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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 10:58

Comme vous pouvez le voir, même si je n’ai pas fait de liste (et pourquoi pas un journal intime tant que nous y sommes, pfff…) j’ai pris au moins une bonne résolution pour l’année du dragon d’eau (pourquoi a-t-il fallu que je me coltine le dragon le plus pourri, sérieusement ? 88 dragon de TERRE >_< mais non NON ! c’est sensé être épique un dragon, avoir la classe, pas être un vieux plouc chtonien, non non non ! bon, ceci dit,  au moins j’ai évité le bois…) : celle d’écrire plus d’articles ici et surtout des articles plus COURTS : quand on se met à avoir la flemme de relire ses vieux articles parce que tldr, c’est qu’il y a un sérieux problème de logorrhée… Et pour inaugurer cette résolution je me lance dans un article sur… A Song Of Ice And Fire ! youpi, soyons maso !

            Si vous trainez vous yeux ici, ça m’étonnerait beaucoup que vous soyez tout à fait innocent dans le domaine : soit vous me connaissez IRL ou sur le net et ça fait des mois que je vous les brise avec ça, soit vous êtes quand même un peu geek/otak/goth/rôliste et normalement qqn dans vôtre entourage vous en a déjà parlé, peut être sous le nom du « Trône de Fer » ou « Game of Thrones » qui sont les noms VF et VO du premier tome de la série et de son adaptation télévisuelle sur HBO. Mais de toute façon je n’écris cet article que pour pouvoir le balancer au gens qui me demandent de quoi il s’agit parce que j’en ai marre d’expliquer pour la 15eme fois…

            A Song Of Ice And Fire (ASOIAF pour faire court) est une série de heroic fantasy écrite par George Raymond Richard Martin (GRRM pour la plupart, Grrrrrr pour moi) et publiée à partir de 1996 (merci wiki). Elle comporte 7 tomes dont 5 sont parus, le dernier l’année dernière. C’est à mon sens le meilleur ouvrage de fantasy que j’aie pu lire depuis Tolkien bien que les deux n’entrent pas du tout dans la même catégorie. Il ne s’agit pas avec ASOIAF de fantasy « classique » avec abondance d’elfes, nains, dragons, sorciers etc… dont l’existence est posée là, comme une évidence : nous ne sommes plus dans l’ère de la magie, ni dans celle des merveilles, ni même dans celle des héros, cependant tout cela subsiste à l’état de traces endormies ou oubliées. Oui il y a des créatures merveilleuses, des sorcières et prêtres aux étranges pouvoirs mais cela n’est pas donné pour acquis, on le découvre au fur et à mesure, du point de vue d’humains pour qui tout cela appartient à des légendes anciennes. Imaginez un roman historique, avec ses guerres, ses intrigues politiques, ses romances ET sous tout cela, de la magie et des polarités cosmiques (glace et feu, nuit et lumière). Mais cela, bien qu’intéressant, ne fait pas la valeur d’une série de romans, ce qui distingue clairement ASOIAF dans le monde de la littérature épique et de la littérature en général est :
_ la diversité des points de vue : chaque chapitre est narré à travers le regard d’un des personnages, ses idéaux, ses désirs, son ton, son âge ; ce qui entraîne une diversité de registres de langue des plus amusantes et réalistes
_ la beauté des descriptions, quand l’auteur échappe laisse son personnage pour faire jaillir dans l’esprit du lecteur des paysages fascinants, mystérieux, inquiétants et sublimes et sa puissance d’évocation qui fait tantôt sourire devant la tendresse ou la joie innocente, tantôt frémir d’horreur devant des scènes de boucherie répugnante
_ le refus absolu du manichéisme, des grosses ficelles de narration, des situations prévisibles : tout ce qui nous est présenté ne l’est jamais qu’à travers la subjectivité d’un personnage, non seulement les évènements les font évoluer, mais en plus nôtre compréhension de leurs motivations change au fur et à mesure de nôtre avancée dans les romans, ainsi les actes d’un personnages peuvent nous sembler irrationnels et monstrueux jusqu’à ce que l’on entrevoie la partie immergée de l’iceberg ; rien n’est stable dans ce monde, les héros meurent, les innocents sont mutilés, les injustices ne sont pas réparées… comme dans le nôtre !
_ la richesse et la complexité de l’univers représenté, ses civilisations, sa géopolitique, ses religions et leurs lutes d’influence…
_ la variété extrême des scènes, des genres : on passe de l’épopée à la politique, de l’intérêt personnel aux idéaux, de la belle camaraderie aux pires bassesses, de la chevalerie brigande à l’érotisme le plus torride, de la dévotion âpre au pire sacrilège… l’auteur ne recule devant RIEN : cannibalisme, inceste, viols, épidémies, déchéance, sacrilège…

On pourra cependant reprocher une certaine facilité du langage grossier/de corps de garde : autant c’est parfois nécessaire et bien venu dans la bouche de soudards, autant l’obscénité, les "fuck ", "bugger" et autres "cunt" sont un peu trop omniprésents, comme si l’auteur forçait sur le gingembre, de peur que l’on trouve son plat insipide, alors que le plat en question n’en a nul besoin mais fort heureusement n’en pâtit pas trop. Les civilisations décrites sont également parfois trop semblables à leurs modèles historiques : les Dothraki sont tellement mongols qu’il m’arrive de lire « Gengis Kahn » au lieu de Khal Drogo, la civilisation de Dorne est tellement arabo/orientale que l’on a forcément des images de pur sang à la face concave en tête, de danse du ventre et de charmeurs de serpents (mais c’est aussi plus que cela, en tout cas, vues les mœurs, c’est pré-islamique), heureusement que les Greyjoys ont les cheveux noirs de jais sinon ça serait l’énorme cliché des gros vikings, Pentos est grecque (surtout Illyrio Mopatis, rien que le nom…) Braavos est Venise, Volantis est Malte/Chypre enfin parfois c’est un poil trop obvious… MAIS tout cela est compensé par le délire total que représentent les villes de Qarth (un peu indienne, cela dit) et de la Slavers Bay (ultra mésopotamienne, mais en version total WTF), où c’est tellement n’importe quoi qu’on se croirait dans les Voyages de Valerian et Laureline…

Mais tout cela est bien peu de chose face au mérite principal d’ ASOIAF : être l’ultime roman d’initiation pour tout jeune adulte/ adolescent ! non pas que la série se destine à ce public, non, mais l’enseignement qu’elle apporte, sur la vie, sur l’histoire, sur l’humanité et la politique est fondamental. Et le tout sans idéologie, ce que je hais plus que tout en littérature et en art en général : on ne nous dit pas d’être bon, d’être relativiste, de ne pas avoir d’idéaux, de ne croire en rien, on ne nous dit pas d’être tolérant et d’aimer tout le monde, non… on nous parle de la vie, de la mort, de la souffrance, des hommes brisés, des honnêtes crapules, de la banalité du mal, du prix de la liberté et du confort de l’esclavage, du jeu politique… et ce sans jamais dire que telle chose est bonne et telle autre mauvaise, sans aucune moraline, sans nous dire que telle route est la bonne. Comme je le disais à une amie, ces livres m’ont plus appris sur l’écriture de l’Histoire que Veyne, sur la fabrication des héros, sur la manipulation du peuple que 1984, sur l’horreur de la guerre pour le civils que tout ce que j’ai pu lire sur 14/18 et sur les guerres de 30 ans… Ces livres nous apprennent à être des hommes sans tuer l’enfant en nous, décillent nos yeux sans désenchantement, comme si les philosophes latins et pragmatiques et les moralistes baroques avaient enrobé leurs enseignements du miel de l’épopée et de l’aventure.

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 13:33

Ça doit être la tombée annuelle du classement de Shanghai, ou celui de Sarcelles, ou je ne sais quelle autre liste décroissante d’établissements universitaires et préparationnaires mais les journaux, d’après leurs unes affichées dans le métro ou sur les kiosques, ne parlent que de ça. Ils viennent même, tels un Poutine chassant le Tchétchène, me traquer jusque dans les toilettes ou Leviathan déposa il y a quelques jours un numéro du Monde à mon intention, pour que je lui donne, me demanda-t-elle avec un regard plein de pré-culpabilité, mon avis sur la question. Avis que dans ma folle prétention je ne trouve pas trop inutile de vous faire partager, ô mes trois lecteurs qui vous battez en duel, histoire de rompre un peu avec le discours global de journaleux qui ont sans doute vu de loin les prépas de la Sainte Montagne en se disant qu’elles étaient trop vertes et bonnes pour des goujats…

On peut donc lire que les prépas et surtout les horrrrriiiiiiibles boîtes à Khonkours de la Montagne Sacrée (qui n’a rien à envier à celle de Jodo’, niveau WTF) Hell’Elgë et Ash-Khâtre pour ne pas les nommer sont des milieux anxiogènes où les pauvres petits bons élèves issus des classes moyennes ou du moins non bourdieusiènement héritiers n’ont aucune chance de survie face aux spectres de l’anorexie, de la dépression, du suicide et surtout des horribles professeurs-seurs-seurs avec leurs manteaux en cuir et leur tête de mort en insigne (et je ne parle même pas des bergers allemands !). Et là je dis STOP LE BULLSHIT ! Ce genre d’article suinte la haine des élites totalement démagogue et surtout la méconnaissance totale du milieu : j’ai passé mon école et collège dans un lycée ultra disciplinaire et élitiste du 6eme arrondissement qui a le bon goût de ne pas se trouver très loin des Korean Barbecue de Montparnasse ni de sa Fnac, puis le lycée et la prépa à Hell-Elgë avant une brève visite à Ash-Khâtre histoire de compléter ma collection, so I know my business, bitches ! Et là vous allez me dire : ouais mais justement, ma cocotte, dans le genre suicidaire/morrbido/gotho-dévianto/maldensapo, tu te poses là… Eh bien oui, et c’est justement pour ça que je peux vous dire, ayant collectionné presque avec délice les clichés de la prépateuse en perdition, que cela n’a RIEN à voir avec l’atmosphère de la prépa, mais alors rien du tout.

            Oui il y a beaucoup de dépressifs, de gens bizarres, d’anorexiques, des lesbiennes, de gays, de mystiques, de futures nonnes, de sado-masochistes en prépa, mais ça n’est pas la PREPA qui les fait sortir du droit chemin hétéro-patriarcho-consuméro-normé (et en léger surpoids) c’est l’étude, ce sont LES études, et inversement, c’est cette sensibilité, ce déséquilibre qui nous pousse aux études et à la prépa, qui est une sorte de naos des études : plus nous apprenons, plus nous réfléchissons, plus nous passons 6h d’affilée le cul sur une chaise à nous livrer sans honte au cerebronanisme et à la diptèrophilie, plus nôtre esprit explore l’extrême, plus nous nous enhardissons à regarder en face les abîmes, la béance (spéciale dédicace GG ! what’s up dog ? alètheia forever !) de … oui bon ok là je sens que je m’excite un poil et que cet article va finir par être complètement jargoneux et lyrique, ce qui n’est pas le but. Donc en gros, plus on réfléchit, plus rôde dans les Marches de la Folie, et plus on est naturellement déviant, plus on est porté à réfléchir, à étudier le pourquoi du comment des gens qui étaient comme nous avant nous, les courants esthétiques qui nous ressemblent… cercle vicieux donc, MAIS jouissif, de façon un peu morbide parfois parce qu’au risque de revêtir ma cape de Captain Obvious, l’apprentissage n’est pas source de bonheur, plus on réfléchit plus on déprime et heureux les aveugles dans leur caverne : réfléchir est la pire chose qu’on puisse imposer à un Homme pour briser sa tranquillité et sa stabilité en mille morceaux. Donc pour résumer, oui, on est dans un état étrange et plus proche du New Hampshire que de l’Ohio (à savoir le Massachussets), mais ça n’est pas la PREPA c’est l’étude qui fait ça, et en ce domaine, oui, la prépa est plus dangereuse que la fac, parce que chacun sait qu’à la fac on passe vaguement son temps à raider/aller en soirées/peindre des figurines/faire des JdR (rayez les mentions inutiles) qu’à étudier, ou alors vaguement avant les partiels histoire de recracher grosso modo ce que l’on sait être attendu. Le truc vicieux avec la prépa c’est qu’on vous FORCE à réfléchir, même si on fout que dalle à la maison (ce qui fut, hélas, mon cas, le démon de l’acédie ayant fait de mon âme sa résidence secondaire) on est très régulièrement amenés à passer des khôlles, ou des DANS et là, pas moyen de s’y dérober : on est là, on bosse ! En général, on veut quand même un peu intégrer, donc on va plus souvent au cours que non et hop, même si on se bouche très fort les oreilles, il y a un moment où on en vient fatalement à étudier…

