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27 août 2007 1 27 /08 /août /2007 23:17

Amis du soir (et de la pleine lune, aouououh !) bonsoir, bonne chasse, bonne baston ou bonne baise, c’est selon…

J’ai un peu déserté ces temps ci pour cause de transformation de l’étage de ma maison en annexe de Cayssiole (l’asile de lunatiques, tiens, on y revient, du nord Aveyron) avec trois folles hurlantes et tapant du pied, puis rencontres d’Aubrac (il y aura un article là-dessus, et ci-dessus d’ailleurs).

 

Mais avant d’accueillir les hordes magnoludoviciennes (ben oui, une horde, ils étaient deux, enfin, avec un chien, ça fait trois, plus deux sanglier, cinq…) j’ai découvert un film ultra culte que tout le monde me conseillait mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir : A CLOCKWORK ORANGE, parce que c’est tellement plus style de parler Anglais (en Allemand pour les goths…), bon, vous auriez deviné le titre français de ce petit bijou aux merveilleux engrenages : Orange Mécanique !

 

Tout d’abord, brisons les mythes : Non, ça n’est pas violent, du moins visuellement parlant, on a vu pire (ou mieux…) depuis : aucun meurtre, pas d’armes à feu, toutes les bastons sont très esthétiques (surtout celle dans le vieux casino au début). La violence serait morale… voir… Il y a bien sûr l’évidente question du libre arbitre, que toute critique soulève comme une devotchka effarouchée (la question, pas le critique, enfin je compte sur vos esprits tordus pour avoir saisi), avec l’aumônier comme porte parole.

 

Je résume le synopsis au cas ou vous ne l’auriez pas vu : Alex, un jeune homme (17 ans dans le film, 14 dans le livre) s’amuse avec ses droogies à fiche un bordel noir (c'est-à-dire une partouse anarchique) en violant et frappant (comme Thorfin le Pourfendeur…) cloches et intellos chtarbés (à noter, ils sont tous complètement secoués dans ce film, pas un de net, ce qui atténue un peu la dite « violence » : aucun n’est entièrement pur et innocent). Un jour il se fait choper et se porte volontaire pour un traitement de choc (mais aucun rapport avec Brad-Asshole et Janet Vice) qui lui permettra de sortir plus vite ce prison. Le traitement repose sur une utilisation des réflexes pavloviens pour associer une impression d’angoisse mortelle et de nausée avec le sexe et la violence (plus la neuvième de Beethoven mais ça c’est le bug de la Matrice…), du coup, ils en font un automate (une « orange mécanique », argot cockney qui pourrait se traduire par « mec chelou »…si seulement St Denis c’était la banlieue de Londres…) non pas bon mais incapable de mal, ce qui n’est pas la même chose puisque la bonté repose sur le choix, tout comme l’humanité, bref, déshumanisation d’Alex, mais ne vous inquiétez pas pour lui, ça s’arrange !

 

J’y vois pour ma part, en outre, quelque chose de Kierkegaardien à propos des stades esthétique et moral (enfin, je ne connais de Kierkegaard que ce que mon prof de philo à bien voulu m’en dire dans sa grande entreprise de désinformation soviéto-maçonique en alliance avec le FBI et les yakuza) : je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit de choquant, malsain etc… dans la conduite d’Alex et ses camardes, ils n’ont pas de morale, sont dépourvus des notions de Bien et de Mal et vivent dans un univers purement esthétique (pour ma la jouer moraliste moderne je pourrais dire que c’est encore vrai pour beaucoup de « délinquants » de nos jours, question d’éducation, blablabla…), le roman de l’écrivain catholique Burgess illustre dans son dernier chapitre le passage du stade esthétique au stade éthique.

