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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 06:17

[PRECAUTIONS ORATOIRES : une synthèse, par définition, tente d'extraire l'un du multiple. J'ai donc rassemblé ici bien des cas, et, si vous pourrez (vous que je connais IRL et/ou dont je vois passer les affres sur FB) reconnaître des éléments du vôtre, il ne s'agira pas d'une étude particulière. Oui, je pense à toi, toi, toi, toi, et aussi toi, là-bas, non, je ne pense pas qu'à vous, je ne sais pas si cela doit vous rassurer (votre misère est partagée) ou vous inquiéter (vous succombez à peu près tous aux mêmes fantasmes / projections / identifications). Oui, chez chacun en particulier, c'est un peu différent : telle chose ne s'applique pas, telle autre manque. Mon but n'est pas de pontifier ou de faire la leçon, et, si ce qui suit donne cette impression, je m'en excuse. J'espère ne blesser personne et mon plus grand souhait et qu'au moins une image ici ou là puisse vous être d'une quelconque utilité. Si le ton est parfois virulent, ça n'est que parce que je rage de voir des amis souffrir, et surtout tomber tous dans des pièges semblables. Je compte par avance sur vous pour me sortir de ceux dans lesquels je pourrais moi-même tomber.]


Tiens, encore LE sujet dont je suis la moins bien placée au monde pour parler. Mais précisément, mon statut de plus en plus affirmé (ou, comme diraient les Godons, confirmé) de Grand Mère Feuillage coincée dans un corps (encore un peu... relativement... à peu près...) jeune me situe à l'intersection de très nombreuses peines de cœur, ce qui finit par me donner un embryon de vue synthétique sur la chose.

Selon mes observations, le péril par excellence, l'anti-amour, le destructeur de relation est le fantasme. Par fantasme j'entends la projection sur l'autre d'un idéal fictif que l'on alimente de façon hémiplégique en s'auto-excitant :on voit tout ce qui, en l'autre, correspond à cet idéal, on occulte le reste. Idéal qui finit par se substituer à la personne, la cacher, la soustraire à nous, aussi efficacement qu'un mur.
Le second péril est l'absence de dialogue réel (et non de "discours amoureux", qui est toujours un monologue) mais cette absence est liée au fantasme et à la peur de sa destruction : parler de choses concrètes, brutalement littérales, nuit fortement aux images phosphoriques qui hantent nos cœurs.
Donc, premier conseil de Tante Helle' (je dois être une lointaine parente de Frau Holle) : détruisez _ le _ putain _ de _ fantasme. Brisez vos idoles, et accédez à l'être de chair, mortel et imparfait, qu'elles vous dérobaient. Si vous ne pouvez aimer cet être, mettez fin à la relation (sous sa forme amoureuse), si vous le pouvez aimer, qu'il vous soit plus précieux que le plus brillant eidolon.
Mieux vaut l'os de la relique que l'or de la chasse.

J'ai pu constater deux types de rapport au fantasme, que je catégoriserais ainsi :

* le type solaire, tourné vers le futur, optimiste (et béatement aveugle) dont la quête est celle de l'être idéal à venir, du "prince charmant" (ou de la princesse charmante, ou choix). Le souci, c'est que bien souvent, c'est une quête sans fin : on fantasme, on "a trouvé le bon, l'homme de sa vie, l'unique, l'âme sœur, la dulcinée", cela dure autant que le désir, totalement aveugle, puis on déchante (l'Idéal vous a fait-e cocu-e, c'est ballot...). Ou, bien plus dangereux : on fantasme, puis on se pose, l'amour peine en ses métamorphoses (passer de la passion à la complicité), et là, surgit une nouvelle idole... et hop, on suit, phalène inconséquente, le nouveau flambeau, délaissant la veilleuse.
L'avantage est que les personnes entretenant ce rapport au fantasme se remettent vite de leurs chagrins. L'inconvénient est que leurs passions dépassent rarement ce stade, ou que les lendemains déchantent de façon assez brutale, et trop tardive, quand on s'est enchaîné-e à quelque brute qu'on a prise pour un Hercule, ou perdu répandu sang et larmes pour un Don Juan.