            Soit disant que l’atmosphère serait exécrable, élitiste, stressante… bullshit once again ! je ne dis pas qu’à Ash-khâtre ça n’était pas un peu morose, certes, mais pas plus que n’importe quelle école, quand à Hell-elgë, là c’était très clairement la fête officielle du fundoshi quasiment H24 : liberté, délires, bonne ambiance, déjà au lycée c’était extra, mais encore plus en prépa où nous sommes les « trésors » du bahut qui veut des bons résultats au Khonkours et nous chouchoute en conséquence. L’administration est vingt fois plus supportable que celle de la Sorbonne (sauf le pôle Malesherbes section études germaniques qui a l’administration la plus adorable, la plus digne d’éloges, la plus efficace et sympathique du monde, du cosmos, des 7 mers et du reste), les locaux sont frais, modernes, agréables, des voyages sont régulièrement organisés, et l’immense majorité des profs sont également à nos petits soins, compréhensifs, maternels et paternels… bon, évidemment, comme partout il y a de francs connards qui ne font au final que renforcer la cohésion du groupe à force de haine à leur égard, mais au final les bon côtés contrebalancent largement l’aura funeste de ces tristes sires. Oui, ces connards ont pu traumatiser des élèves, mais quel lycée, quelle fac, quel collège n’a pas son lot d’infâmes castrateurs sans cervelle ni réelles connaissances (et qui traitent cependant leurs élèves comme de la merde, youpi !) ? à Hell-Elgë nous n’en avions que deux, ce qui est bien moins que la moyenne des établissements scolaires…

Et quid de la camaraderie ? la compétition domine-t-elle ? fait elle ressembler la classe à une annexe de Battle Royale ? ne peut on pas laisser ses notes sur la table de peur de ne jamais les retrouver en revenant des toilettes ? Nawak, nawak et triple nawak : mes années de lycée et prépa à Hell-Elgë ont été celles qui m’ont fait découvrir le sens des mots camaraderie, soutient, esprit de corps : c’est bien l’entraide qui prédomine, et l’entraide désintéressée : on ne se voit pas comme des concurrents mais plus comme les Spartiates aux Thermopyles, prêts à se battre ensemble, à triompher ensemble ou échouer ensemble. Après, comme pour les profs, nulle promotion n’est parfaite : il y a forcément la brochette d’arrivistes lèche-culs qui ne pensent qu’à réussir et ont un prétention sans borne, ainsi que le petit groupe de filles, souvent alliées à ladite brochette, qui ne vivent que pour colporter des ragots aussi laids que leurs faces de thons (oui, je m’énerve un peu là) mais ça fait quoi ? 7 pommes pourries sur une classe de 50, tout au plus…

            Donc j’aimerais bien que les journalistes arrêtent de véhiculer des légendes urbaines, de donner au public moyen ce qu’il veut entendre, sur les prépas comme sur les goth, les rôlistes ou les metaleux, de cultiver une répugnante haine des élites. La prépa peut réveiller en nous, à force de réflexion, des démons qui sommeillaient, des fêlures enfouies mais en aucun cas elle ne les suscite, ceux qui prétendent ça n’ont tout simplement pas l’honnêteté de voir que leurs problèmes étaient en eux AVANT, qu’il doivent les régler ou les accepter eux même au lieu de s’en prendre à une instance extérieure.

La réussite aux concours n’est pas réservée aux héritiers : plusieurs de mes camarades issus de classes moyennes ont intégré, je ne m’hasarderais pas à des pourcentages, mais je ne pense pas qu’ils soient minorité, la réussite aux concours ne sanctionne pas non plus une plus grande culture ou une plus grande intelligence : si des jeunes prépateux, taupins, khâgneux ou épiciers me lisent, sachez que la réussite au concours ne tient qu’à deux choses : l’organisation et le travail ! Ce qui demande en plus une troisième chose, pour accepter les deux premières : la modestie. Vous pouvez commencer avec un niveau TRES faible et intégrer en carré avec pour seules armes l’organisation et le travail comme vous pouvez commencer avec des résultats qui poutrent et vous viander au concours parce que vous n’avez jamais pris sur vous de vous sortir les doigts du c. un grand coup.
Enfin, ça n’est pas forcément en prépa que j’ai rencontré les meilleurs profs (ce qui fait la réussite d’une prépa, ça n’est pas le prof, c’est l’élève et son travail, un mauvais prof peut avoir de meilleurs résultats au concours parce que ses élèves auront du coup beaucoup plus travaillé par eux même, ne lui faisant pas confiance, qu’un bon prof sur lequel les élèves se seront reposés) mais c’est là où j’ai rencontré mes meilleurs amis et camarades et vécu le plus de moments totalement absurdes, improvisés et joyeux.
Faites passer le mot si vous connaissez des personnes en prépa où qui comptent y aller : la prépa ne fait que vous révéler à vous-même, elle n’est pas à craindre, elle est toujours un enrichissement. 

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 20:12

Les courtisanes de l'époque d'Edo avaient une coutume d'un romantisme poignant: se couper le petit doigt et l'offir à leur amant, l'Unique, celui auquel elles voulaient être toute et qui saurait que malgré les activités de leur amante, son âme leur serait fidèle. (et moi d'une grande malhonnêteté intellectuelle si j'omettais de dire qu'elles se faisaient parfois aussi tatouer le nom de cet homme sur une partie discrète du corps comme le dessous du bras accompagné du kanji du mot "vie", le genre de truc hypra craignos, on est en plein dans le "à Robert, pour la vie", urgl, enfin c'est tout de même une histoire de périprostipute et de mac hein...)

Et je pense à toutes les personnes des deux sexes qui s'engagent trop vite, qui souffrent d'une relation où l'autre est moins impliqué qu'elles, qui finissent par se faire tromper ou jeter. A moins que ça ne soit un choix délibéré que d'enchaîner les aventures, ou de pratiquer la polygamie/polyandrie informelle (mais dans ce cas là on n'en souffre pas si?) je n'aurais qu'un conseil: ne permettre à personne d'avoir accès à vôtre coeur et à vôtre corps s'il/elle n'est pas prêt(e) à faire le sacrifice de son petit doigt! (enfin d'un de ses, on espère qu'il/elle en a deux)

La belle affaire d'entendre les discours classiques que l'on lit dans les romans balsaco-zolesques pour être la proie des intrigantes et autres opportunistes: si vous êtes l'homme/la femme de sa vie, qu'il/elle donnerait tout pour vous, qu'il/elle commence par vous faire don de son petit doigt! qu'il/elle se le coupe sous vos yeux! prévoyez un beau flacon rempli de formol pour conserver cet unique présent. Dans le cas d'une relation SM, la réciproque n'est pas obligatoire, mais pour ma part, je la trouve, nécessaire pour un couple "normal" où les deux amants sont sur un pied d'égalité. Si vôtre amant(e) n'est même pas capable de ce menu sacrifice pour vous, c'est que vous n'êtes pas la chose la plus importante à ses yeux, il faudra vous attendre à une déception/trahison!
De plus, comme la chair est faible malgré la meilleur volonté du monde, cette mutilation, constemment sous les yeux, lui rappellera son voeux d'être vôtre jusqu'à la mort, en cas de doute.

Evidemment, je m'adresse là aux romantiques à tout crin, je pense qu'ils sont relativement peu nombreux, mais pour ma part, que personne ne vienne me compter fleurette sans son couteau, sa planche à découper et son flacon de formol: pas de yubitsume, pas de chocolat!

                                  230px-KitagawaUtamaro_FlowersOfEdo.jpg 

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 17:36

 

Pour une fois ce blog va à peu près remplir sa mission première, à savoir informer et critiquer! C'est d'une expo que nous parlerons aujourd'hui (moi, elle, lui et Sadako, ce qui fait un ensemble sexuellement neutre), non, pas celle du Cabinet des Curieux, que je ne suis pas encore allée voir because of agapophobie au dernier degré, absolument irrépressible (voir l'article idoine)! D'ailleurs je n'avais même pas parlé de l'ancienne pour les mêmes raisons... mais c'est le Cabinet, alors ça sera FORCEMENT bien, allez-y (rappel: le Cabinet des Curieux, 12 Passage Verdeau dans le 9eme arrondissement)!

 

Mais revenons à nos moutons (je voulais faire la promo d'une expo, je commence par une autre, que je n'ai mm pas vue, ça commence bien...): mercredi s'est ouvert une exposition consacrée, en gros (le titre ne dirait rien à personne, de tte façon « Barbier et les artistes du spectacle »... donne envie tiens! J'aurais appelé ça «dramatiques extravagances: l'illustration de l'entre deux guerres » (drame au sens d'action sur scène, pour les béotiens, on pourrait à la limite remplacer par « scéniques » postposé alors, mais ça claque moins...) pfff, aucun sens de la com' le mec qui a rédigé ça, ENGAGEZ MOI A SA PLACE! Je cherche du boulot! (et comme on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher, contactez moi par commentaires uniquement, ils ne s'affichent pas automatiquement de tte façon, je modère, donc si c'est un message personnel avec des coordonnées et tout, je ne publie pas et le tour est joué NE PASSEZ PAS PAR L'OPTION CONTACT, surtout!)) consacrée donc, l'expo, bah je viens de le dire dans la godzi-parenthèse, à l'illustation de spectacle en gros dans l'entre deux guerres, oui, ça dépasse un peu (en amont surtout) mais osef parce que c'est vraiment le lieu pour parler d'entre deux... à propos de lieu, sortez vos agendas:

 

Libraire Chrétien, 178 rue du Faubourg Saint Honoré, Paris 8eme, ouvert du lundi au samedi 10h30-13h et 14h-19h, ça dure jusqu'au 10 juillet)

 

d'entre deux, donc, et NON il ne s'agira pas de fromage mais bien de garçonne, de ballets russes, de Lila Nacht die schwül ist, de Ninjiski, de Morny bref, OUI, il s'agira d'entre deux guerres, d'entre deux sexes surtout (ooooh, comme c'est étonnaaaaant! Vous vous y attendiez si peu...)!

 

Un article court pour une fois car il ne présente pas une théorie aboutie (wait, j'ai déjà présenté une théorie aboutie moi?) mais une, plusieurs peut être interrogation(s)...

 

c'est une image de cette exposition qui m'a frappée et m'a rappelée à mes interrogations à la «de quelle culture suis-je le produit? » (aka romantisme, post romantisme, symbolisme, glam, manga, pour vous la faire courte, pas comme avec ce pauvre mec (dans tous les sens du terme) que j'ai pompé une nuit entière avec mes interrogations à la con (avouez qu'avant « avec » vos pensées étaient parties vers de douteux horizons, BANDE DE PERVERS!)... cette image était l'illustration par Erte d'un spectacle allégorisant les Fleurs du Mal de nôtre vieux Charlot, et représentait plus particulièrement le costume de La Vampire (ben voyons...) mais les premières choses qui me vinrent à l'esprit furent Amano et le visual kei... et bien sûr, tout au tour, les illustrations allaient de drag queen en garçonne et d'amazone et éphèbe gracile... j'eus même le frisson de jouissance intellectuelle de l'archéologue trouvant la preuve matérielle de la rencontre de deux cultures: La femme au miroir, par Lepape, et poum, une japoniaiserie!

 

Dans ma tête, la ligne était toute tracée: japonisme au XIXeme, fascination pour les kimonos, le maquillage théâtral des acteurs de kabuki et celui des geishas, pour les formes courbes des estampes, pour l'esthétique du lisse, évoluant, comme un bon pokemon, d'abord en Art Nouveau puis, extrémisé par le trauma de la guerre et la conquête de l'indépendance par les femmes qui se masculinisent, en style des Années Folles, avec ces costumes inspirés des kimonos, ces maquillages extravagants, ce que rejaillit glorieusement avec le glam rock dans les années 1970 (oui parce qu'entre les ballets russes et l'esthétique du glam, à la Velvet Goldmine, le trait est vite fait!) et enfin POUM revient à sa source gorgé de tout ce qu'il a traversé entre temps avec le Visual Kei de groupes comme X Japan, notons aussi que les artistes comme Amano, dont l'influence sur le jeu vidéo est immense, se pique au symbolisme, à l'art nouveau et à l'illustration théâtrale des années 1920, et qu'un artiste moindre mais également influente comme Kaori Yuki (Angel Sanctuary) puise allègrement dans le symbolisme et le post romantisme (moins que Clamp, mais quand mm) et qu'elle a aussi dessiné des tenues de scènes pour X Japan (m'a-t-on dit), pif paf pouf, la boucle est bouclée....

 

Sauf que c'est un poil plus compliqué que ça, en fait.... déjà ça m'étonnerait qu'une telle révolution esthétique soit conduite uniquement par un enthousiasme nippophile, et encore plus que l'explosion de l'inter genre dans l'entre deux guerres ait grand chose à voir avec les onnagata du kabuki... alors pourquoi? Pourquoi tout d'un coup, poum! on n'aime plus le poil, bim! on se met à la gym, vlan! on suit la mode antique, d'Alcibiade à Bilitis et les filles se coupent les cheveux se bandent les seins, et les garçons s'épilent et se maquillent... marre du couvercle de morale protestante étriquée qui s'est imposée au XIXeme avec le modèle capitaliste? Du noir austère qui a remplacé le rose et le verts pastels du XVIIIeme comme l'argent à remplacé la noblesse? Mouais... enfin avant, on avait beau se poudrer le museau et porter des culottes de soie rose, à part quelques exceptions mieux acceptées que sous l'ignoble XIXeme, l'idéal physique des hommes était bien disctinct de celui des femmes, manchette ou pas... (exemple: les mignons d'Henri III ne portaient pas des corsages de femmes et surtout les femmes pas de culotte!) cet « entre deux » me semble donc qqc d'assez unique... mais basard, d'où cela vient-il? Et pourquoi cela se généralise-t-il aussi vite? Si quelqu'un a une idée, une théorie, quelque chose... (autre que l'abdication de la morale suite au trauma de la guerre et autres inepties dignes d'un vieux coincé à la Zweig... autre que « les femmes ont du travailler dans les usines »... parce que si les modes étaient dictées par les ouvrières des usines, ça se saurait...). Ce qui d'ailleurs rejoint mon éternelle question du comment de la mode et des courants artistiques...