Donc s’il faut juger ce film, c’est à mon avis plus sur l’esthétique que sur la morale, et là, c’est putainnement karacho ! Le Korova milk bar est complètement psychédélique, étrange, tripant, fascinant, puis la scène d’affrontement des bandes, grandiose et génialement chorégraphiée, l’appartement délirant et pop de l’auteur subversif et de sa femme qui bouquine dans un genre de niche barbarellienne vêtue d’une combinaison rouge à même la peau, les sublimes visions d’Alex en écoutant la neuvième de Beethoven, le serpent et le vagin etc... chaque image (ou presque) est une splendeur, un style grandiose. La musique est la trame même du film, elle provoque les visions et les délires, tantôt apaise tantôt provoque, la caractérisation du pouvoir de la musique, la définition qu’en donne Kubrick est la plus juste que jamais je n’aie trouvée dans aucune prose ni poésie. Et puis la joie qui imprègne ce film, qui empêche le sordide, le mesquin, le calculé, c’est ce que j’avais ressenti en lisant La Chanson de Roland, ce que mon prof de Français appelle « l’esthétique du génocide joyeux ». Les coups portés sont dansants, la violence a un visage d’enfant espiègle.

 

A ce propos venons-en au personnage principal, que je voudrais défendre ici en deux mots, plus ressentis que logiquement fondés. C’est un gros morceau (la défense hein, bande de petites perverses !) donc allons-y franco (à défaut d’y aller mussolini, que les Italiens me pardonnent) : il me fait penser à Peter Pan (boum, c’est sorti, c’est con mais je m’en vas expliquer). La cruauté de l’enfant, sa joie (chanter « Singing in the rain » en dévastant une maison et violant la maîtresse…), son espièglerie bravache, une sorte de revendication anarchiste dans l’ordre gris des adultes, les blagues potaches dignes d’un taupin… cela me semble rapprocher les deux personnages tout aussi amoraux l’un et l’autre. Je vois dans ce film un pied de nez de la jeunesse indomptée à l’Ordre totalitaire, uniformisant, normatif. Un éclair (cruel et sanglant certes) de joie dans un monde morne, une fulgurance (hehe…) de jouissance au pays des soviétiques frigides. Une des plus belle scène étant le passage à tabac d’Alex par les flics lors de son interrogatoire : un flic vindicatif, les traits durs, viril, force Alex à s’abaisser en appuyant sur une plaie vive qu’il porte au visage, humiliation donc. Dans la pièce fermée, trois flics dont le bourreau, la situation est sans espoir et pourtant dans un geste vain et sublime, Alex empoigne les testicules du flic, lui infligeant une douloureuse TCH (Torsion de Couilles à la Hussarde) : c’est gratuit, stupide diront certains, ça ne fait qu’empirer les choses, mais c’est beau, c’est la jeunesse éternellement contestataire, la révolte, le refus de se résigner, l’acte gratuit… Il y a bien d’autres scènes de ce genre, citons entre autres, dans les secondes qui suivent, un regard plein de mépris et de fierté pour le porc pervers qui vient de lui cracher au visage, et, à la fin, le foutage de gueule absolument jouissif consistant à se faire nourrir par le ministre de l’Intérieur en lui mastiquent aux oreilles et surtout en se fichant totalement de son agitprop ! Dernière comparaison, celle du dandy, Alex me semble une sorte d’Oscar Wilde de l’ultra violence, professant l’Art pour l’Art, la jouissance du moment, l’élégance amorale. Et enfin l’humour que Kubrick à donné à son film et son héros, avec la scène de triolisme frénétique sur fond de Guillaume Tell de Rossini et bien d’autres tout aussi poilantes.

 

Voilou, fin de ce long, fastidieux et polémique article. Si vous n’êtes pas d’accord, le débat est ouvert. En attendant (re)regardez Orange Mécanique, et surtout, amusez-vous bien...

 

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14 août 2007 2 14 /08 /août /2007 11:46

Une grande question que personne ne se pose : QUI vit à Christiania ? La meilleure façon n’y répondre n’est pas de se promener dans les rues, car sinon vous allez trouver quelque part sur la toile « la Christianite aime à se promener en docMartens et short, elle porte usuellement un énorme sac à dos et flâne comme si elle n’avait rien d’autre à faire », ou « les Christianites se promènent par groupe de 20, ils ont les yeux bridés et prennent tout le temps des photos de leurs maisons tellement ils les aiment ». La meilleure façon est encore d’observer les maison et de regarder (discrètement s’il vous plaît, on est pas au zoo non plus) derrière les fenêtres : dis-moi où tu vis, je te dirais qui tu es (ou qui tuer).