* le type lunaire, tourné vers le passé, pessimiste (et nostalgiquement aveugle) dont la quête est celle de l'idéal passé, de l'amour mort pensé comme indépassable. Bref, les gens bloqués sur "un-e ex qui les a tellement fait souffrir / leur a déchiré le cœur / etc etc etc" (j'ai du entendre bien sept ou huit fois ce discours, de mes oreilles, et une bonne dizaine rapporté par ceux qui doivent y faire face _ avec grande lassitude). Chez certains mufles cela devient même une posture pour attirer de la donzelle compatissante à complexe d'infirmière.
Cependant, chez nombre de mes amis souffrant du complexe de Ligeia (invention maison) il s'agit de la même sorte de bovarysme que le fantasme de type solaire : dans un cas on s'aime aimant passionnément, dans l'autre on s'aime déplorant passionnément. On entretient sa douleur avec complaisance en faisant de l'amour passé une Vénus de fer, implacablement destructrice de toute velléité affective. Et cette idéalisation a aussi peu de lien avec la réalité que celle du "prince charmant". Pour avoir vu pas mal de ces ex en question, une réaction s'impose toujours : "tout ça pour... ça ?".

* Les cumulards qui idéalisent successivement tout en ne cessant de déplorer. Y'a du boulot, les mecs...

Après cette petite tentative typologique, voici une bordée de "conseils positifs de Tante Helle" :

* ARRETEZ AVEC LE BOVARYSME. Arrêtez de vous contempler dans le miroir de vos fictions, de vous aimer aimant, de vous trouver classe en Melmoth ou en Jane Eyre, de jouir d'incarner un type Elizabeth Bennet ou Edmond Dantes / Athos. Vous êtes bien plus riches que tout personnage, aussi brillant, héroïque, sombre-est-son-destin soit-il. Votre vie n'est écrite par aucun autre auteur que la Providence que vous seriez avisés de créditer d'un peu plus d'imagination et d'originalité (dans toutes les acceptions du terme) qu'aucun scénariste humain.

* ARRETEZ AVEC LE DOLORISME. Oui, lécher ses plaies, c'est agréable : ça agace la chair, ça pique gentiment, et surtout ça a le goût du sang. Oui, gratter ses croûtes, ça démange. Mais au bout d'un moment, ça peut être une idée que de passer à autre chose, parce que quoi qu'en disent les poètes élégiaques nous ne sommes pas "zu lieben gemacht, zu leiden."
C'est bien ça le problème, avec l'ombre et la douleur : c'est très joli et ça sonne bien wesh-tavu-la-taynaybritude, mais il s'agit de ne pas s'y arrêter par ce que c'est FAUX. C'est théologiquement faux

[Attention christianisme express : Dieu crée l'humanité pour le bonheur. La souffrance advient par le péché originel, elle est conséquence de la chute et épreuve à surmonter, c'est un passage, non un but (pas un "zu"). Il s'agit de l'accepter mais SURTOUT PAS de la rechercher pour elle-même. Ça, c'est autre chose, ça s'appelle du masochisme, c'est très bien aussi, mais ça n'a rien avoir avec la spiritualité merci. Bref, l'humanité est bien crée pour aimer, mais certes pas pour souffrir, et dans le paganisme non plus. Donc, déso' Fredo, c'est bien beau ton truc, ça émeut la ménagère, mais c'est FAUX. Kuss und tschüss. ]

Si l'on s'y arrête, c'est un leurre, un piège de l'Ennemi pour nous garder face contre terre, sanglants et dans l'erreur. Si l'on y reconnaît la beauté, et que l'on poursuit cette étincelle vers le Beau (et Bon et Vrai par la même occasion), alors on pourra dire que la beauté du diable est preuve de la victoire ultime de Dieu. Mais avant, halte au sketch.
Mieux vaut tourner ses yeux vers le ciel qu'admirer le reflet de la lune dans une marre boueuse.