 

Pour conclure, parce qu'il faut bien conclure (sur un malentendu, toussa...), je dirais, en une définition négative: la morale protestante étriquée (ou la morale catho qui veut concurrencer le protestantisme à grands coups de jansénisme), le gris, le capitalisme, la démocrassouille, la phallo-gérontocratie sont des maux qui vont de paire et vraiment BEURK BEURK BEURK que c'est vilain!!! 1789 est la plus grande faute de goût de l'histoire française! Mais comme c'est sur fond de laideur que la beauté fleurit le mieux...

 

Oh, et puis ma connection bug, et je n'ai rien d'autre à faire, donc j'ajouterais en guise de PS (avec FF dessus, merci :p ) qu'en suivant ma ligne magique du Japon au Japon en passant par le meilleur de la culture européenne des XIX et XX eme siècles (y compris la révision idéalisée des débauches du XVIIIeme), on revient en Europe, avec des générations (ceux qui sont nés à la fin des années 80 et après) gavées directement ou indirectement (oui parce que moi, je n'ai jamais vu de Sailor Moon qu'un album Panini, et de Lady Oscar que trois pages dans un vieux magasine qui trainait, et c'est bon, c'était foutu pour ma pomme...) de japoniaiseries qui leur ré-injectent leur propre culture en pré digéré et du coup, PIF POUF magique: des hordes d'éphèbes androgynes, ténébreux et MIRIFIQUEMENT IGNARES de tous les artistes immenses, de Barbey d'Aurévilly à Siouxsie dont ils sont les enfants... ai-je pour autant envie de leur arracher les tripes avec les dents, de leur enfoncer leur oripaux de gothloli et autre ouji-kei là où le soleil ne brille jamais, de me faire des colliers avec leurs yeux rendus vairons par maints artifices? Que nenni! Leur inculture abyssale fait leur charme: n'est-ce pas touchant de voir de sublimes imbéciles s'ébattre comme dans une piscine gonflable au dessus d'un gouffre aussi vaste que la fosse des Marianes?

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 14:05

Si je pouvais pointer du doigt le mal qui me ronge depuis des années, lui projeter le faisceau concentré de mon entendement en pleine face (en brisant une cravache sur ma cuisse pour l'intimider, ce sont des choses qui se font), le réduire, le concentrer, le cerner en un nom, vous pensez bien que je caracolerai fièrement toute à quelque noble quête au lieu d'épancher mes lamentables hypothèses pseudo psychanalytiques en ce lieu, vous infligeant un énième article en mode « racontage de vie »... Cependant, je crois avoir identifié au moins l'une des têtes de l'hydre qui vomit sa bile noire dans mes entrailles, et oui, je vais vous soumettre une vivisection amateur de ladite bébête pour deux raisons:

 

_premièrement parce que j'ai le fol espoir que certaines personnes que j'estime, qui ont donné l'impression de me considérer un peu mieux que la larve qu'ils ignorent que je suis, qui m'ont donc proposé des choses dépassant mes plus folles espérances et auxquelles je n'ai jamais répondu, lisent ce blog et que cet article les concerne directement et leur donnerait la raison de mon comportement qui a sans doute semblé à plus d'un un mélange de négligence, de peu d'intérêt, d'ingratitude et de goujaterie assez extrême,

 

_secondement parce que parlant aux quelques amis auxquels j'ose encore adresser la parole, mon sentiment a souvent eu un certain écho chez eux et que je puis prétendre intéresser plus que moi, je, « elle » « Sadako » et les autres qui se partagent ma conscience, si cela touche ne serait-ce qu'une personne, je serais comblée!

 

 

La bête que nous allons éventrer, vider, fouailler sera nommée « agapophobie » j'ai hésité avec « kairophobie » mais pense qu'il s'agit plus d'une peur panique de la bonté pure à mon égard que du bonheur: je n'ai jamais eu aucun problème à accueillir le bonheur à bras ouverts, surtout s'il vient me trouver dans un moment de solitude (et en Allemagne, j'avoue, ça aide, voir les articles à ce sujet; au Japon aussi, c'est assez puissant dois-je dire... pour cela, il faut lire mon autre blog, mais passons) mais je puis également de bon coeur me laisser posséder par lui au sein d'une foule: dans un pogo, avec des amis partagent un enthousiasme vif etc... le bonheur ne m'est insupportable que lorsqu'il m'est « infligé » par une personne faisant preuve d'un sentiment pur à mon égard. Je veux dire par là que si l'on se montre aimable avec moi en attendant de même ou quelque service en retour, j'accepterai sans aucun problème cette démonstration de bienveillance.

 

 

J'ai d'abord cru que cette peur panique était due à un problème relationnel éprouvé depuis la plus petite enfance, une incapacité à s'intégrer dans un groupe et donc une « bande d'amis » réduite à une horde épique de héros légendaires et un ou deux camarades IRL, que cette solitude et cette habitude prise d'être rejetée pour mes bizarreries de comportement avait provoqué en moi une terreur de toute approche bienveillante. Mais si j'analyse de plus près mon comportement d'enfant, je m'aperçois que c'est précisément le contraire, j'ai souvenir de deux anniversaires, l'un sans doute vers mes 3 ou 4 ans: alors que j'entrai dans le salon, la nappe d'un turquoise noble et profond, des-esseintiens dirais-je aujourd'hui, les assiettes à dessert de porcelaine ornée, mes préférées entre toutes, les roses, le gâteau promettant les délices sombres et puissants du chocolat amer, mon père dans son uniforme militaire et surtout la musique folklorique qui faisait tout mon bonheur depuis des années m'avaient causé une joie si intense que je n'avais pas pu lui faire face et m'étais réfugiée sous la nappe pour que les ténèbres atténuent l'éblouissement du plaisir. L'autre, pour mes 8 ans, au restaurant de l'hôtel rose du parc Eurodisney, où je trônais en robe rose à smocks de chez Bonpoint au milieu de ma famille. Au loin, un gâteau arrive, escorté par une demi douzaine de garçons et serveuses entonnant un « happy birthday to you » version gospel... ça n'a pas manqué, vlan, sous la table (en grand jupon rose, vous imaginez bien), impossible de m'en faire sortir tant que les jeunes serveurs étaient présents... Cela ressemblerait presque à de la « kairophobie » si je n'avais pas juste avant accepté avec joie les différents plaisirs proposés à une enfant de 8 ans passant un week end à Eurodisney: c'était bien l'amour de ma famille qui m'effrayait à travers sa manifestation matérielle. Je ne pourrais m'avancer à dire que je fuyais l'amitié des jeunes gens de mon âge pour les mêmes raisons, je crois bien plutôt que c'étaient eux qui rejetaient la mienne, ou plutôt moi qui leur en demandait plus qu'il ne pouvaient offrir, ayant une vision « héroïque » de l'amitié des champs de bataille (fortement homoérotique, ce qu'une fillette d'une dizaine d'année ne comprend pas forcément en lisant l'Iliade, mais bon...).

 

Mais passons aux exemples qui se sont présentés à moi, et que j'ai fui, dès que j'ai été en mesure de fournir un travail intéressant d'autres personnes que mon cercle familial le plus étroit. L'un des premiers projets menés couronné de succès qui attira l'attention sur ma petite personne fut un voyage d'étude en août 2005, j'avais alors 16 ans et partais sac au dos pour un mois et demi en Allemagne pour y faire de la reconstitution médiévale, j'ai écrit un mini-mémoire mis en ligne sur un blog... et fus, une fois rentrée en France, dans l'incapacité totale de répondre à mes amis allemands qui m'envoyaient force tutoriels pour m'accompagner dans ma confection de vêtements et armes, qui m'avaient accueilli chez eux et dans leurs troupes de façon totalement désintéressée. Après avoir tout posté sur ce blog, mis en contact un musée berlinois et le magazine Histoire et Images Médiévale ainsi que fourni un travail de traduction franco-allemand, j'oubliai toutes les coordonnées de ce blog, mot de passe et adresse, tout, alors que les messages de sympathie et les offres de collaboration s'accumulaient dans les commentaires... je ne me suis depuis plus jamais investie sur la scène médiéviste...

Depuis, dans d'autres domaines, j'ai travaillé à me faire des contacts importants, exprimé mon admiration à certaines personnes, ce fut à chaque fois le même manège: dès que ces personnes s'intéressent à moi, me témoignent de la sympathie, je perds systématiquement tous mes moyens et me replie dans le silence et la fuite. La chose allant en s'aggravant, je suis désormais paralysée par ne serait-ce qu'un message de sympathie sur un forum alors que la polémique ne me pose aucun problème: il faut me faire violence pour y répondre (la chose étant plus aisée sur un blog où j'ignore souvent tout de ceux qui me laissent d'aimables commentaires). Pire, plus la faveur que l'on me fait est importante, plus la distance hiérarchique qui me sépare de la personne que j'admire, avec laquelle je me suis pourtant efforcée par tous les moyens d'entrer en contact, est grande, moins je puis répondre à son invitation ou lui témoigner ma reconnaissance. Cette phobie s'exerce sur tous les domaines: rencontres fortuites, personnes célèbres que j'ai réussi à approcher, organisateurs d'événements, autorités politiques etc. et me pousse à m'enfermer de plus en plus, terrée dans l'obscurité de ma chambre où sympathie, considération, estime ne peuvent m'atteindre.

 

 

Si j'en suis réduite à ne pouvoir ouvrir les mails que m'envoient des amis japonais, terrifiée par avance par la sympathie qu'ils vont contenir et l'honneur qu'ils me font de me la témoigner; si je contemple avec horreur « 7 nouveaux messages » contenant ceux de personnes dont j'admire l'oeuvre et qui me proposent une collaboration, qui stagnent depuis des mois, accumulant remords, honte et conscience de ma goujaterie qui ne font qu'en interdire encore plus la lecture; si j'ai du disparaître brutalement de trois milieux différents où je commençait à susciter quelque intérêt, la chose est pire encore dans le domaine des sentiments. Certaines personnes me font la faveur immense, du haut de leur expérience, de me témoigner une amitié des plus précieuses, pure, forte et que je chéris plus que tout au monde, et plus mon amitié et mon respect pour elles est grand, moins je peux répondre à leurs messages et sollicitations, plus j'ignore leurs appels, plus je me sens indigne, misérable, honteuse, et moins j'ai le courage de décrocher le téléphone quand s'affiche leur nom, de ne serait-ce que lire le SMS qu'elles m'ont envoyé, et ce cercle infernal me réduit à une terreur pure et simple du téléphone: et si jamais on me voulait du bien! Aaaaaargh, c'est trop épouvantable!

 

Bien sûr, les sentiments que je voudrais leur témoigner bouillonnent sous le couvercle inébranlable de honte, de mépris de soi et viennent paralyser chacun de mes mouvements. Veux-je mettre de l'ordre dans mes affaires « X, Y et Z se font du souci pour toi, ils se demandent sans doute ce que tu as contre eux, pourquoi tu méprises leurs appels, toi qui n'est qu'un chiot face à eux », veux-je faire ma toilette « A, B et C t'ont proposé tel et tel projet, si tu avais répondu, depuis 5 ans, imagine quelles expériences formidables tu aurait vécu, tout t'es offert sur un plateau, et tu ne saisis rien », veux-je me nourrir « souviens toi de Yusuke, petite idiote qui a fuit alors que la situation était plus idéale que dans 15 séries de shojo manga réunies, souviens toi que tu as négligé le garçon dont tu avais toujours rêvé, il y a 3 ans ».

 

J'ignore quelle est la mère de ce monstre, est-ce l'orgueil de ne pouvoir accepter aucune faveur de personne? Est-ce la défiance, faisant paraître douteux tout don gratuit? Est-ce un profond mépris de soi qui me persuade de mon indignité de toute considération et toute affection? N'est-ce pas tout simplement un dramatique manque de courage qui me fait me réfugier dans les ténèbres de la solitude quand je suis éblouie par trop de bienveillance, à la Sunako Nakahara?

Vous qui souffrez de la même « agapophobie », si je trouve quelque épée magique pour décapiter sa trogner immonde, et si personne entre temps n'a trop ouvertement témoigné du plaisir qu'il avait à lire ce blog ou proposé quelque collaboration, m'obligeant ainsi à le fermer volontairement, ou à oublier toutes ses référence dans un gigantesque acte manqué, je vous promet s que je partagerai la chose avec vous! (si vous l'avez déjà trouvée, faites en donc de même par commentaire, ça sera bien bath!)

 

PS: à propos de commentaires, je réponds bientôt...

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 21:04

Si à nouveau je laisse courir mes doigts crochus et osseux sur le clavier de ma petite bestiole, ça n'est pas, miracle, que votre serviteur en a fini avec sa dépression chronique et progressive et, en un claquement de doigt, s'est transformé en oeillet du Yamato, non, loin de là. C'est que, me repliant depuis de mois, des années, de plus en plus profondément dans les ténèbres fangeuses de ma bile noire, j'ai fini par toucher le fond et entreprendre vaillamment, avec un nekketsu digne de Seiya face à son 82ème escalier de quelques 200 marches de marbre, de creuser ma tombe. Le moment d'y sauter arrivant, je me suis dit que je ne pouvais décemment pas tirer ma révérence sans aller voir l'adaptation burtonienne des aventures de notre loli préférée d'Alice, je me suis donc précipitée non pas au royaume d'Hadès (qui pourtant est plutôt beau gosse, mais il ne perd rien pour attendre) mais dans le terrier du lapin blanc.