 

En exergue, les mots d’un Christianite m’expliquant que les arc en ciel un peu partout ne désignent pas l’orientation sexuelle des habitants (sinon le nombre élevé d’enfants serait peu explicable si ce n’est par une adoption massive) mais sont l’un des symboles de Christiania : on peut trouver toutes sortes de personnes à Christiania, il est impossible de généraliser en un courant de pensée, une idéologie, il y a autant de systèmes, autant de morales que d’habitant et on essaie de faire que toutes ces couleurs se mêlent harmonieusement tout en conservant leur propre teinte, à Christiania, on peut trouver du plus vicieux des crapauds pervers polymorphes, à la plus pure, serviable et dévouée des blanches colombes, en passant par tous genres de zèbres, koalas, grenouilles, mulots, renards et même tanuki ( !)… (je fleuris un chouïa la citation et vous épargne les « fucking » « bloody » et autres « shits » que je laisse se lost in translation).

Je n’ai hélas pas pris en photo les demeures les plus significatives parce que j’attendais toujours qu’il n’y ait personne pour en prendre une (se promener appareil photo autour du coup n’est pas la meilleure façon de s’intégrer dans une atmosphère, de se faire adopter), mais vous avez déjà vu cette drôle de bicoque en forme de soucoupe volante (j’adore ce mot, imaginez un service à thé volant, avec tasses, théière, ce serait un croiseur interstellaire, pot à lait… enfin, revenons à nos bergeries). Certaines maisons sont des anciens bâtiments militaires réinventés, d’autres sont sorties du sol comme des champis (hallucinogènes, bien sûr). Un des moments important, en fait LE moment important de l’intégration (Intégrasssssssssssion !) du nouveau Christianite, est la construction de sa maison, après en avoir discuté au conseil de quartier : il peut se faire aider (d’ailleurs on s’y met souvent à plusieurs, ça soude le voisinage) mais il doit bâtir sa maison de ses mains. C’est paraît-il, une excellente thérapie pour se réancrer à la réalité, se réinsérer, larguer certaines dépendances en travaillant pour son propre compte, je suis tout à fait portée à la croire : il n’y a rien de plus sain que fonder une maison, symboliquement, psychiquement ça doit être très fort et faire beaucoup de bien. Il y a des petites cases qui font très trappeur et sentent leur célibataire endurci, d’autres cradotes et joyeusement colorées qui affichent la fidélité au Summer of Love de 67 (oui, je regarde les soirées thema sur Arte tous le mardis soirs, si vous ne le faites pas, c’est dommage, c’est très instructif), des cabanes dans les arbres, des trouvailles architecturales, des maisons d’artistes prolixes dont les œuvres débordent dans le jardin (jardins qui sont parfois sauvages, parfois terrain vaguesques, parfois nets et soignés, parfois conçus pour les enfants avec toutes les touvailles dont les scandinaves sont capables en cette matière), des maisons proprettes très petit bourge de province, avec géraniums (sorry pour tous ceux qui ont des géraniums) petites statues de chien-lion devant la porte, roquets qui crient derrière la grille à chaque fois que l’on passe, des maisons très Ikea, impeccables, dizaïnées, toute l’atmosphère nordique « cosy » avec des tas de trucs pour que les enfants s’amusent, la palme pour un véritable petit château, pas très grand mais avec plein de coins et recoins, tourelles, le tout en colombages avec toits rouges et bulbes scintillants : il y avait un côté Rothenburg-ob-den-Tauber en plus fantaisiste et inventif, le jardin est magnifique, éclatant de couleurs et très bien tenu.

 

Pour ce qui est de la faune, outre tout ce que vous pouvez associer aux maisons précédemment décrites, imaginez se côtoyer des punks à chiens (et des punks anar’), une importante communauté inuit (ancienne colonie) plus ou moins loqueteuse (humainement plus que vestimentairement), des rastafumeurs, des hippies en veux-tu en voilà et la grande majorité qui n’affiche rien par son allure extérieure.