* Brûlez vos idoles. Aucun homme, aucune femme ne mérite soit d'être effacé par la projection de mille qualités qui lui font défaut et dessinent un profil qui n'a que très peu de rapport avec le sien (surtout pour qu'on finisse par lui reprocher de ne pas être ce qu'il/elle n'a jamais eu la prétention d'être), soit d'être toujours dans l'ombre gigantesque qu'une souris projette par déformation (surtout quand la souris en question est objectivement bien moins gâtée par la nature que la personne qu'elle obténèbre). N'attendez pas qu'un autre les brûle pour vous ou de remplacer un fantasme par un autre : défaites vous en vous-même, par la prière, la psycho-thérapie ou -analyse, le chamanisme, le vaudou, ce que vous voulez, mais cautérisez vos plaies passées pour ne pas infecter vos relations futures.

*Soyez "bassement" factuels et matérialistes : la personne que vous commencez à aimer, qui est elle réellement ? D'où vient-elle ? Que veut-elle ? Qu'êtes vous prêt à lui donner ? Que peut-elle vous apporter ? Vos désirs, vos plans, vos vies sont elles compatibles ?
Et cessez de divaguer avec "mais l'Amûûûûûûr" on n'est pas dans un roman à l'eau de rose, cf le premier point. Si vos opinions politiques et religieuses diffèrent, si vous habitez à des centaines de km avec des emplois du temps chargés, si vos situations passées ou présentes craignent à fond ("c'est un junkie, mais je l'aiderai à s'en sortir" "elle est mariée, mais ça a l'air de battre de l'aile" "elle est mère célibataire et je ne supporte pas ses chiards... mais l'Amûûûûûr" "il sort de prison pour trafic d'armes, mais bon, j'aime les mecs badass") soyez lucides (oui ça fait mal à la pulsion érotique et au bovarysme sentimental, d'être lucide).

*Aimez par, dans et pour la lumière.
Par la lumière : avec discernement, en dissipant chimères et fantasmes. Une projection a besoin d'une salle sombre, de même pour projeter une ombre, il faut sous-mettre la source de lumière à un objet. "Yehi 'or" comme dirait Tétragramme : dissipez tout cela, et, par la lumière, voyez l'être aimé pour ce qu'il est, et rien d'autre, et bien plus aimable dans son imperfection que la parfaite illusion.
Dans la lumière : en plein jour, au vu et su de tous. Ce qui a besoin de l'ombre et du secret pour être est mauvais. Ce qui ne peut s'assumer à la face du monde est, littéralement, une honte. Si vous aimez, que ça ne soit pas dans la honte.
Pour la lumière : pour le Bien, pour vous exhausser l'un l'autre, pour progresser ensemble vers ce qui est "digne et juste", pour construire quelque chose de beau, et ajouter au monde un éclat de cette beauté qui, on l'espère, le sauvera.


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19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 16:22

Toute petite pensée en passant, pour tenter de purger un peu le ressentiment qui infecte les relations hommes / femmes.


Je me suis longtemps dite "féministe" jusqu'à ce que cette lutte soit corrompue, vidée de son sens par des ados américaines décérébrées succédant à des esclaves-du-ressentiment. Désormais je ne me dis féministe que lorsque je sais avoir le temps d'expliquer de quoi il s'agit, avec calme, bienveillance, et en soulignant l'immense diversité que rassemble cette appellation (un peu comme "démocrate").
Bref, j'ai souvent vu passer les fantômes du "complotisme patriarcal" dont je caricature ici le principe : les hommes ont pris et veulent garder le pouvoir, c'est pourquoi ils se regroupent en cénacles hiérarchique non mixtes soit de fait (les hiérarchies politiques, économiques), soit par principe (la plupart des hiérarchies religieuses).

Cela me semble un brin fantasque, comme toutes les théories du complot qui prêtent aux individus bien plus de pensée stratégique, de machiavélisme, de vision à long terme, d'imagination qu'il en ont. En haut comme ne bas de l'échelle, les humains sont myopes, au mieux tactiques, faibles, bovins, et dépassent rarement 130 de QI. Les groupes d'intérêt existent, dans des milieux et époques données, au mieux sur 5, 6 générations (ou plus et le sens finit par se perdre), mais le grand complot masculiniste mondial pour empêcher les femmes d'accéder à la majorité, j'en doute fort.