 

Mes attentes n'étaient pas bien hautes, certes, c'est Burton, oui, avec LE sujet onirico-obsessivo-symbolico-perv par excellence, mais c'était surtout produit par Disney... Je m'attendais donc surtout à quelque chose de beau, de léché, d'esthétique. Je n'ai pas été déçue, mais alors pas du tout. Ce film est une splendeur! J'espère ne pas me tromper en affirmant avoir reconnu, lors de la scène mondaine, un manoir du Kent où vécut Jane Austen et que j'avais eu le bonheur de visiter il y a bien longtemps, peut être est-ce parce que le parcourant, je me plaisais à imaginer toutes sortes et créatures et précisément le lapin blanc carollien dans les différents jardins ou je crois que le début et la fin du film ont été tournés. L'IRL est beau, mais que dire de Wonderland! Dès que l'on pénètre dans la forêt, bing, les arbres, signés Burton, petit sourire intérieur, aaah cette végétation qui a elle seule recrée tout l'univers onirique et obsessif propre à l'oeuvre originale! Bon, soyons clairs, la 3D n'apporte pas grand chose, on peut s'en passer. Point de vue architectural, les deux châteaux sont beaucoup trop disneyformes, c'est vraiment dommage, mais le génie de Burton parvient à grands renforts d'éclairages à rendre celui de la Reine Rouge semblable à Minas Morgul, et ça claque! D'ailleurs, son espèce de gros zoziau d'attaque m'a fait illico songer aux montures des Nazguls (le cri surtout), et tant que nous sommes dans les oiseaux, le dodo a vraiment une tronche de chocobo! Esthétiquement parlant, j'ai l'impression que le Seigneur des Anneaux est une source d'inspiration assez constante: outre les deux exemples précédents, la scène où la Reine Rouge prend le pouvoir et chasse la Reine Blanche ressemble assez au sac de la Comtée, surtout à cause de l'atmosphère de fête y régnant auparavant, la Reine Blanche fait assez galadriellienne (en plus tarte), mais bon, une dame blanche, aussi, c'était courru d'avance... mais le top du top est la bataille finale! Le duel Alice vs le Jabberwocky (qui en tient une sacré couche dans le genre nazgulien), la ruine sur laquelle ils montent est mont ventesque en diable, et surtout, une guerrière blonde en armure qui zigouille un gros bestiau noir ailé, ça ne vous dit rien, à vous? Mais QUI irait se plaindre de ces références? A noter que pour cette scène, nous (oui, j'ai des amis, je ne vais pas au cinoche toute seule, tout ça...) avons songé à Hilde de Soul Calibur (surtout qu'à un certain moment, le décor faisait VRAIMENT arène!) et saint Michel terrassant le dragon (le moment du coup fatal est très très très épique!!! superbes images!!!) également (pour ma part, j'aime bien voir des créatures à caractère angélique fondre de haut sur leur proie et les achever d'un gros coup d'épée, mais c'est une obsession personnelle...). Et voilà pour l'esthétique, je vous ai déjà spoilé la moitié du film, je vous laisse découvrir le reste.

 

Passons au jeu d'acteurs. Comme on pouvait s'y attendre, Johnny Depp et Helena Bonham Carter se distinguent clairement du reste. Bon, pour Depp, le rôle de fou pervers charismatique n'est pas vraiment une découverte, mais à chaque fois il invente une nouvelle façon de le jouer, donc chapeau bas, c'est le cas de le dire (par contre, la danse à la fin sent son disney à plein nez « tiens, on va mettre un truc super moderne et super anachronique sans rapport avec rien avec une choré inspirée par je ne sais quel danseur/euse de pop de merde qui va faire fureur sur les cours de récré » c'est assez difficilement supportable). Pour ce qui est de miss Bonham Carter, elle est monstrueusement attachante avec son jeu de regards en coulisse, donnant à son rôle toute l'ambiguïté que nous développerons après. Le reste est assez médiocre... Mentions spéciales au chat et à la souris: le Cheshire Cat est vraiment bien fait, adorable, drôle sans être grotesque, séducteur à sa féline manière et la petite souris de la théière qui est une guerrière redoutable est joue souvent le rôle clef dans les batailles est culte!!!

 

Mais le plus grand trait de génie de ce film ne se trouve pas, à mon sens, du côté de la trouvaille esthétique: tout cela est très beau mais très traditionnel, mais bien du côté de l'interprétation tout en subtilité de cette « guerre des deux roses » qu'est la lutte fratricide entre les Reines Blanche et Rouge. C'est là où Burton se montre génial: il n'assène aucune morale mais parsème son oeuvre d'indices parfois assez flagrants pour une conscience adulte mais que les enfants les plus jeunes pourront ignorer pour savourer un film innocent et agréable. Le premier sentiment que j'ai eu fut de la sympathie pour la Reine Rouge, non, pas à cause de ma propention à prendre systématiquement le parti des méchants, mais bien parce que je pense que c'est ainsi qu'a voulu la représenter le réalisateur: vive, excentrique, amoureuse, colérique mais surtout profondément fragile et blessée, et tout cela prend sens dès que nous découvrons la Reine Blanche, magnifique (les goths ne vont plus se tenir, attention magasins des Halles: white is the new black!), séductrice, entourée de fidèles sincères et surtout insupportablement creuse, superficielle, morte! Enfin, cet antagonisme cristalisé lors de la bataille finale m'a arraché un cri: Marie Stuart (aucun rapport avec la guerre des deux roses, n'allez pas tout confondre hein, on dirait encore que c'est de ma faute!) avec Marie Stuart en reine blanche et Elizabeth en reine rouge. Mais développons cet antagonisme et l'étrange choix que fait Alice plus en avant, dans l'ordre où j'en ai pris conscience.

 

La vie et la mort, tout d'abord. C'est d'abord la vie débordante, bouillonnante, de la Reine Rouge qui nous frappe, symbolisée d'abord par sa couleur, mais aussi par son rôle de « dame de coeur »: j'avoue que je peux sembler un peu dingotte de psychoter là dessus en pleine séance de cinéma, mais elle m'a semblé symboliser l'eros, la pulsion de vie, voire même la volonté de puissance nietzschéenne, cette vie, cette passion qui ne va pas sans violence, sans folie (dionysiaque) sans grotesque. Ici, la vie est quelque chose de monstrueux, de séduisant, d'ardent, de fou, de tyrannique, de cruel, une énergie qui fait peur, qui envahit, qui livre bataille, et qu'Alice va fuir, se rangeant du côté de la Reine Blanche, alias Thanatos.

Cet aspect morbide de la Reine Blanche (ou plutôt Dame Blanche?) m'a frappé dès sa première apparition, et cette polarité est toujours plus accentuée alors que le film progresse: elle est la reine de ce qui ne bouge pas, de l'immuable, du sans vie, son palais ne s'appelle-t-il pas Marmoria? Les marbres du tombeau... Elle le dit elle même, en plongeant des doigts de cadavre dans sa potion de sorcière « j'ai laissé à ma soeur le règne sur les êtres vivants » (je ne sais plus si ce sont les mots exacts) on ne peut être plus clair: elle règne, elle, sur l'empire des choses mortes, de la beauté éternellement figée. Sa couleur est un indice: en Asie et dans les cours européennes, le blanc est la couleur du deuil, que ce soit le linceul ou le deuil des reines et princesses, son teint livide, ses lèvres noires en sont un autre, encore plus frappant. Enfin, qui donc est l'antagoniste de la Dame de Coeur si ce n'est la Dame de Pique? Sa gestuelle encore offre un indice: elle ne touche à rien, gardant le mains hautes, sans agir, séduisant pour qu'on agisse à sa place, elle n'a aucune vie.

Nous avons donc une reine de sang face à une reine de glace, la vie dans son tourbillon monstreux, l'eros comme un grand bébé capricieux face à la mort dans sa beauté figée, thanatos comme une idole fascinante. Et c'est là que Burton est à la fois subversif au sein d'un film Disney (faut le faire! Chapeau, bis!) et colle à ma, à notre génération (bon, ok, si je me mets à faire le portrait de « notre génération » comme ayant perdu son énergie vitale, refusant toute tension et n'aspirant qu'au calme dans le froid giron de notre mère la Mort, comme coupée de la racine bouillante et combative de la vie, alors que moi même m'abîme néo-romantiquement dans la contemplation de Thanatos avant de faire des pompes en fundoshi sur du Wagner, je vais me faire arrêter par la police nippone des gros clichés bien massifs avant même d'avoir eu le temps de me faire seppuku, ça serait con ça...(je rêve ou j'ai écrit « gros cliché bien massif » haha, t'as vu comme il est bien massif, mon gros cliché? Bon, j'arrête...)) car c'est bien la Dame Blanche qu'Alice décide de servir, plutôt qu'une Reine Rouge effrayante d'énergie. La beauté, la distinction, le doux apaisement dans les bras cadavériques de la Dame de Pique, tel est le choix d'Alice...

 

J'y ai ensuite vu un aspect historique, comme un jugement, plus moral cette fois, contre la diabolisation de l'ennemi et le manichéisme en général. En effet, si l'on juge leur situation d'un oeil extérieur, aucune des deux reines n'est préférable à l'autre: l'une a exclu l'autre de l'affection de ses parents, a séduit tous ses soutiens pour les attirer dans son camp, et entends bien priver sa soeur aînée, régnant donc de plein droit, de son pouvoir, l'autre s'accroche à sa couronne par la tyrannie la plus odieuse, fait régner la terreur pour se donner l'illusion d'une popularité. Lors de la scène finale, le désespoir de la Reine Rouge, sa souffrance est flagrante (elle est la seule des deux qui puisse souffrir et aimer, elle donne amour et terreur, la Dame Blanche elle, ne donne rien, elle prend, encore une pierre pour le dualisme eros/thanatos) alors qu'elle perd tout, face au tyran haï enfin terrassé, la Reine Blanche se donne le luxe de la magnanimité, pas d'exécution physique, mais la condamnation morale, la diabolisation. Cela m'a étonnamment rappelé le « vae victis » des Américains lors de la seconde guerre mondiale et des toutes celles qu'ils ont mené par la suite (guerre froide, Vietnam, Golfe, Afghanistan, Irak...): non, nous ne vous exterminerons pas, nous sommes tellement au dessus de ça, nous allons démocratiquement nous offrir le luxe d'à la place de D.ieu, que naturellement, nous représentons, vous condamner, démons, à l'enfer de l'infréquentabilité morale. C'est sans doute une interprétation très personnelle, mais il n'est pas entièrement absurde que Burton ait voulu donner une pichenette au manichéisme américain, le faire, si telle est réellement son intention, dans un film Disney, c'est du génie pur!

 

Je ne me relis parce que j'ai l'impression qu'avec mes élucubrations, je pourrais concurrencer sévèrement le Chapelier Fou ^^ on garde toutes les phôtes d'aurtohgrafe, ça fait plus authentique... A je ne sais pas trop quand mes petites chauves-souris, si je suis encore de ce monde!

 

PS: ayant posté cet article sur FesseBouc, une amie m'a répondu grâce à un élément de critique particulièrement pertinant, non pas historiquement mais politiquement, à propos du machiavélisme politique de la Reine Blanche et de la possible analyse dictature vs démocratie... il faudra que je lui demande la permission avant de reproduire ici ses propos, et en attendant, bien que cela soit peu compréhensible en l'absence de son analyse, voici ma réponse:

 

 "j'aime beaucoup l'idée de complémentarité entre les comportements d'Alice avec les deux reines, le trop plein et le trop vide! Si on va dans le machiavélisme, ne pourrait-on pas dire qu'Alice n'est pas plus libre chez la Reine Blanche? Cette dernière fait mine de la laisser seule maîtresse de ses actes (avec une voix qui pue l'hypocrisie) tandis que la pression non dite ne lui laisse qu'un choix: zigouiller cette putain de bestiole, elle ne pouvait rien faire d'autre sous peine de se prendre la sanction morale de tout le monde en pleine poire. C'est pour ça que j'aime bcp ton analyse démocratie/dictature que je n'avais pas poussé à ce point (j'étais restée coincée dans la vision historique): la dictature t'impose ta passivité par la violence, la "démocratie" t'impose ton action par le "politiquement correct" qui est cette pression muette liée à la "sanction morale"... c'est assez désespérant, en effet..."

 

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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 00:48
comme promis, je détaille un peu plus les Rencontre d'Aubrac! (soit dit en passant, je mets un peu à jour les réponses aux commentaires...)

"Cette année, la Saison culturelle de la Turquie en France et la commémoration du cinquantenaire de la mort de Boris Vian seront au coeur de notre manifestation."
ne vous inquiétez pas pour la Turquie, ça n'est pas si vrai, bon, bien évidemment je conchie cette Saison,  qu'ils rendent Constantinople aux Grecs et on en reparlera, non mais! pour Boris Vian, par contre, ça promet d'être fendard!!!