 

En conclusion : Christiania, comme l’anarchie, est assez peu résumable, à part pour dire que, comme à la Samar’, on y trouve de tout. Le seul point global peut-être est que beaucoup de personnes y sont accueillantes, sans préjugés, que le temps y passe plus lentement qu’ailleurs, qu’en demandant un renseignement à des jeunes (un peu plus vieux que moi) qui jouent à la balle, on a de grandes chances de n’avoir aucune réponse à part la balle dans les mains, et qu’on est parti pour une heures, qu 'en félicitant quelqu’un pour ses goûts musicaux affichés sur un t-shirt, on s’entend dire « well, just come and seat, have a joint » (aaaa, hum, I have to meet friends right now in the town, sorry, see you !). 
P1012775.JPGEn fait Christiania ressemble à la première impression que j'ai eu de LLG (qui s'est confirmé par le suite): le premier élève que j'ai vu était un punk, et pour on y accepte la différence, même si elle choque nos propres idéaux.

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12 août 2007 7 12 /08 /août /2007 20:42

Si vous avez bien suivi, vous savez que Christiania n’a que quatre lois (d’aucuns critiquerons le manque évident d’esthétique et de sublime de ce nombre petit-bourgeois, mais passons outre). Le type d’organisation qui suit n’est donc en aucun cas obligatoire, on peut vivre comme on veut à Christiania, mais avant d’évoquer les multiples possibilités, voyons comment la majorité (qui n’a en aucun cas un pouvoir de coercition sur les autres) se gouverne :

 

L’économie tout d’abord (comme ça on en sera débarrassé) : les Christianites ont une monnaie propre (du moins un peu plus que dans les Grandes Babylonnes capitalistes), la plupart des échanges se font avec, mais ils acceptent aussi très bien les couronnes, et puis le troc peut sûrement marcher aussi dans les petites structures, je n’ai pas essayé mais s’il y a un endroit où l’on peut s’arranger d’x, y et même z manières, c’est bien Christiania. Donc, a priori mauvais point (d’après moi) parce que l’argent circule, et l’argent c’est le Mal (en plus c’est vrai : la seule fois où le nombre 666 apparaît dans la Bible à part l’apocalypse, c’est pour désigner les revenus annuels de Salomon (encore lui) après que sa Sagesse lui ait été révélée par la reine de Saba (encore elle) et donc qu’il l’ait perdue pour s’occuper des bien du monde : le fric et les gonzesses, qu’il soit donc devenu le Prince de ce Monde, qu’il ait placé son royaume ici bas sans tendre au sublime, et donc anté-christique… bon, ceci n’engage que moi, petite élucubration ésotérico-biblique en passant, mais promis, je ne recommencerait pas, enfin, moralité, l’Argent = Satan, compris ? ) mais en fait, comme on fait comme on veut, ça s’annule plus où moins.

Reste que s’il y a pas mal de commerces à Christiania, beaucoup bossent en ville, normalement (ce qui a aussi le bon côté d’empêcher d’être complètement marginal, de faire de la pub à l’extérieur, de garder contact avec le monde tel qu’il (hélas ou pas) est.

 A Christiania, comme ailleurs, il y a des riches et des pauvres, des petites et des grandes maisons, des propres et des sales, mais chacun a ce dont il a besoin, ceux qui ont des petites maisons n’envient pas ce qui en ont de grandes parce qu’ils ont choisi les petites en fonction de leurs besoins, et puis à Christiania plus qu’ailleurs, « pauvre » et « riche » n’ont pas beaucoup de sens dans l’absolu puisque le référentiel n’est pas l’argent et la position sociale, mais diffère pour chacun, en fait, il n’y a pas de référent du tout : peut-on dire qu’un hippie est « pauvre » il est sûrement spirituellement bien plus riche que maint bourgeois, peut-on dire qu’un vagabond est « pauvre » quand il a choisi ce mode de vie ? pauvre de quoi d’abord, si ses valeurs ne sont pas le vôtres ?

 On pourrait croire ainsi que Christiania est le règne du relativisme et de l’individualisme, mais non puisque l’on s’y respecte, s’y aide, s’y fréquente et côtoie quels que soient les valeurs de chacun, (si on veut !) en fait c’est plutôt le règne de la morale, au sens kantien du terme.