Ce qui me semble bien plus réaliste est la logique de la camaraderie : vous accédez demain à un poste à responsabilités et devez nommer trois personnes de confiance, qui allez-vous choisir?
En toute logique, celles sur qui vous savez pouvoir comptez, dont vous connaissez les capacités et avec qui vous apprécierez de travailler : vos camarades. Il ne s'agit ni de népotisme, ni de corruption, mais bien de logique, pour le bien de l'entreprise qui vous réunit : pourquoi la confier à des étrangers alors que vous connaissez, directement ou par d'autres personnes de confiance, des personnes très capables et qui, en outre, auront à cœur de ne pas vous décevoir (soit parce qu'elles ne veulent pas baisser dans votre estime, soit parce qu'elles ne veulent pas entacher la parole de l'ami qui vous les a recommandées). C'est ainsi, logiquement, que les milieux ont tendance à être sexuellement, racialement homogènes : il n'y a pas de pensée hostile, raciste, sexiste derrière cela, mais une simple logique de connaissance et confiance, bref, de camaraderie.

Si vous avez été éduqué dans un milieu non mixte, de 6 à 18 ans, de fait, vos camarades sont en très grande majorité du même sexe que vous, et quand vous aurez une tâche importante à confier à quelqu'un, cela sera à eux. Pire, vous connaissez mal l'autre sexe, vous n'avez pas tissé de liens autre que, précisément, sexués : des liens de séduction, de dégoût, d'attraction, de fuite, d'intimidation... mais jamais de liens de camaraderie : de coopération face à un obstacle, de travail, de jeux.

D'où l'importance primordiale de l'éducation mixte : arrêtons avec les mouvements de jeunesse non mixtes, à moins qu'il ne s'agisse précisément de discuter sexualité ! Il est ridicule de présupposer les intérêts d'un enfant en fonction de son sexe, et c'est une des grandes batailles de la "théorie du genre" qui fait hurler surtout à droite sans que personne ne prête trop attention à ses applications les plus simples, bénignes et profitables à tous : oui, les petites filles seront ravies de jouer au foot si on ne leur a pas lavé le crâne auparavant de "ça n'est pas très féminin" "tu vas salir ta jolie robe" "tu ne voudrais pas plutôt rester calmement assise à dessiner ?", oui, les petits garçons seront ravis de faire des bracelets brésiliens en nouant des fils de coton si on ne vient pas les moquer.
Qu'Allah me facilite (le transit intestinal) si je vous raconte à quel point je me suis ennuyée comme les victimes de la dératisation par laxatif en subissant 3 ans de "Jeannettes". Quel est le génie qui a décidé que la tranche de vie de Jeanne d'Arc digne d'être prise comme modèle se situait quand elle gardait les moutons à Domrémy ? Quel Danube de la Pensée s'est dit que les petites filles devraient se contenter de surnoms débiles en _ette alors que les petits garçons auraient le droit d'être des louveteaux dans la jungle ?


On me répondra sans doute que le désir hétérosexuel vient perturber tout cela. A ma connaissance, on peut fort bien reconnaître les qualités, la fiabilité d'une personne que l'on désire ou que l'on ne désire pas, et lui faire confiance en fonction de l'estime qu'on a pour elle. C'est ce que j'entends quand je parle de "camaraderie"  (et non d'amitié, qui est encore une autre histoire) : connaître les personnes pour ce qu'elles sont, ce dont elles sont capables, leur valeur, et non pour les fantasmes qui y sont attachés. 
 

Bref, à vous parents, éducateurs, créateurs de mouvements de jeunesse (allez, soyons large, de 0 à 30 ans) NE PROPOSEZ AUCUNE ACTIVITÉ NON MIXTE ! Sous peine de renforcer les stupides incompréhensions, les mystères qui n'en sont pas, les craintes infondées, les clichés qui empoisonnent le monde depuis des générations, en un mot, la barrière entre les sexes.