Le colloque va s'ouvrir sur une anthologie absurde de brèves de tribunaux et autres joyeusetés (oui, j'avais oublié de le signaler, le thème du colloque, cette année, est l'absurde!!! comme ça l'est déjà très souvent, cela promet d'être le chaos le plus fou, tel que les Banshees warhammeriennes vont avoir l'air de carmélites!!!)
Francis Cransac (ZE boss, le créateur des Rencontres, il roxxx, mais je vous l'avais déjà dit il y a deux ans!) tiendra un dicours inaugural "éloge de rien dédié à personne" c'est ne rien taire.. j'adhère!
Puis Claude Gaignebet entrera en scène, Gaignebet... l'icône des Rencontres à mon humble avis!!! ses conférences sont des fractales de détails liés les uns aux autres par des cheveux de fées, c'est très très intéressant mais surtout complètement fou... je n'ose imaginer Gaignebet déchaîné sur l'absurde... si ça se trouve il va nous faire qqc d'académique en 27 points par pure provoc'!!! L'avantage non négligeable de Gaignebet est la "belle dame" qui l'accompagne, icône n2 des Rencontres, si vous la voyez, vous saurez ce qu'est la Beauté, éblouissante de ténèbres, la Morticia Adams d'Aubrac!
Cette année, j'ai un frère orthodoxe dans la place,  yeeeehah!!! Matei Visniec nous parlera de la "Resistance en Absurdie" et Dieu sait si les Roumains en ont développé, de l'humour absurde, pour supporter le "génie des Carpates"... en espérant qu'il y aura de la tsuika... ^^
La classe ultime: Ronald Perlwitz pour une conf sur Hoffmann, alors là, là, je suis au Paradis de la Salamandre, perdue dans l'exaltation fascinée des yeux émraudes vipérins, Hoffmann!!! après Novalis, l'auteur qui fait le plus vibre mon âme!!!
Bizarre, Dido Lykoudis, merveilleuse comédienne GRECQUE va nous lire des contes TURCS, wtf???
Oh, et puis zut, je n'en puis plus, si je vous dit tout, je vais mourir d'exaltation (comme une Claymore) avant la fin, donc allez voir vous même, mais il va y avoir du médiéval, du Lewis Caroll, du Huysmans (OMG!!!!), du Vian, du Rabelais (comme d'hab  ^ ^) du Borges, du nippon... aaargh!!!
si vous êtes libres, vous n'avez PAS LE DROIT de ne pas venir!!! (et en plus j'y serai, comme dirait George, what else? ^^)
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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 19:58
 

Après le SM, et pour panser nos fraîches blessures suintant de pus et de sang laissées par un fouet impitoyable, intéressons nous à ceux qui aimeraient bien mais n'osent pas, qui dissimulent leur juvénilité cutanée derrièreune couche de plâtre blanc, dont l'ambition secrète héritée d'un lourd passif infantile est de pouvoir toucher le plafond à force d'empiler les semelles sous leurs chaussures, à ceux qui sont restés bloqués à l'époque de leurs primes amours, les années 80, à ceux qui pensent qu'ils pourront plus facilement draguer parmi des gens qui aiment les monstres, à ceux dont la chevelure rend parfois un culte secret à Cthulhu: nos amis les gothiques!!!!

(oui, ça va être caricatural, ultra réducteur et tout et tout, je vous prie de noter, si cela peut apaiser votre ire, ô goth's (on se demande toujours où placer le S par rapport à l'apostrophe, nécessaire à la différenciation entre les fiers barbares germaniques et les chetifs décadents mélancoliques) qui pourriez passer par ici, qu'il s'agit en partie d'auto dérision)

 

C'est la quatrième fois (attention, le nombre maudit, la Mort en japonais, éclairs s'il vous plait et effet cathédrale, comme dirait Trichelieu) que je traîne mes NewRocks en soirée goth' et pense donc avoir un embryon d'expérience comme matièrepour ma misanthropie active. Je fus trois fois aux Caves du Théâtre de Neslepour les soirées du Crépuscule des Damnés (tout est dans le nom! La plus grande qualité, le plus grand panache du gothique étant de ne craindreaucunement le ridicule) et une fois (qui sans doute sera la dernière) à une soirée Lutetia Noir au Klub, je ne peux donc vous offrir qu'un tableau fragmentairede la scène underground au sens propredu terme (mais uniquement) goth' parisienne (promis, par pur dévouement pour mes lecteurs (faites semblant de me croire, ça me fera plaisir) j'irai à la prochaine nuit ElektroChok qui m'avait tout d'abord rebutée par sa localisation plutôt excentrée).

 

Débarrassons-nous vite du plus désagréable: la soirée Lutetia Noir au Klub. Ledroit y participait (il y avait auparavant une séance dédicaces au Black Dog) accompagné de Dame Claudia, le honteux équivalent potichien des miss dans le monde goth', une prostitution de l'oeuvre encouragée par son auteur, y'a d'la joie! Cependant, cette Dame Claudia étant d'une grande beauté (j'en profite pour préciser qu'en critiquant le concours et son organisation, je ne juge en aucun cas la lauréate dont l'intelligence est peut être à l'image de la beauté) il y avait au moins quelque chose à mater dans cet étalage de mauvais goût. Le prospectus indiquait deux niveaux, deux ambiances, un “cabaret érotique” un “donjon noir” et des sushi girls, la soirée se tenant le lendemain de la Nuit Démonia, je croyais être prête à tout et vaccinée contre la débauche de vulgarité, je m'imaginais une ambiance SM dans le donjon (logique) une atmosphère années 1930 pour le cabaret, quant aux sushi girls, j'avais déjà entendu parler du concept mais jamais vu cela IRL, c'est donc très intéressée que je descendis l'escalier du Klub, seule, ce qui ne me dérange guère en temps normal.

 

A minuit, l'endroit était tout ce qu'il y a de plus banal, un bar, une piste de dance, un DJ balançant de la mauvaise electro même pas teutonne (une catastrophe de lenteur, d'absence de rythme, de banalité). La seconde salle dut ouvrir entre une et deux heures du mat', la musique y fut encore pire (si, c'est possible!) de la bouillie pour nostalgiques des années 80, autrement dit, la maison de retraite de la soirée, le réservoir à mecs bourrés, à personnes laides et lourdes. Louons cependant le manque d'imagination du DJ qui passa au moins trois fois “Eternal Torture” d'Athamay, sans doute pour essayer à toutes forces d'instiller un gramme d'érotisme déviant parmi de désespérantes épaves, ce qui eut le mérite de me faire découvrir ce groupe fort appréciable (pour vos soirée SM, bande de libertins!).

En haut, un groupe de jeunes gens tendance cyber punk et metal prirent d'assaut la piste de danse, une fille, fort jolie et deux garçons, pas mal vus de loin qui me firent tout d'abord bonne impression, d'autant plus qu'ils étaient les seuls avec moi à oser commencer à se remuer (et oui, premier point commun avec les goth's: je n'ai pas peur non plus du ridicule, sinon je ne tiendrais pas de blog d'ailleurs), il faut dire aussi qu'ils constituaient une des rares choses qui n'étaient pas insupportables à regarder. Ils firent cependant rapidement preuve de la plus abjecte vulgarité et continuèrent leur naufrage tout au long de la soirée: les deux garçons se mirent à danser de façon outrancièrement lascive et suggestive, sur scène qui plus est, or si je n'ai rien contre l'homosexualité affichée, ça n'était de tout évidence pas le cas mais bien plus un désir puéril de jouer les déviants, se donner un genre, leur danse n'était ni érotique ni sensuelle mais incroyablement ridicule et vulgaire. Bien plus tard dans la soirée, alors que le “cabaret érotique” se produisait, j'eus la malchance d'être à côté de la fille et d'un des deux gars, son petit ami, et d'entendre avec horreur leur conversation, si l'on peut ainsi nommer les excréments qui sortaient de leur bouche, enfin, de celle de la fille “tu bandes?” (geste de vérification à l'appui) “ah non, même pas”... consternation...

Le reste de la clientèle était constitué de vieux débris crasseux, de Dita von Teese de bas vol (c'est à dire des filles fringuées en putes dominatrices des années 50 sans avoir un poil d'embryon de la classe de Dita), dans le même style mais en beaucoup plus classe, une jeune fille vue à la Nuit Démonia (dont le style, le chignon, l'allure m'avaient déjà frappée, enfin, façon de parler bien sûr!), signalons des steam-punks fort ridicules, une fille laide à coiffure encore plus laide (rasée avec des pattes sur les côtés) mais bien habillée (style victorien) ce qui hélas me semblait un peu déplacé pour l'ambiance et surtout pour sa laideur, un garçon fort banal qui faisait très ingénieur informaticien endimanché (en queue de pie et haut de forme), une petite pouffe peroxydée version gothloli kawai, surexcitée à donner la nausée (est-il nécessaire de démontrer le ridicule ultime de ces jeunes femmes qui se fringuent comme des bébés et bloquent volontairement leur croissance intellectuelle et affective à un age proche des 5 ans?).

Si ces grotesques personnages s'étaient montrés accueillants, ou ne serait-ce que neutres, je les eus sans doute moins méprisés, mais du début à la fin ils me regardèrent de façon étrange, comme si j'avais un escargot sur le nez ou débarquais d'Uranus (ou les deux!), je ne vais pas prétendre m'être habillée de façon moins ridicule qu'eux (robe de “princesse qui a mal tourné” vert sombre à décolleté profond masqué par de la dentelle noire, bas résilles troués et New Rocks à haut talon) mais un peu de sympathie entre gens fringués bizarrement eut été la bienvenue.

Notons aussi l'apparition en milieu de soirée d'une sorte de cosplayeur au costume fort intéressant et au physique agréable à l'oeil, qui, comme par hasard, appartenait au groupe de jeunes précédemment cités (mais eut la décence, à ce que je pus voir, de ne point se livrer à des danses ou des propos orduriers), tout de vinyle vêtu, juché sur des New Rocks à double compensation, arborant le total look du guerrier post apocalyptique d'un manga cyberpunk, coiffure comprise (sûrement un boîte de gel entière pour fixer tout ça!)

 

Des filles, entrées vers le deux heures, me parurent très vite louches: leurs tenues très vulgaires respectaient tout juste l'esthétique de la soirée, elles se frottaient lascivement les unes aux autres. Pas laides, bien faites, certes, mais leur corps exhalait le stupre d'une façon nauséabonde, on aurait dit des prostituées traînées (si je puis dire) en soirée gothique. Lorsqu'après avoir sué une heure ou deux dans leurs tenues en synthétique elles revinrent nues des coulisses, je compris que c'était réellement le cas: il s'agissait des fameuses sushi-girls qui allaient se transformer en plateaux vivants.

Hormis l'aspect terriblement cheap de la chose (la kawaio-pouffe disposait sur leur corps des suhis tout juste tirés de la barquette plastique d'un vendeur chinois de seconde zone) je fus dégoûté par l'aspect malsain de la chose: louer des filles (ou des garçons) à un établissement spécialisé pour et qui viennent fraîchement lavés et frottés se faire recouvrir de mets délicats érotiquement disposés sur leur nudité peut être alléchant, attraper des sushi industriels sur le dos de courtisanes sales (après quelques heures de déhanchements dans du synthétique, c'est inévitable) à quatre pattes et auxquelles ont peut imaginer toutes sortes de maladies de peau me semble tout à fait repoussant, vomitif, gerbatoire!

Le pire du pire fut le soit disant “cabaret érotique”: les mêmes péripatéticiennes dénudées qui désormais devaient coller et sentir la poiscaille se tripotèrent. Inutile de préciser que tout ce qui dans la soirée carburait à la testo s'était agglutiné en une masse couillue, relégant toute idée d'élégance et détachement vampirique au placard des illusions perdues. Lorsque l'une osa un coup de langue sur le téton de l'autre je me cassai, me retenant très fort pour ne pas vomir mes tripes.

 

Les soirée du Crépuscule des Damnés se déroulent dans une toute autre atmosphère, l'eclectisme y règne, ce qui est autant une richesse (quand le DJ s'embarque pour plusieurs titre dans l'indus teutonne) qu'un aimant à boulets (toujours et encore les années 80 et leur cohorte de vieux libidineux). Elles trouvent lieu dans les caves du Théâtre de Nesle, dans un quartier qui a le mérite de n'être point trop mal famé (métro Odéon), les locaux sont assez exigus et l'idée loufoque de balancer de temps en temps des jets de brume artificielle (histoire de faire dark) rend murs et sols suintant au bout de quelques heures ce qui est particulièrement désagréable lorsque l'on veut s'appuyer contreun mur et surtout glissant! Mais ce qui fait le charme, le cachet de ces soirées sont les escaliers, interminables qu'il faut affronter dès que l'envie nous prend d'aller aux toilettes ou respirer un peu car l'air est tellement surchauffé en bas que l'on est parfois près de l'insuffisance respiratoire. Entre le sauna et les escaliers, le Crépuscule devrait être promu grande soirée régime et détox de Paris! L'autre particularité de la soirée est l'éclairage et les jeux de lasers, c'est souvent drôle, on danse dedans, on s'amuse à faire des effets de bague armure, d'ombres chinoise, on joue avec le rythme, c'est parfois vraiment lourd quand par je ne sais quel artifice on se retrouve complètement éblouie, pire que dans l'obsurité totale, incapable de voir à trois cm, lorsque la piste de danse est bondée c'est insupportable.