Il y a un petit impôt tout de même qui revient à la collectivité pour entretenir les biens communs : personnes chargées des RP, centre de soins, établissement de bains douches etc…

(je ne me suis pas renseignée si on était vraiment obligé de le payer)

 

La politique : l’organisation m’a semblée assez rousseauiste d’inspiration, un peu à la « Montagnons » d’abord, comme je l’ai décrit dans des termes fort élégants précédemment : on est maître absolu chez soi, puis toute la vie politique se joue au niveau du quartier, comme Christiania, en tant que base militaire, était fortifiée à la Vauban, il est assez évidant de considérer chaque branche d’étoile comme un quartier : ils sont répartis de part et d’autre d’un lac et ont souvent été nommés par les premiers occupants « le caramel bleu » « le Cairn » « le pissenlit » « la Voie Lactée » (les maisons s’y nomment « Le bateau des étoiles » « L’étoile du Nord » « Le chariot » etc.). Tout passe par des assemblées générales où l’on cherche un consensus, on discute beaucoup et ON ARRIVE A UN RESULTAT ! ainsi s’organise une mini-démocratie directe de proximité, qui fixe ses intérêts à défendre au grand conseil global mais décide de tout de façon autonome sur son territoire.

 Puis viennent les grandes assemblées, où tout Christriania est réunit (900 personnes environ, mais bien sûr, comme au niveau du quartier, vient qui veut) pas très souvent, un truc comme deux fois l’an, parce que là c’est le chaos total, vu que tout le monde à droit à la parole, questions, réponses, débats, du marmot au croulant, du nouveau venu au vétéran, et puis imaginez l’horreur pour arriver à quelque chose que l’on puisse prendre à 100m pour un consensus, il faut vraiment avoir le bien commun ancré aux tripes ! On parle pendant des heures et on obtient pas grand-chose. J’imagine que cela doit ressembler à l’assemblée de l’ecclésia athénienne : on part, on revient (ou pas).

Enfin, je répète ce qu’une personne (sur 900, c’est assez peu) m’a dit en y ajoutant un peu de mon cru, et puis zut, de toute façon il n’y a pas de version officielle, alors la mienne en vaut bien une autre ! J’ai beaucoup parlé avec deux personnes en particulier, toutes deux engagées dans la vie publique te associative de Christiania et cependant on peut tout aussi bien trouver des personnes qui n’en ont rien à battre, qui mènent leur barque en solitaire en se préoccupant de la chose publique et de la communauté neuf fois moins que de la recette des sangliers à la crème (on fait comme pour les fraises à la crème sauf qu’à la place des fraises on prend un sanglier).

 

Les relations avec l’Etat et la ville de Copenhague : il y a un côté sympathiquement puéril dans les relations entre Christiania et les autorités officielles, elles sont fondées sur des compromis que les Christianites mettent un point d’honneur à ne jamais respecter au final, du moins à contourner, la manière de narguer l’Etat, de le ridiculiser souvent, alors que celui-ci impose toujours plus sa volonté est assez gavrochienne, mais au final, même si l’ « enfant » espiègle, impertinent, provocateur attire la sympathie et si ses farces laissent augurer de sa bonne santé, c’est bien la volonté du « père » qui gagne toujours plus de terrain : on pose une contrainte scellée par un compromis, celui-ci n’est pas tenu mais on en pose une plus grande qui fait passer la première et ainsi de suite. C’est pourquoi même si tout semble aller pour le mieux dans la communauté, on commence à s’habituer à la présence permanente de « politi » (ou « idioti » comment affichent les Christianites sur leurs t-shirts pour se moquer des poulets) ce qui, il y a quelques années, eut été impensable. Un Christianite me disait « ils ne peuvent pas détruire ou fermer Christiania ou ce serait la révolution dans tout le pays, et le drapeau danois serait brûlé dans tous les coins du monde où il y a des hommes libres », eh bien je ne pense pas que les officiels soient assez stupides pour risquer un coup de force car la normalisation par l’usure et par l’habitude du contrôle permanent est beaucoup plus efficace. De plus, je pense, malgré ceux qui disent que l’Etat nie le fait que de nombruex visiteurs étrangers ne viennent que pour Christiania, qu’au contraire il s’en rend pleinement compte et qu’une Christiania réduite à l’état d’attraction touristique du style « réserve de marginaux » ou « seventies revival », économiquement soumise et politiquement normalisée serait tout ce qu’il y a de plus bénéfique pour récolter des gros sous.

 

Moralité : keep fighting !