Que l'on ait parfois envie de se retrouver "entre couilles" ou "entre ovaires", oui, et tant mieux. Mais que cela soit de l'initiative propre des enfants ou adultes concernés, et pas imposé par une hiérarchie parentale ou autre. De même, si vous voulez créer un mouvement ultra spécifique, non mixte (des rites païens sur le féminin sacré, des mises à l'épreuve hardcore de la masculinité, que sais-je encore), allez-y, mais si vous proposez quelque chose à l'ensemble, ne faites pas d'activités non mixtes au sein de cet ensemble. Peut-être qu'en effet, les femmes, les hommes, se sentent d'emblée mieux "entre eux", mais c'est un confort de mineur, un confort de fœtus dans son liquide amniotique, qui ne fait que renforcer la peur du dehors, les racontars stupides sur "le camp d'en face".
L'inconfort dure quelques minutes, la camaraderie toute une vie.

 

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13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 16:33

1) Tu n'épieras point
car le stalking est ruine de l'âme.

Perte de temps et de santé mentale à moins qu'il ne s'agisse d'enquêter sur un futur partenaire d'affaires, ou sur une personne à laquelle on va confier une mission importante (un tatoueur, un artisan etc...), dans le strict cadre de ses fonctions. Épier, stalker, ne fait jamais appel à autre chose que les plus bas instincts, il s'agit toujours de ramper dans sa propre fange :
- Schadenfreude de voir des photos moches de personnes que l'on n'aime pas, de constater une dégradation
- jalousie, envie du succès ou du talent de l'autre
- inquiétude, peur, doute
- dégoût et colère
- stupre, fantasmes
- etc...
Le temps perdu à fouiller ce qu'on pense être la vie et les relations d'autres personnes ne fait que nous souiller, et souiller l'image qu'on a d'eux. Je ne peux assez le souligner : rien de bon n'est jamais trouvé en épiant. On en sort amoindri, las, se dégoûtant un peu plus pour peu qu'on soit lucide.
TOUTE perte de temps est préférable à épier les gens en ligne.


Note : par "épier" ou stalker, je n'entends pas consulter toutes les publications accessibles d'une personne. C'est à ça que sert internet, c'est pour ça que la personne publie des choses : pour qu'elles soient consultées (et appréciées, et commentées, même si elles sont vieilles de 6 ans !). Non, remonter de 6 ans sur le site d'une personne n'est pas "creepy", c'est normal, c'est montrer un intérêt pour la production artistique / littéraire / picturale / journalistique / critique de la personne.
Stalker, c'est fouiller l'intime ou toutes les miettes qu'on peut en avoir. C'est aller regarder des discussions qui ne nous sont pas adressées, analyser point par point, heure par heure des échanges, regarder les contacts de contact de contact... Enfin, normalement une personne avec une petite notion de ce qui est légitime ou non sait quand elle est en train d'épier et quand elle est en train de s'intéresser / admirer des publications. On sait très bien ce que l'on cherche: la beauté (esthétique ou intellectuelle) ou la possible souillure.


2) Tu n'extrapoleras point
et ainsi n'erreras parmi les illusions.

Ce qui est le principal rouage du stalking, mais pas que : c'est bien plus le rouage inconscient de la plupart de nos fascinations virtuelles pour des personnes inconnues.
Exemple volontairement simplissime : on voit une personne au corps de rêve près d'une piscine luxueuse au soleil, on en conçoit une image enviable de luxe, calme et volupté. ERREUR. C'est une une mise en scène, on ne sait strictement rien du paysage intérieur de la personne, de son rapport au cadre, des moyens déployés pour obtenir cette image.
Essayer de reconstruire la vie des gens à partir de quelques fragments est une grave erreur, en termes de justesse mais aussi en termes de perte de temps, de projection et d'auto-hypnose. Pire encore : essayer de reconstruire les sentiments, l'état mental, les relations des gens à partir de ce que l'on voit en ligne. Doubleplusinbon : se mettre à stalker à ces propos.



3) Tu ne te mesureras point à l'aune de ton prochain
afin de progresser sûrement, à ta propre mesure.

