendue intelligence ou culture avec une constance qui devrait te faire louer le ciel que ça ne soit pas MOI qui me trouve en face de toi, avec ma hache et mon épée, à ce moment là. Imagine un instant que la fille se laisse aller autant que toi, qu’elle ne s’épile nulle part, qu’elle ne prenne pas soin de sa peau, qu’elle ne bouffe que des pizza… mais tu fuirais en courant mec ! Que crois-tu, que les filles naissent avec une peau de poisson, totalement lisse ? qu’elles ont naturellement des sourcils bien dessinés ? que leurs cheveux prennent magiquement des formes travaillées ? eh bien non, une femme au « naturel », comme souvent tu prétends les aimer, c’est poilu, ça a le sourcil broussailleux, ça a plein de boutons quand ça ne fait pas gaffe à ce que ça mange… c’est comme toi ! Mais regarde la fille que tu aimes, ou que tu as aimé, est-ce qu’elle a des jambes de troll de forêts de Troy, est-ce qu’elle a les sourcils de Brejnev ? non, elle FAIT DES EFFORTS, et toi, en face, tu fais quoi ? QUE DALLE !

            Alors mon chou, tu vas être mignon, tu vas essayer de la mériter un peu, la fille à laquelle tu penses, tu vas te mettre au sport, jeter ces immondes baskets ou ces pantalons en velours côtelé, tu vas entretenir ta peau… Non, il ne s’agit pas de tout consacrer à l’apparence, mais d’être au niveau de la personne que tu as en face de toi, et si tu l’aimes, rien n’est trop beau pour elle, et si tu penses être beau à l’intérieur, pourquoi ne pas le refléter sur la « couverture » ?

            Mais attention, je t’arrête tout de suite, tu vas faire ça, et tu vas le faire POUR ELLE, mon petit ex « friendzoner », pas pour COUCHER AVEC ELLE, et peut être que malgré tout cela, elle ne voudra toujours pas de toi comme petit ami… eh bien soit ! Les filles ne sont pas des automates : tu te fais beau, tu es sympa, tu lui fais des cadeaux, et POUF, ça écarte les jambes… si tu penses ça, laisse moi te dire que tu es une des pire merdes qui souille la surface de la terre. Si tes efforts sont intéressés et si tu attends un paiement en nature des heures que tu as passées à ses côtés, écoutant ses histoires dont tu te fiches éperdument, en fait, tu ne mérites même pas qu’elle te dise gentiment « écoute, je t’aime bien, mais seulement comme un ami », tu mérites qu’elle crache à la figure du misogyne calculateur et intéressé que tu es. Idem pour les garçons qui prétendent ne pas « comprendre les femmes » : les femmes ne sont pas des machines que l’on peut «  comprendre », pas plus que « les hommes », d’ailleurs il n’y a pas « les femmes » et « les hommes », il y a des êtres humains comme autant de mystères à découvrir sans jamais avoir la prétention de les « cerner ».
            Et non, ça ne fera pas de toi un connard de dire « écoute, ta partie de W40k Eldars Noirs vs Tyranides avec Agnès et Chantale, ça m’a l’air passionnant mais ça n’est pas vraiment mon truc les wargames », ça fera de toi un garçon franc, qui aime la fille pour elle-même et pas « qui est sympa dans l’espoir de coucher avec », pas plus que elle ne sera une salope qui se fout de ta vie si elle te dit « oui, je suis sûre que la dernière collection de Lagerfeld était géniale, mais tu vois, la mode, ça n’est pas vraiment mon univers ».

            Donc voilà, les mecs, arrêtez de vous plaindre tout le temps, ne vous proclamez surtout pas « nice guys » ou « frienzoners» c’est l’équivalent de vous coller un post-it « douchebag » sur le front. Vous évoquez souvent la chevalerie, les uns et les autres (oui, mes amis me ressemblent : ce sont des nerds) eh bien soyez chevaleresques, un peu : endurez mille souffrances (comme le sport, le régime…) pour la dame de vos pensées, sans jamais penser au bénéfice, pour la seule gloire d’être digne d’elle, que l’honnêteté guide vos actes et non le projet de « se la taper » et qu’en fin, le seul fait qu’elle daigne vous sourire soit pour vous comme le couronnement de vos exploits ! Allez, fiers paladins, et que jouvencelles soupirent pour vous !

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 11:09

 Comme je trouvais que j’étais tombée par hasard sur une conclu’ pas trop dégueu et que l’article était assez long comme ça, voici la suite en quelques liens et conseils.

Tout d’abord, si vous lisez un peu l’anglais, la question VO ou VF ? Oui, cette question se pose : parfois pour de la fantasy comme Les Royaumes Oubliés ou de la SF à la Warhammer40k ou les bouquins dérivés de Star Wars, même si j’aime bien, je ne vous dirai pas de foncer sur la VO si vous les avez sous la main en VF ou si c’est moins cher. A l’autre extrême, si vous lisez du Shakespeare, Byron, Keats c’est mieux d’avoir un gros niveau d’anglais et il y a de très belles traducs, ne vous précipitez pas. Pour ASOIAF c’est différent, j’ai jeté un coup d’œil à la traduction et c’est très inégal : il y a un véritable travail sur les noms, parfois à l’aide d’étymologies régionales, comme Peyredragon pour Dragonstone ou Freuxsanglant pour Bloodraven, mais il y a aussi des horreurs et la traduction des dialogues, des plaisanteries, des trivialités et grivoiseries est lamentable : visiblement le traducteur ou la traductrice est qqn de cultivé, sensible, travailleur, mais alors pour l’humour et le langage de corps de garde, pour la facilité à jongler d’un niveau de langue à l’autre… aaaargh ! Donc si vous le pouvez, lisez le en VO, même si vôtre anglais n’est pas courant : c’est typiquement le genre de roman qui vous donnera envie d’avancer, de ne pas lâcher, de regarder dans le dictionnaire et qui vous fera progresser.