                         et

                 still not loving the police !P1012778.JPG

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10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 12:06

Pour ceux qui pensent qu’ils n’ont qu’à ouvrir la bouche sous le figuier pour que la figue tombe (il s’en passe des choses sous les figuiers !) et n’ont pas été voir les précédents sites, ils ont raison du reste, d’attendre que la manne tombe, « regardez les lys des champs et les oiseaux etc… » disait l’Autre Anarcho-hippie , les uns étant mieux vêtis que Salomon (qui, c’est notoire, n’a jamais eu aucun style, dixit la reine de Saba) les autres ayant banquet à volonté pour pas une chiure d’eux-mêmes, m’enfin je m’égare…

Pour les petits malins qui savaient que j’allais faire le boulot proprement et ne se sont pas emmerdé à se faire chier comme dirait fort laxativement Camille :

 

Christiania est une (très) ancienne base militaire, avec fortifications à la Vauban et tout le toutim, pas du travail de…, euh, humhum, non rien, bref, à l’abandon, elle fut récupérée en 1971 par des hippies, anar et squatters de tous poils (et même plumes parfois).

 

Au début les conditions de vie étaient précaires, d’où certains noms tordus, du style « école de fakirs » parce qu’au début on se les pelait sec et il fallait donc faire abnégation des conditions accidentelles et météorologiques pour atteindre l’ataraxie du Sage, toutça… Cependant, c’est bien connu, les hippies n’ont pas besoin de wc intégrés, écrans géants et fauteuil-œufs pour créer de magnifiques jardins.

 

Au début, il n’y avait VRAIMENT pas de règles DU TOUT, et les drogues dures délabraient les forces révolutionnaires au grand dam des activistes, en plus, il y avait des problèmes avec la ville de Copenhague et (mais là j’imagine) ça devait commencer à ressembler sérieusement à La nuit des morts vivants, du coup, décision radicale (mais pas socialiste) de virer manu militari, façon war et pas love, les dealers. Pour ce, les braves Christianites reçurent l’aide d’un groupe de motards, les « bullshits » au nom fleurant plus le potman que la flower, mais, comme les routiers, les motards furent sympa et firent le ménage, seulement, comme les ricains après 45, ils se sont implantés jusqu’à devenir un groupe majoritaire et puissant dans la communauté. Jusque là tout va bien, ils ne faisaient chier personne, si j’ose dire, mais voilà que de l’horizon orageux enténébré surgirent au milieu des pétarades et des étincelles (le premier qui dit « Memnoch et Lestat » se prend un couple de crocs dans la jugulaire, eh zut, je dévie encore) surgirent donc les « Hell’s Angels » (ceux qui ont le cou lacéré sont priés de pas faire valoir une pseudo bonne réponse) et là ce fut le bordel monstrueux, fusillades en pleine rue, guerre de gangs, assassinats à la pelle, comme dirait le croque mort, la VRAIE anarchie quoi (qui selon moi doit nécessairement déboucher sur un système clanique ou féodale, mais je re-m’égare).

 

 Lorsque, je ne sais pas trop comment, encore un coup de ze Holly Ghost (comment ça, on ne traduit pas ainsi), Bullshits et Hell’s Angels furent renvoyés dos à dos, il fut décidé à l’unanimité (des survivnts) que désormais certaines lois empêcheraient l’anarchie de dégénérer en Chaos total (oh dommaaaage…) : pas de violence, pas d’armes, pas de drogues dures, pas de sigles de bandes motardes. Ce sont les seules règles de Christiania, valables uniquement dans la rue et les espaces publics, chez soi, chacun fait CE QU’IL VEUT : battre son mari, le sodomiser avec un flingue, égorger de moutons dans sa baignoire, hurler le Horst Wesel Lied, tremper son croissant dans son café au lait, mettre de l’eau dans son Saint Emilion ou dans son Earl Grey, passer le seuil du pied gauche, droit, ou à pieds joints (vas-y, fait tourner)…

 

Et depuis, Christiania se porte bien et vit sa grande vie surexcitée à coups de transes tantriques et concerts punk-rock. On y trouve : des tas de cafés, restos, estaminets, chacun a une atmosphère très particulière, citons le resto végétarien en terrasse d’un magasin de fruits et légumes, le café du « pêcheur de Lune » avec son estrade pour concerts en plein air, qui ne vend  aucun alcool, l’info-café, à l’entrée, pour s’acclimater en douceur etc, usw, and so…., un marché très hétéroclite, assez inintéressant pour ne différer des divers marchés de fêtes foraines que par son orientation quasi exclusivement jamaico-rastafari et tous les ustensiles pour fumer de l’herbe avec style, pour ce qui est de Marie Jeanne elle-même, on la trouvait autrefois dans des stands à l’air libre dans la « Pusher street » , désormais elle cache ses appâts troubles dans des maisons aux seuils desquelles végètent des épaves qui peuvent fort bien jouer le rôle dissuasif des ilotes.