 

Comme chaque soirée, elle comporte son lot de mecs lourds, bourrés ou les deux avec en premier lieu le photographe, chauve et laid, qui m'a fortement énervée lors de ma première soirée où j'étais seule (ce qui fort heureusement ne fut pas le cas des deux suivantes) et surtout tous les nostalgiques batcaves. Parmi les habitués, j'ai surtout remarqué un couple d'âge mur, l'homme porte des cheveux gris et longs, la femme est exquisement belle, elle surpasse même Morticia Adams en charme et en élégance, ils sont tous deux très dignes et reservés. Le plus drôle dans ces soirées sont les gotho-romantiques ringards, ceux qui n'ont jamais posé les yeux sur une définition artistique et littéraire du romantisme, qui pensent que leur délire “je suis un vampire décadent” s'accorde à leur physique de paysan occitan, que le sang et l'amour c'est ultra pointu dis donc et qu'il sont tellement originaux avec leur “philosophie de la vie” qui ferait vomir un lecteur de la collection Harlequin, les rembarrer devient un jeu très distrayant! Passons sur les metalleux à la petite semaine qui pensent qu'ils sont trop true parce qu'ils sautillent sur Iron Maiden en boîte.

Le dress code est on ne peut plus large, TOUT est accepté, c'est pourquoi on y voit des glameurs, de clones du revival rock londonien à la Pete Doherty (je me prends pour un dandy en gratant trois accord chétifs), des glam rockeurs (j'ai une forte sympathie pour cette tendance joyeuse, colorée, outrancière), des paumés en jean et baskets, d'autres en costard, des cyber-punks, des punks tout court, des nostalgiques militaristes ou non des années trentes, des médiévalisants, du latex, du vinyle, du velours, du satin, de la dentelle, du cuir: tout!

 

La musique et à l'imagede la clientèle (ou peut-être est-ce l'inverse) mais présente un gros point noir: le DJ, au lieu de mélanger toutes ces influences (diversité qu'ils disent aujourd'hui ah les cons!) en une joyeuse macédoine sonore se lance dans des périodes quasi-cicéroniennes: on n'a pas un titre d'EBM, du glam, du métal, de l'indus, re-EBM, batcave etc... non, il nous fait des blots, il vend la musique en gros (on est pas dans le sentier, zut à la fin!) ça part par lots de 3 ou 4, sauf (malignité du DJ) quand c'est de la musique de merde, là il destocke par demi-douzaines! Ce qui fait qu'après s'être défoulés sur Steinkind on s'éclate sur Wumpscut et hop Straftanz et c'est quand on est à bout de forces par ce déchaînement d'énergie que le vicieux nous donne le coup fatal, boum: Laibach! Au contraire, on désespère, on monte et descend plusieurs fois les escaliers, on invoque tous les Grands Anciens et pourtant, inlassablement l'arrivée du synthé après quelques bruits prometteurs vous l'annonce: 5eme titre, 5eme merde, et ça n'est que quand tout espérance est abandonnée, que l'on comprend le sens profond du nom de la soirée, que l'on s'aprêteà se faire seppuku avec une bouteille brisée que retentissent les premiers accords d'Enter Sandman.

 

Parmi la faune crépusculaire, quelques figures hautes en couleur, ou hautes tout simplement (parce que “hautes tout court” ça fait vraiment con) se détachent sur la brume importune et superflue qui fait que ça glisse au pays des merveilles: au cours de la première soirée, un particulièrement insupportable de néo-rockeurs à la brit wave, yeux ultra charbonneux, haut de forme (il m'a toujours paru éminement ridicule de danser avec un chapeau) ou chapeau melon, gilet de costume (cette horreur que l'on voit partout depuis trois ans, pouacre de pouacre), une jeune femme guillerette en robe blanche tigrée de noir, très glam. Je ne mentionne point ceux avec lesquels j'ai fait connaissance, qui sont devenus mes amis, car il ne s'agit plus à mes yeux de “personnages” mais de “personnes” bien plus profondes qu'une ombre aperçue en soirée, précisons seulement que lors de cette première soirée ils étaient incontestablement et de très très loin les plus classe, les plus beaux (honteux euphémisme), les plus interessants (ce que l'on peut très bin repérer à la façon de danser et de se comporter sur la piste). Lors de le seconde soirée, je rencontrai avec joie et surprise (enfin, il n'y avait absolument rien de surprenant) le guitariste du groupe Ashka. Pour le reste, je n'ai pas vraiment fait attention, à la musique non plus d'ailleurs, comblons ce trou (Trichelieu en herbe s'abstenir) par l'évocation du très sympathique videur qui enjoint avec bonhommie et humour aux fumeurs d'aller plus loin dans la rue pour ne pas gêner les clients d'un hotel qui fait face au théâtre et se réjouit de voir les jeunes filles peu couvertes risquer d'attraper une romantique maladie de sortie de bal, bref, un grand amoureux de Violetta dans le corps d'un rugbyman gallois (je ne sais pas pourquoi plus galloi qu'autrechose, mais le fait est qu'il fait très rugbyman). Mais lors de la troisième soirée, samedi dernier, il y avait matière à observer car outre les traditionnels glameurs, metalleux soft, libertines en dentelles et vieux batcaves la tribu des adorateurs de Cthulhu était au grand complet! Leur apartenance aux zélateurs des Cultes Innomable se manifeste par le poulpe capillaire qu'ils portent fièrement en hommage aux Grands Anciens: un agrégas sans nom de dreads ou tresses ou autres machins bizarres en tissus ou en plastique, par des lunettes de soudeurs ou de chimistes (référence explicite au professeur Munoz émigré à New York au début du siècle et qui maintint son cadavre en état de “vie” 18 ans après sa mort), par des masques à gaz car leurs bronches corrompues ne peuvent supporter l'air pur. Les filles sont en jupe courte, corset de vinyl et résilles, le corset est généralement assorti à la couleur des fausses dreads, très flashy, les garçons affichent un grand souci de l'égalité des sexes en portant le corset, mais n'osent encore la jupe (de l'audace, de l'audace messieurs!) bien que leur maquillage indique un fort et louable penchant à l'androgynie (ce qui rejoint tout à fait mon propre idéal de beauté, mais passons). Hélas, alors que leurs ainés avaient le droit à des hormones de croissance avec un virus en plus, ces malheureux en ont été frustré durant toute leur jeunesse, bien qu'ayant finalement atteint une taille normale, ils assouvissent leur désir primal en se juchant sur d'informes New Rocks ultra compensées (certains prétendent qu'il s'agit de déformation génétiques entraînées par un monstrueux mélange de sang prôné par les prêtres de Dagon), et en comblant leur frustration du virus en affichant les symboles de la radioactivité et d'une contamination ardemment souhaitée. J'eus le déplaisir de remarquer parmi eux les garçons très vulgaires de la soirée Lutetia Noir, toujours aussi vulgaires, toujours aussi malsains, la fille était moins reconnaissable, en outre j'avais déjà croisé un certain groupe deux fois dans la journée et parmi eux un jeune homme fort bien de sa personne (sans pour autant atteindre la cheville de la Beauté Incarnée mais s'en rapprochant un peu) qu'il me semble avoir déjà vu maintes fois dans les Halles, notement chez Black Norns. Ces créatures lovecraftiennement innomables manipulaient d'étranges sceptres iradiés aux lueurs étranges, peut être leur arme ultime pour propager le Chaos et faire sombrer l'humanité dans la folie et l'Immondice... on ne se méfie jamais assez!

 

Eh bien il n'y a pas de conclusion, car je ne fais qu'ouvrir une série de comptes rendus de soirées. La scène goth' offre une ressource infinie aux observations cliniques drôlatiques et je ne compte pas la lâcher de si tôt. Tout ça, vous l'aurez compris, pour ne point failir à ma mission d'exploratrice des Mondes Souterrains et d'inquisitrice undercover parmi les hérétiques, car vous imaginez bien que je ne prends aucun plaisir à cela, non, vraiment, je me force, c'est terrible! Ah quelle dévotion, quelle abnégation ne me faut-il pas pour me délester de mon bon goût, de mon sens aigu de la correction vestimentaire! Vraiment, que ne ferait-on pas pour rendre service à la communauté! (si vous croyez ce que je viens d'écrire, envoyez moi un chèque de 1000 euros ou un bon d'achat équivalent chez New Rock, c'est que j'ai besoin d'une couverture moi pour affronter de telles créatures incognito!)

 

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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 16:31
 

Cela faisait des mois que je l’attendais, comme pour Noël, toute la joie résidait dans les préparatifs, s’habiller, en parler, prévoir «tu penses qu’il y aura ça ? et ça ? ohlala, ça va être géniaaaaal ! ». Comme Noël, on y est entré vers 23h, parées, excitées à l’idée de voir les nœuds savants des guirlandes, les poids faisant ployer les branches, les invités savourer les délices trouvés dans les bottes, mais surtout par l’appréhension, car ça n’était pas la Messe de Minuit qui nous faisait nous dépêcher à cette heure tardive place de Clichy le 11 Décembre 2008, sur des talons de 12 cm (mais pas aiguille cette fois, plutôt grosse bourrinade en métal) dissimulant cuir et latex sous un long manteau noir d’où ne sortait de lesdites New Rock, le collier à piques de 5 cm et la face outrageusement maquillée de noir, c’était ZE rendez vous de la scène SM fetish française auquel nous nous rendions, une amie que nous nommerons fort bucoliquement Lilith la Tigresse pour préserver son incognito, parce que sinon elle risque de se faire harceler par tous les paparazzi, soumis et talent scouts de la planète, ou pire, de se faire inscrire sur la liste Vieilles Pies du Baron, Lilith la Tigresse donc (encore undercover) et moi (full dressed, à se faire retourner les braves gens dans le métro), guidées par un intérêt PUREMENT SOCIOLOGIQUE, non mais ! par l’envie d’observer un milieu inconnu qui m’attire quelque peu esthétiquement parlant (SEULEMENT esthétiquement, merci de noter au passage) vers les portes de la Loco derrière lesquelles se tenait… La Nuit Démonia (tadzaaam) !


Bon, maintenant que j’ai assuré l’intro (un peu irreligieusement, certes, que l’on me pardonne), reprenons cette aventure dans une optique plus chronologique ! Tout commence par quelques lectures peu recommandables, puis une idée lancée : et si nous allions voir à la Nuit Démonia ce que ces gens font vraiment, qui sont ils, quelle ambiance y a-t-il, quelle musique y écoute-t-on etc… outre le fait que cela m’excitait follement de me déguiser en personnage tout droit sorti de fantasmes Ledroitiens (voir l’article sur Requiem). Nous partîmes donc à trois explorer la boutique Démonia où je m’étais déjà rendue quelques mois auparavant « pour voir ». Trois filles, trois khâgneuses ou ex-khâgneuses en goguette dans le Jardin des Piqûres (rhô, ça va, depuis le temps que je voulais la caser celle-là !). La boutique Démonia se trouve rue Jean Aicard, qui est perpendiculaire à la rue Oberkampf, metro Parmentier, ou Oberkampf, c’est un vaste sex-shop SM dans une ambiance tout sauf malsaine et glauque : c’est spacieux, branché sur Nostalgie ou je ne sais quelle radio gentiment beaufouille et pas du tout inquiétante (pas de la dark electro teutonne avec claquements de fouet en rythme, ni du death metal, des trucs zarbouillo-satanistes malgré le nom de la boutique), les vendeurs sont habillés on ne peut plus normalement, sont très très sympa et d’excellent conseil. Il y a un coin vinyle, un coin latex, un coin accessoires SM (fouets, martinets, badines, menottes et pour le reste je ne détaille pas trop non plus car ça n’est guère décent), un coin librairie (pas que du porno s’il vous plait ! de la littérature, de la socio (même si on peut considérer la socio comme la pornographie de l’université, je vais encore me faire des amis, hihi) etc…), un coin vidéo (porno pour le coup), un coin sex toys qui m’en a appris plus sur l’anatomie humaine que tous mes cours de bio ! (et sur les remarquables capacités réceptives de certains orifices, mais arrêtons nous là, enfin, tout de même, c’est assez impressionnant !), un coin bijoux en latex (pas mal du tout). Nous squattâmes une cabine à trois (je n’ose imaginer ce qui a du traverser le déviant cortex des clients en entendant les gloussements qui sortaient de ladite cabine) pendant toute une après midi, un samedi qui plus est, c’est dire si les vendeuses sont sympa ! D’autant plus que nous essayâmes à peu près tout le magasin (sauf les sex toys et les accessoires SM, ça va de soi !) avec force commentaires « oh mon Dieu, on dirait miss travlo 2008 » (moi, essayant un top qui mettait en valeur mon incroyable néant mammaire) « aaaargh, je suis coincée, sortez moi de là » « là c’est un poil vulgaire » (naaaaan ?! pas poss’ ?!) « là tu ressembles à Zorro » « hey, ça fait trop Darth Vader » « c’est horrible, je ressemble à un gros vers » (moi, dans un en haut en latex très couvrant et très moulant) «oh, merde, je l’ai mis à l’envers _ non mademoiselle, ça se porte comme ça _ mais la braguette ? _ précisemment ! _Aaaaargh ! » Après avoir essayé une robe chinoise en faux cuir, une veste en latex, une robe à la Marilyn Monroe en matière non identifiable, des tas de jupes et robes en vinyle, des pantalons en vinyle, des bottines à 15 cm de talon aiguille, des chaussons de danse de torture, des soutifs en vinyle (dix fois trop grands), des hauts en faux cuir etc. etc. etc… nous nous décidâmes à prendre nos places pour la soirée et un haut en latex à laçage devant (dans le style Xena) avec l’indispensable lait d’entretien pour moi, une robe über sexy mais pas trop courte (enfin, moins qu’une ceinture !) à trois boucles devant et en vinyle noir pour Lilith la Tigresse (bon, certes, il claque ce pseudo, mais c’est un poil longuet) avec un petit blouson en vinyle rouge très chic !