Quelques liens utiles :
le wiki anglophone : http://awoiaf.westeros.org/index.php/Main_Page
le wiki francophone (avec les VO des noms, pour vous y retrouver) : http://www.lagardedenuit.com/wiki/index.php?title=Accueil
(les deux sont complémentaires : certains articles sont plus étoffés sur l’un ou l’autre, certaines théories plus développées sur l’un ou l’autre… regardez toujours les deux si vous êtes un peu perdu)
le site de Grrrrr : http://georgerrmartin.com/
(cet homme est trop chou ! il a dédicacé son tome 5 à ses fans \o/ (avec des noms et des pseudos et tout !)
le forum anglophone : http://brotherhoodwithoutbanners.com/
http://asoiaf.westeros.org/
le forum francophone :
http://www.lagardedenuit.com/

et maintenant, parlons de la série…

C’est en gros une série sympathique, forcément, vu que le scénar est à tomber ! La plupart des acteurs jouent extrêmement bien, les décors et costumes sont très très bien faits, je ne peux que vous la conseiller, globalement. MAIS
_ ils ont vieilli tous les personnages
_ils ne respectent pas du tout les descriptions physiques des personnages (Ned devrait être brun, pas châtain clair, il a les cheveux LONGS, Jaime aussi, à les cheveux longs et bouclés, genre glamrock ou metal des années 80 ^^, alors que dans la série ils en ont fait le prince de Shrek… Arya est censée avoir un visage long et des cheveux bruns aussi… Daenerys doit être mince et frêle comme une héroïne de shôjo alors que l’actrice (excellente ceci dit) a un cul de percheron et des seins qui commencent à tomber car trop gros (par rapport au personnage), Joffrey devrait avoir les cheveux suffisamment longs pour être attachés, les Dothrakis n’ont aucune cohérence ethnique et sont fringués comme des sacs (au sens propre)…
mais tout ce petit monde joue très bien, ça compense…
_ ils ont massacré certaines scènes, comme celle d’ouverture, d’une grande poésie dans le livre, qui se passe LA NUIT !!! et massacré les Others, par la même occasion, en faisant les cousins givrés d’Eddy d’Iron Maiden alors que ce sont des créatures cruelles et mystérieuses mais belles et civilisées (à mon sens une sorte de mélange entre des vampires et des élémentaires de glace)

_ les scènes de cul sont horriblement mais alors HORRIBLEMENT mal filmée : une scène très sensuelle et taboue, où tout passe par les caresses et où les protagonistes sont nus devient une prise en levrette brutale et laide, idem pour une autre, douce et émouvante, qui devient un viol relativement ignoble d’une toute jeune fille par un gros barbare (ce qui n’est pas DU TOUT comme ça dans le bouquin >_<), il y a des scènes ou des allusions qui ne sont pas montrées, d’autres qui sont inventées avec plus où moins de goût (la pute de Theon : ça sert à rien… les lesbiennes de Littlefinger, ça sert à rien… Viserys et l’ex-prostitué femme de chambre de Daenerys dont j’ai oublié le nom… là oui, yeah ! c’est bien foutu pour une fois…) alors que bon, s’ils voulaient du trash, du viol qui tâche, ils pouvaient faire un flash back sur Tysha et on aurait été servis… Donc à part les fangirls de Viserys, ne regardez pas la série pour les scènes de cul…

de très bon articles sur les épisodes de la série se trouvent ici :
http://mirabilique.lluciole.fr/
(ne cliquez pas sur la catégorie « game of thrones » ça ne marche pas, faites une recherche avec le moteur interne)

et enfin ce que je ne VEUX PLUS ENTENDRE sur la série/le livre/le jeu vidéo qui va peut être sortir :
_ il y a trop de sexe et de violence : c’est PIRE dans le livre, c’est PIRE dans la vie, so shut the fuck up !
_ c’est pas histo… non mais NOOOON, c’est an-historique, ok c’est grosso modo med, y’a des éléments XIeme, y’a des éléments XVeme voire XVIeme, dans le livre, et y’a tout ce qu’il y a au milieu, on y parle de corsets et de serres pour la culture hors sol (dans le tome 5), ça n’est pas NOTRE monde, même si c’est inspiré de, ça n’est pas nôtre chronologie, donc arrêtez de dire de la merde et de râler contre les costumiers (par contre vous pouvez dire que la robe d’Arya à Winterfell est une abomination et que les chemisiers des dames et damoiselles Stark sont une plaie pour les yeux, oui, mais pas que c’est « pas histo ») et les développeurs de jeux, merci !

pour info, la saison 2 sort en avril, après Black March donc,  ouuuuf ^^ 

 

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