Vers l’entrée, dans un immeuble moche, tagué, crade, il y a le bureau de renseignement, une galerie d’art, un magasins de souvenirs engagés (pour une fois on peut afficher son soutient sans engraisser le système capitaliste auquel, je rappelle en passant, profitent tous les t-shirt « trop fashion » à l’effigie très idéalisée du Che, qui était plutôt replet et courtaud) et un resto (encore !) tous très propres, cosy, agréables.

Citons, en vrac : un centre médical usant de médecines parallèles (plantes _ je veux dire, herboristerie bien sûr, qu’alliez-vous penser, tsstsstsss, médecine asiatique, thérapies psycho ou pas) tenu par des médecins attitrés, diplômés, tout ce qu’il y a de plus officiel et sérieux (il ne faut surtout pas croire qu’alternatif rime avec inefficace, utopique, clownesque), un centre de soutient au Tibet libre, un centre bouddhiste, des magasins d’artisanat local (souvent très fin et minutieux, dans des matériaux précieux, du travail fait lentement, non pas pour le profit mais pour l’art), un établissement de bain-douches avec sauna, une épicerie, un magasin plus généraliste qui vend de la papeterie aux matériaux de construction en passant par l’attirail du parfait jardinier écolo, une école maternelle, une garderie, un skate-park, un centre de tri et recyclage des déchets, une école d’équitation, diverses salles de concert…

Et je garde le meilleur pour la fin : une forge tenue exclusivement par des femmes, elles sont trois en ce moment, qui réalise tout ce que l’on peut faire avec du métal : bijoux, lames, tables, grilles etc… si ça n’est pas la classe ultime ! (j’ai une brûlante envie d’y faire un stage)P1012629.JPG

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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 07:58

Je préfère expérimenter à théoriser, surtout en matière d’anarchie, n’allez pas croire que je suis une empiriste à tout crin (bien au contraire) seulement comment programmer à l’avance ce qui par définition échappe à tout programme, comment normaliser, synthétiser ce qui se revendique comme une force désorganisante, voire franchement chaotique (Chaos rules !!! nyark nyark). J’ignore absolument ce qu’ont dit les sieurs Proudhon, Bakounine, Kropotkine, c’est sûrement fort intéressant mais j’ai choisi d’aller voir comment les choses se passaient réellement lorsque les Hommes étaient livrés à eux même.

Direction Christiania donc, un quartier de Copenhague, plutôt central, dont je vous recommande vivement le site (surtout si vous parlez Danois, mais il y a pas mal de choses en Anglais)

 http://www.christiania.org/P1012633.JPG

Et l’article de Wikipédia

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Christiania_(Danemark)

Mon analyse de cette expérience unique suit, découpée et illustrée pour ne pas être trop rébarbative (bande de paresseux tsss tssss)

 

PS mince alors, mes bruitages sont binaires, corrigeons cet embryon de déviance (ben oui, le Beau est trinitaire, c’est patent non ?), étouffons-le dans l’œuf ou mangeons le en sushi (comprendront les initiés, pour les mystes, ils peuvent toujours aller à l’eau !)

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8 août 2007 3 08 /08 /août /2007 15:51

Eh bien voilà, ouverture d'un blog, pas pour assouvir un désir narcissique, mais pour divulguer ce que je découvre ici et là, dans les mondes réel, imaginaire, artistique, littéraire etc..., pour organiser des mouvements (du carnaval de LLG à d'hypothétiques manifs de soutient aux squatters danois), pour encenser ou pourfendre.

Si vous comptiez fouiller les recoins douteux d'une âme torturée, c'est raté, je ne parlerai pas de moi.

Eh bien voilà, je crois en avoir assez dit pour un préambule, passons aux choses sérieuses (ou pas)!

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