Et puis le grand jour est venu, celui que nous attendions toutes ! Nous nous sommes fardées et coiffées chez moi (pour Lilith cheveux libres, dégradé classe, robe de chez Démonia, bottines à talon aiguille (au demeurant vite troquées pour des ballerines plus confortables) pour moi total look Xena, frange épaisse et queue de cheval très haute, pantalon cuir à laçage, haut de chez Démonia, New Rocks de la mort qui tue (surtout le porte monnaie), poignets de force, collier à piques. La Tigresse (ouais, j’alterne par ce que sinon, on est pas rendus!) enfile un jean sous sa robe, un pull par-dessus, un manteau une écharpe et hop, ni vue ni connue, je t’embrouille, pour ma part, le long manteau de cuir noir ne faisait qu’empirer les choses… Dans le métro, nous apercevons un jeune homme pas trop mal de sa personne, cheveux longs et bruns, fut en cuir, gros sac : il en est, ce qui se confirme lorsqu’il nous regarde avec le même regard soupçonneux que nous avions porté sur lui : premier soulagement, il n’y aura pas que de vieux pervers moches ! Arrivées place de Clichy, négligeant que le boulevard du même nom forme un coude, nous nous paumons lamentablement et échouons sur un pont qui surplombe un cimetière, ce qui n’a rien pour me déplaire si ce n’est que deux filles dont une anormalement haute, trop maquillées, à 23h près de la place Clichy sous un réverbère, c’est très craignos, il vaut mieux filer fissa. Par chance nous tombons sur un fort galant escadron de la NSDAP en vadrouille (la youle, le Lonsdale et tutti quanti) qui nous remet dans le droit chemin (géographiquement s’entend). Après avoir doublé quelques groupes porteurs de talons hauts, gros sacs d’accessoires et longs manteaux en courant et riant comme des folles nous arrivons devant la Loco, filons au vestiaire déposer nos affaires et commençons à observer…


Il me semble assez inutile de vous faire une description exhaustive de la chose, ne me dites pas que vous ignorez le « A.I. aille » des fringues et attitudes SM, pour les innocents (mouais, à d’autres !) regardez Matrix 3 (mais pas la fin, surtout pas la fin, ouhlala, pas la fin !), section échange d’otages et diplomatie musclée chez le Mérovingien. Le dress code était assez rudimentaire : le bas (le fut, la jupe, la robe, le string, le harnais etc…) devait être soit en cuir, soit en latex, soit en vinyle (ce qui soit dit en passant envoie valser l’intellectualisme idéal prêté à la scène : ce qui intéresse, c’est le cul, la croupe, l’animalité, bonjour l’élévation suprasensuelle, Sewerin s’en retourne dans la blancheur de ses pages !). Moins extravagant que dans Matrix tout de même, enfin, moins goth’ et plus sensuel, c'est-à-dire moins de pics et de looks cyber punk, plus de pin ups. C’est le moment d’élaborer un plan, sinon nous risquons de nous perdre dans ce pandémonium, on va dire 1 l’organisation et les lieux, 2 la clientèle, 3 l’ambiance et les rencontres faites.

L’organisateur, qui avait sans doute développé ses déviances en khâgne, avait choisi de diviser la Loco en … trois atmosphères (certes, le fait que la salle ait trois étages l’avait sans doute quelque peu inspiré). Au sous sol, différents stands (comme à la kermesse, chic !), un atelier shibari, un masseur de pieds, un dessinateur italien (un peu à la , en moins grassouille, en plus classe, mais pas trash pour un sou, ce qui fait du bien parfois !) l’association Stand Up et un studio photos pour ceux qui étaient particulièrement fiers de leurs costumes. Au rez de chaussée, la piste de danse, le bar, des canapés et alcôves pour un petit fist fucking en loucedé (vu !) et le donjon derrière le rideau de scène (il ne s’y passait pas grand-chose, la plupart des gens pratiquaient un peu partout, ne voyant pas de raison pour se planquer derrière un rideau puisque tout le monde était potentiellement interessé, déviant, voyeur, désireux de participer etc… Des shows se déroulèrent sur scène jusqu’à minuit, rien de choquant, quelques pantomimes mais beaucoup de costumes impressionnants, surtout lors des défilés de mode, puis hop, on balance la musique et la soirée ressemble alors à n’importe quelle boîte, sauf que les gens sont habillés bizarre, voir pas habillés du tout et beaucoup plus respectueux qu’en boîte. A l’étage, le coin plus « cosy » avec resto (immonde bouffe asiat’ industrialo-glauquy, pour rien au monde je n’en aurais humecté mes lèvres !), expo d’art fetish (photos, peintures), musique douce et papote généralisée, c’était aussi le coin drague (mais pas cul) et le coin drogue (d’après ce que l’on m’a dit car je n’ai pas vu la moindre seringue, le moindre rail, le moindre cacheton).

La faune qui évoluait en ses lieux avait un age moyen de 45 ans, et encore, je crois que je les rajeunis un poil. Commençons par le hideux et réservons nous le meilleur pour la fin. Lilith eut une expression fort juste « c’est tellement moche que ça pique les yeux », et en effet, voir des vieux harnachés de cuir, organes génitaux exhibés, remuant leur fesses flasques et pendantes à de quoi rendre Bridget Jones anorexique, l’horreur, c’était que c’était une sorte d’uniforme pour les vieux. Au musée des horreurs, la créature la plus immonde jamais aperçue : une femme, vieille, grosse, sale, cheveux gras et défaits, habillée de loques répugnantes, un détritus des égouts, un immondice sur pattes, à la voir pouvait présumer d’une odeur fétide. Ce qui fausse l’appréciation est l’usage de certains soumis de se dégrader volontairement, de se présenter comme des déchets, comme des résidus d’asile psychiatrique, comme des étrons ambulants pour exciter le dégoût, la haine, l’envie de frapper. Citons aussi des travlos massifs et ventrus, de vieilles peau en montrant trop (de peau). Mais ces laideurs étaient minorités et le regard s’attachait plutôt aux reines de la soirée (dans tous les sens du mot « queen ») : de jeunes mannequins fetish arborant d’extravagantes toilettes, de fières dominatrices dont la classe imposait le respect autant que le fouet, de très beaux travestis (dont on ne pouvait deviner le sexe qu'à la voix), l'une en robe fourreau de latex, couleur écaille de poisson, portée sur talons aiguille transparents, ça ne ressemblait ni à un personnage lovecraftien, ni à un poisson d'argent géant (ce qui revient à peu près au même), une autre en costume de flapper très fitzgeraldienne (en latex, bien sûr), une troisième portant une robe d'inspiration chinoise noire outrageusement fendue, une, enfin, arborant la classe ultime des années 50, en noir et blanc, teint de porcelaine, coiffée d'un chignon brun impeccablement serré, très « parisienne », mentionnons surtout un groupe de jeunes gens d'une beauté et d'une classe foudroyantes que nous eûmes la joie d'avoir sous les yeux un certain temps dans le « salon de thé »: du pur yaoi (edit postérieure, si j'ose dire, huhuhu, point de yaoi car les bishônen en question ne sont point homo comme nous l'avions d'abord cru, réjouissez vous mesdames et tressaillez d'allégresse!) fantasmatique! Au fil de la soirée, certaines renoncèrent à tout artifice (hormis les talons hauts) et dansèrent en tenue d'Eve, d'autres revenant de s'être faites encordée préférèrent cette parure à tout autre costume. Pour le croustillant de la chose, n'oublions pas deux créatures lourdement enchaînées et entravées, entièrement couvertes de latex ou vinyle qui déambulaient, aveugles, telles des archo-flagellants post modernes. Un groupe de jeunes gens et filles rencontrés au studio photo (où nous ne posâmes pas, notre anonymité n'étant pas assurée par un quelconque masque, et lorsque l'une de nous, ou les deux, deviendra une célèbre politicienne, de telles images auraient pu faire désordre) semblaient sortir tout droit d'un manga: costumes cyber punk, New Rocks excessivement compensées, coiffures ayant du nécessiter au bas mot 10 pots de gel pour le groupe, costume de french maid ou de guerrière futuriste, eux avaient pensé aux masques, inspirés du théâtre No, qui leur donnaient un air spectral du meilleur effet.

La musique était des plus éclectiques, passant des classiques de discothèque aux classiques de boums (un grand moment: hurler l'Aventurier en chœur avec de joyeux trentenaires envinylés, combinaison rouge pour madame) sans oublier le punk, le metal (yeah! hélas, point de pogo!) et Nirvana!!!! Du coup je passai le clair de mon temps à me déchaîner (c'est le cas de le dire, huhuhu) sur la piste aux sons les plus bourrins tandis que Lilith socialisait à l'étage. Il faut dire qu'en temps normal, les relations humaines ne sont point mon fort, alors imaginez le désastre au milieu d'une horde (pour ne pas dire de LA Horde, quoique je ne vis point de Tauren, enfin passons) de déviants plus ou moins pervers: dés que l'on s'adressait à moi, surtout s'il s'agissait d'un individu manifestement du sexe opposé (masculin donc, pour ceux qui se posent des questions), j'hurlais NON! Surtout si la question commençait pas « est-ce que... », certes certains étaient attirés par la perspective d'un commerce charnel (les pauvres fous!) mais je pense aussi avoir férocement débouté des propositions plus innocentes (du style « pourriez vous garder mas place? M'indiquer tel stand? Éviter de m'écraser les pieds avec vos New Rocks? Me prendre en photo avec cet appareil? Etc...) mais tant pis pour eux, il ne fallait pas m'adresser la parole, point! Cependant j'eus le plaisir de voir que les personnes qui étaient manifestement intéressées par une petite séance de domination se montraient fort polies devant mon refus et ne paraissaient plus jamais devant mes yeux, ce qui est fort appréciable et autrement plus courtois que l'attitude de gros lourds de discothèque, qui pour être moins déviants, sont infiniment moins respectueux. L'ambiance générale était donc à la courtoisie entre adultes consentant, nous déambulions dans un gigantesque porno en direct sans que personne ne nous pousse à participer. Vous l'auriez deviné, malgré son effrayant pseudo, Lilith la Tigresse était la miss Relations Publiques du duo. C'est grâce à elle que nous rencontrâmes un homme que je crois pouvoir dire de bon conseil, ayant traversé les expériences les plus mortifères et délétères, en revenant avec quelques difficultés pour nous prévenir d'éventuels dangers liés aux milieux alternatifs sans jamais pour autant nous faire la morale. Bien sur, il y avait dans son discours à prendre et à laisser, mais il est toujours enrichissant d'écouter quelqu'un qui a beaucoup vécu, beaucoup vu et est assez généreux pour nous en faire part sans pour autant se mettre en avant. La Tigresse, moins farouche que votre servante, resta longtemps à s'entretenir avec lui (et en profita même pour se faire lécher le pied par un soumis qui passait par là et que je trouvais couché à ses pieds, faisant obstacle entre la banquette et moi lorsque je revins d'un petit tour de piste, préférant lui infliger la torture de la frustration plutôt que celle que son attitude réclamait mais qui m'aurait imposé un contact, ce que je redoutais par dessus tout fut-ce même par semelles interposées, je sautai directement sur la banquette et repliais illico mes jambes sous moi). Un peu plus tard, devant le stand du dessinateur italien, nous rencontrâmes deux jeunes gens qui, miracle, étaient (ou semblaient, qui sait, un bonus +3 en dissimulation est fort traitre) un peu moins pervers et dépravés que la faune locale et, re-miracle, partageaient une culture rôlisto-chaotique et métalleuse qui nous permit de discuter d'autre chose que de fouets, drogues, vinyle, bondage, tatouages et piercings: une oasis de geekitude, nous (enfin, surtout moi) respirions enfin!La boucle fut bouclée lorsque j'appris que la personne qui leur avait procuré des places, petite amie de l'un, amie tout court de l'autre, n'était autre que la vendeuse de chez Démonia qui avait eu jadis tant de patience à nous supporter et avec laquelle je m'étais déchaînée sur Nirvana: la bourrinade, il n'y a que ça de sain!(je trouve que c'est une belle conclusion, donc finissons ci!)

 

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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 16:15

 

Puisque je me tiens à mon plan quinquennal bloguesque avec autant de rigueur qu’un président de soviet imbibé de vodka, je m’en vais vous livrer quelques réflexions que m’ont suscitées une expérience faite en début octobre : le grand prix de l’Arc de Triomphe vu des coulisses ! J’avais appris que l’on recherchait des jeunes pour « gérer les flux de visiteurs » lors de la course, 100 euros à la clef pour la journée. L’intitulé était assez vague, je priais très fort pour que la forme masculine du mot « visiteurs » associée à l’idée de « flux » de soit que le fruit d’une règle de grammaire et non une proposition camouflée de basses besognes génito-buccales et ne savais guère à quoi m’attendre. Il nous fallait être à 8h sur place (pour ne quitter l’hippodrome qu’à 19h), je me préparai à un quelconque travail d’hôtesse (tout en m’étonnant de ce qu’aucune compétence en godon ne soit requise) et endossai un costume cintré noir sur chemise noire, chaussai mes bottes en vinyle à talon (trop) haut (j’en connais qui vont se faire des idées, Ménon Ménon, dirait Platon, elles n’ont jamais foulé autre chose que l’asphalte), et jetai mon manteau de cuir noir par-dessus, avec une petite écharpe moirée violette, j’avais indiscutablement un début d’embryon de classe. Il faut dire que ce qui m’avait motivée dans cette proposition était de pouvoir observer un monde qui m’était tout à fait inconnu (celui des turfistes) tout en découvrant les coulisses d’un tel évènement, intérêt fondamentalement sociologique, donc, et je ne fus pas déçue !