Deviant Art ou les portes du désespoir : quand une Russe de 16 ans sort des illustrations que toi, à 27, rêverais de réaliser, peut-être, dans 5 ans, avec beaucoup de travail... Ou Instagram et ses vies / corps de rêve (cf point précédent).
HALTE ! C'est n'importe quoi. Se comparer à des vitrines est stupide, ne serait-ce que parce qu'elles ne sont que des fragments. Oui, telle personne vous surpasse en ceci, et de beaucoup... et alors ? Vous la surpassez sans doute en d'autres choses. Oui, telle personne est tellement nulle que cela vous rassure sur votre condition... jusqu'à ce que vous aperceviez ses autres talents. Règle générale : le temps passé à vous comparer, à vous juger, à vous complaire dans la haine de soi n'est pas passé à progresser et travailler.
L'art déployé sur internet ne doit vous apporter que le plaisir esthétique, l'admiration et le désir de progression. Admirez, mais ne vous comparez pas ni n'enviez.


4) Tu t'en tiendras aux propos énoncés,
l'interprétation est le chemin vers le côté obscur. L'interprétation mène au malentendu, le malentendu mène à la discorde, la discorde mène à la souffrance...

Pas de procès d'intention, ni de sur-analyse. En général, si une personne veut vous insulter, elle le fera franchement (surtout sur internet). S'il y a un doute, c'est soit que la personne est habile et vicieuse, et vous n'avez pas envie de fréquenter de telles personnes, soit que vous êtes en train de vous monter un petit délire paranoïaque, donc DEMANDEZ. Et pas en disant "Non mais dis, tu te fous de ma gueule là ?" mais "Je ressens dans tes propos quelques chose d'insultant ...." ou "Que veux-tu dire par là ?". C'est peut-être un truc de gros fragiles, mais ça peut éviter de faire du net une basse-cour de comportements brutaux, que la désincarnation animalise (cf la fin de cet article : http://roter.schnee.over-blog.com/2016/08/charybde-et-scylla-2-0.html )

Cela vaut pour l'inverse : n'allez pas penser qu'une personne vous drague (ou pire, vous aime) parce qu'elle n'est que courtoise avec vous, ou distingue vos qualités objectives. Attendez que l'on vous dise "Je t'aime" pour vous mettre cette idée en tête (aujourd'hui, Tante Hellequine répond au courrier du cœur...). Et cela vaut également pour tout l'entre deux, voir tous les points précédents : n'échafaudez pas de grandes théories sur "qui fait quoi avec qui" ou "qui vote pour qui" ou "qui pense quoi" sur des interprétations potentielles de connotations discursives... "Gloire au Soleil Invaincu" ne veut pas dire "Ce soir, 21h15, on go ratonner avec les potes".

Réciproque : n'attendez pas que vos interlocuteurs tissent 20 000 liens entre l'objet du discours, ses possibles connotations, votre biographie, comprennent d'eux-même ce que vous dites sans le dire tout en le disant au 15ème degré, et vous apportent la réponse attendue sur un plateau d'argent par la grâce de la complicité-non-dite-mais-on-se-comprend-quand-même-parce-qu-on-est-tellement-fins-et-civilisés-que-ça-frôle-la-télépathie-comme-dans-un-film-d-Ozu. Si vous voulez quelque chose de précis, formulez-le, adressez-vous directement aux personnes, n'attendez pas que, peut-être, elles soient portées par les vents du destin vers votre statut. Soyez direct. Un bon post dit tout son objet et seulement son objet.


5) Tu ne donneras ni nom ni chiffre ni visage
afin de ne donner sur toi nulle prise.

Le votre, pour commencer. Garder son nom pour des profils très neutres, gris, lisses, ou parce qu'on est officiellement engagé politiquement, d'accord (et encore, souvenez-vous que TOUT ce que vous écrivez / visitez / likez via ces comptes devient plus ou moins "officiel"). Mais pour tout le reste, adoptez évidemment des pseudonymes, et ne laissez pas les gens soupçonner ne serait-que votre prénom si l'idée que vos ennemis devinent votre identité ne vous est pas particulièrement agréable. Très souvent, on ne soupçonne pas à quel point tout est trouvable sur internet, sans aucune capacité de hacker, avec le plus petit indice. Fort heureusement beaucoup de personnes qui se constituent "ennemies" sur internet sont débiles. Mais tout de même, dans le doute, ne laissez entrevoir aucune information nominale : le village où vous habitez (s'il ne s'agit pas d'une grande ville), votre rue, votre profession, vos parents, vos anciens professeurs, ni aucun chiffre (par exemple votre date de naissance).
Si l'on sait la ville (même grande), les études et soit une partie du nom, soit l'âge, ont peut, avec patience, retrouver tout le reste. Surtout sur FB où l'analyse des mentions like publiques, des contacts etc... est vraiment pratique en la matière (surtout quand on a une ou deux notions d'observation et de synthèse).
FAITES putain de GAFFE. Gérez vos paramètres de confidentialité.