Lorsque j’arrivai, l’apparence de mes futurs collègues me surprit : jeans, baskets ou grosses chaussures, hideuses parkas, têtes de repris de justice. Je me demandais si je ne m’étais pas enrôlée dans quelque force occulte de sécurité un poil hooliganesque et commençais à réviser mes kata quand j’avisai une jeune fille aussi paumée que moi avec laquelle j’eus l’heure de partager quelques références internautiques. Peu après, notre mission nous fut révèlée (tadaaaaam) : jouer les panneaux indicateurs vivants pour parquer les bagnoles…. POIN POin poiiiiiiin, un rêve de flutes de champagnes, sourires accorts et fluent english qui se brise ! Mais le pire était à venir : il nous fallut enfiler un immonde k-way blanc (oui, b-l-a-n-c !!!!) aux couleurs de l’évènement (sponsorisé par le Qatar, vous imaginez si je jubilais…) et, cerise à l’arsenic sur le gâteau au curare, le fameux étron jaune fluo dont Lagerfeld dit si bien « c’est jaune, c’est laid, ça ne va avec rien mais ça peut vous sauver la vie », on peut considérer que l’on préfère mourir dignement, mais le calice de l’infamie ayant déjà été avalé avec le port du honteux k-way, cet ajout d’indignité n’était que peu de chose. J’eus sans doute péri de honte en apercevant quelque connaissance, mais fort heureusement, mes connaissances sont trop plouques pour entrer par l’accès Vieilles Pies où j’eus le privilège d’être placée (ce qui me consola quelque peu : j’allais tout de même pouvoir observer les toilettes, les voitures, les chapeaux etc…).

De 10 à 11h, nous vîmes arriver les premiers masochistes, principalement japonais, qui commençaient la queue avec la réjouissante perspective d’une heure d’attente dans le froid. Les voitures n’arrivaient pas encore en flux tendu (hum hum), j’eus tout loisir d’observer une interview de turfistes nippons par une chaîne tokyoïte : impossible de refréner le fou rire qui m’envahit devant le présentateur surexcité qui sautait partout en faisant de grand gestes presque comme dans une scène culte de Lost in Translation, le costume ridicule en moins ! Ça n’est que vers 11h30 que mon travail commença, à savoir diriger les taxis (par gestes) vers la file idoine, faire garer les voitures de places et autres bécanes arborant fièrement leur importance et leur pass Vieilles Pies et refouler les clampins en Twingo (c’est cruel mais c’est ainsi). C’est là que la chose devient intéressante sociologiquement, divisons fort khâgnalement notre analyse en trois parties : la clientèle, mes impressions, mes collègues.


Je fus assez déçue par les voitures, seules cinq ou six étaient réellement luxueuses et élégantes. Les toilettes aussi étaient, à une dizaine d’exception, assez banales, mais la dizaine en question valait amplement le déplacement. En général, les canons du bon goût semblent s’être arrêtés dans les années 30 et le prix de l’élégance est toujours remporté par une coupe stricte, ajustée, une robe (ou jupe) longue et étroite (mais sans mouler) égayée par un chapeau explorant la dimension horizontale. Les Anglais sont bien sûr en écrasante majorité et font preuve d’un redoutable mauvais goût, surtout visible chez les jeunes filles qui ne diffèrent en rien de pouffiasses américaines : cheveux libres et peroxydés, robe peu adaptée à leurs rondeurs, et pour certaines, tatouage à la cheville ! Au sortir de l’hippodrome, ils sont généralement plus noirs que Bakounine ce qui les rend finalement assez sympathiques. Une bande de jeunes Anglais attendant un peu trop longtemps leur chauffeur s’était lancée dans un chahut potache qui perturbait de façon bon enfant l’ordre que je m’efforçais de maintenir dans la circulation, lorsque l’un d’entre eux, se rendant compte après trois quarts d’heure d’attente qu’il avait oublié son parapluie (cela ne s’invente pas) alors que la voiture de places était enfin arrivée, du piquer un petit galop pour rejoindre ses camarades, je ne pus résister et l’encourageai d’un « Come on Dover ! » qui fit glousser toute la troupe. Certaines personnes étaient un tantinet énervées ou impatientes, mais se montraient tout à fait courtoises lorsqu’on s’excusait en souriant de la mauvaise organisation (un vrai bordel), certaines ne respectaient pas mes indications, mais que dire ? L’organisation doit être à leur service et de toute façon, il n’y a pas grand-chose à faire une fois que la voiture s’est arrêtée : elle ne restera de toute façon que quelques secondes, le temps de décharger (décidément !). Jamais personne ne fut agressif, discourtois, désagréable, hautain. Presque tous m'ont regardée avec sympathie, amabilité, m’ont parfois adressé des mots d’encouragement, souvent des remerciement, de temps en temps des coups d'oeil complices vis-à-vis de mes « collègues », il faut dire que du lot, j’étais la seule à peu près buvable. Que citer sinon de sympathiques Brits bourrés et un poil vulgaires, de nobles vieilles dames, des familles très versaillaises mais très respectueuses et pas le moins du monde infatuées de leur position sociale, d’adorables Japonais affolés ?

Peut être leur courtoisie à mon égard venait de ma propre prévenance au leur, sûrement même. Cependant il me semble que mon attitude, loin de la servilité de l’employé face au client, était la logique même. En dehors de toute question financière, il me paraît normal, lorsque mon rôle est d’accueillir des personnes, en voiture ou pas, de le faire en souriant, en commençant par « Bonjour », en m’adressant aux personnes par « Monsieur » ou « Madame », en les vouvoyant, en leur parlant en français (ou en anglais selon les cas), je ne vais pas non plus énumérer les choses les plus élémentaires qu’il m’est aussi naturel de pratiquer que la respiration. Ajoutons que le rôle d’un service d’organisation est de faciliter la tâche aux usagers et non de leur imposer des règles stupides, si ces règles existent, ça n’est que pour leur confort, en rien elles ne sauraient prévaloir sur leur volonté. En outre, ces gens ont dépensé une somme vraisemblablement conséquente, il me semble normal qu’ils bénéficient d’un service si ce n’est de qualité (car il faut bien reconnaître que je me suis une ou deux fois emmêlé les pinceaux), du moins courtois. Cette tâche m’a semblé particulièrement facile, pour le repas de midi (que nous prîmes vers 14h30), on nous servit de la nourriture de qualité, l’encadrement était sympathique, les clients également. Le travail lui-même ne présentait aucun désagrément. Rester 12h sur des talons aiguilles quand on passe sa vie en rangers en présente ! Beaucoup ! Bref, ce fut l’enfer, à la fin de la journée, il a fallu que mon chef me conduise à moto à la station de navette car je ne pouvais plus marcher (le plus drôle était qu’après que j’aie retiré les immondices vestimentaires infligés par l’organisation, les Anglais bourrés me prenaient pour une Vieille Pie et me parlaient de la course comme si je l’avais suivie avec eux).

Si quelque chose me déplut et me choqua lors de cette journée, ce fut par contre l’attitude puante de mes « collègues » et même de mes chefs. Ces derniers étaient tellement habitués à leur métier, connaissaient si bien les ficelles qu’ils en oubliaient qu’ils avaient à faire à des êtres humains et la politesse élémentaire que l’on doit à ses pairs : si un chauffeur désobéissait à leurs gestes ils hurlaient, se montraient agressif, bornés, stupides, administratifs. Mais le pire vient encore des employés dont c’était, comme pour moi, la première fois (c’est moi où c’est vraiment un article de pervers ce truc ?). Ils s’opposèrent d’emblée aux turfistes dans une lutte des classes tout à fait stérile et artificielle (eux ce sont de sales riches, nous on est moins riches donc on doit les détester, faire bloc contre eux). Quand on va à la rencontre de l’autre avec de tels préjugés de classe (ils sont tous arrogants, guindés etc…) on va droit à l’échec ! Ils râlaient contre tout d’une façon proprement incroyable, « je râle donc je suis », le syndicaliste de base animé par une haine aveugle du possédant. Répugnant ! Et pourtant j’allais vers eux sans a priori, en étant encore plus sympathique qu’avec les clients. C’est a posteriori que je leur trouve des têtes de repris de justice, après avoir constaté leur bêtise, leur laideur morale. Il faisait trop froid, les chefs étaient fous, stupides, névrosés, la nourriture était infecte, quel métier de clampin, on les traitait comme des merdes etc. etc. Quand à la clientèle, elle avait tous les vices du monde, c’était une bande de « pouffiasses » (certes mais pas plus que dans la rue), de « connards », de « snobs », de « prétentieux arrogants » et j’en passe. Je ne puis croire que ces gens là aient été différents avec moi et avec mes collègues, à moins que ce soit une tare propre aux turfistes que de souffrir de troubles aigus de la personnalité. Dans sa hargne pleine de ressentiment, l’un de ces attardés poisseux frappa le capot d’une voiture de luxe qui n’avait pas eu le bon goût d’obéir à ses ordre véhéments, et dont le chauffeur sorti, furibard, prêt à le cogner, ce que je compris parfaitement et même regrettai car il finit par se calmer. C’était la haine prolétarienne à l’état pur, ignoble, la populace qui à mes yeux prenait des traits de bête immonde. Qu’est-ce qui les empêchait d’être comme moi ? De voir en ces clients des êtres humains et non de « sales bourges » ? Pourquoi cette haine du dominant, ce ressentiment d’esclave ? Cette attitude odieuse due à des années de bourrage de crâne marxisant ? J’étais atterrée de voir une telle bêtise méchante, mesquine : pourquoi ne pensent ils pas en personne mais en moutons, en cellules d’une « classe » ? Pourquoi le fait d’avoir de l’argent suscite en eux la haine ? Certes, je devine que, même si la division de la société en « classes » est pour moi nulle et non avenue (il n’y a que des différences d’éducation, de culture, l’argent n’est rien, un riche intelligent appréciera la compagnie d’un pauvre cultivé ce me semble, et vice versa) je devine donc, bien que ces mots aient peu de sens pour moi, que ces gens, mes « collègues » d’un jour vivent dans un monde qui n’est pas le mien, que les tenants d’une anthropologie des classes diraient que c’est parce que si je n’avais pas été en mission, undercover, j’aurais sans doute eu plus de chances de me trouver parmi les clients que parmi les employés que je n’ai eu aucun problème avec ceux là, et cependant, s’ils n’avaient pas fait preuve de tant de sottise, je me serais aussi fort bien entendue avec mes collègues comme le laissait augurer le début de la journée. Ajoutons quelques réflexions croustillantes digne d’un zinc malpropre « ouais ben ça prouve bien une chose, c’est que dès que tu files un peu de pouvoir, un peu d’importance à un type, il va se croire super fort, indispensable et il va faire peser son ridicule brin de pouvoir sur tout ce qu’il peut », ce qui certes est vrai, quoi qu’un poil réchauffé, mais devient franchement comique lorsque le même orateur de comptoir hurle de tous ses poumons et multiplie les gestes obscènes contre la Jaguar qui s’est arrêtée 20 cm trop tôt en insultant ses passagers ! Notons aussi l’organisation pitoyable des transports, des navettes, l’absence totale d’indications, d’hôtesses et de guides pour renseigner les clients (ce que nous ne pouvions faire étant donné que la seule chose que nous savions étaient les consignes relatives au « faites dégager toutes les voitures, que ça soit libre devant la porte »), j’avais honte de faire partie d’une organisation aussi nazebroque !


De cette observation je tire quelques enseignements fort peu politiquement corrects que je me serais interdite de formuler si je n’avais pas expérimenté la chose :

_ rien ne justifie d’être désagréable, borné, discourtois, il n’y a pas de « oh mais le pauvre, ça ne doit pas être facile de faire ce boulot toute la journée ! » qui tienne, tout est facile si on le fait avec respect, courtoisie et bonne humeur (et franchement, 12h debout sur des talons aiguille à faire la circulation, ça aurait pu me porter à la morosité !), il n’y a absolument aucune excuse à la muflerie !

_ si un service de circulation privé (pas la police, on va encore me taxer d’anarchisme sauvage) vous fait signe de déguerpir, de ne pas vous arrêter, d’aller plus loin, c’est sympa de lui obéir si vous avez le temps, mais en fait on s’en fout ! De toute façon il ne peut rien faire, physiquement et juridiquement, alors ne vous inquiétez pas d’un petit bouseux qui s’excite tout seul.

_tout s’arrange quand on est courtois. Ne considérez pas l’autre selon sa prétendue classe mais comme un égal auquel vous devez le respect du à tout être humain, les classes n’existent que dans la tête des abrutis !

_les râleurs populos sont des abrutis pleins de ressentiment pour le voisin qui a un jouet plus gros que le leur, ça à 40 ans et un âge mental de 5 ans ! Donnez leur un milliard, ils seront les plus imbuvables, les plus arrogants, les plus immondes nouveaux riches.

 

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