De même pour le visage : pas besoin d'être physionomiste pour faire le lien entre deux photos de profil, ou trois, sur des sites différents, même quand l'angle et la lumière changent. Si tous ces comptes sont sous pseudo, ça n'est pas très grave (sachez seulement qu'on vous retrouvera et qu'on saura les lier entre eux). Si par contre votre visage apparaît lié à votre identité officielle en quelque endroit du net, évitez de mettre une photo de vous en avatar sous pseudo, sauf si vous êtes transformiste professionnel.


6) Tu donneras le change
afin de protéger ce qui t'est cher.

À moins de vouloir donner un message clair (parce que même si vous appliquez ces commandements et renoncez à Sat... euh, à stalker, soyez bien persuadé que ça n'est pas le cas des autres, qui, eux, vous épient) du style "Je follow Vladimir Poutine, et personne d'autre, parce que, comme dit la chanson "il me faudrait un mec comme Poutine"", bref, à moins de vouloir afficher très clairement vos préférences politiques / esthétiques / érotiques / affectives, noyez le poisson en donnant le change. Il y a sur TOUS les réseaux sociaux des comptes très bien, dédiés à l'art, l'élégance, l'architecture, tel ou tel pays, l'art de vivre, les sous-cultures, whatever... ce sont d'excellents changes.

En clair : n'épiez pas si vous ne voulez pas
* devenir fou
* vous faire des films à 123° de toute réalité
* vous dégoûter vous-même
*perdre un temps précieux
Mais soyez toujours conscients d'être épié (v'la la parano... mais bon, c'est le cas. J'ai TELLEMENT de confidences à ce sujet, tellement, dans tous les milieux, de tous les côtés. Vous êtes épiés, soyez en certains, par vos contacts curieux ou jaloux, par vos ennemis, vos plans cul, vos amours, vos rivaux...) et ne sous estimez jamais la patience, la ténacité, l'habileté de vos stalkers. Donc prenez les mesures de précaution élémentaires, dissimulez ce qui compte vraiment pour vous dans une multitude de choses décoratives (bonus : ça perturbera vos stalkers, ils ne sauront pas différencier l'essentiel du contingent, se feront des films à tous azimuts, perdront moult points de santé mentale, et ça sera bien fait pour leurs tronches !)


7) Tu ne sous-estimeras point le frère auquel tu t'adresses
car de l'orgueil naît l'insulte.

Dans le doute, je préfère m'adresser à mes interlocuteurs comme à des égaux. Je ne simplifie rien ni n'explicite les références. Je ne présuppose jamais leur culture inférieure à la mienne en quoi que ce soit, et pars du principe que ce qui me semble évident ou bien connu l'est également pour eux. Si ce n'est pas le cas je laisse le soin à mon interlocuteur de me demander de préciser (ou d'utiliser goghoule). Je trouve l'attitude contraire (qui présuppose sa culture supérieure, et son devoir d'éduquer le bas peuple) d'une très grande prétention. Il est toujours relativement vexant de se voir proposer par un semi-éduqué qui pense avoir découvert l'eau tiède une référence "de base", du style "Ah, toi qui aimes le sombre et le WTF, tu devrais essayer les Chants de Maldoror, tu verras, c'est très bien...". Si on trouve que l'univers d'une personne correspond particulièrement à cette œuvre, il sera plus délicat de dire : "Ton univers me fait vraiment penser à du Lautréamont" ou "Je relisais hier un passage des Chants de Maldoror, et j'ai pensé à toi, cette esthétique me rappelle tellement la tienne."


8) Tu ne sur-estimeras point le peuple auquel tu t'adresses
car de l'attente déçue naît l'irritation.

 

Quand vous publiez photo ou article, n'anticipez pas les réactions de la communauté à laquelle vous l'adressez. Si les personnes, dans leur individualité, sont toujours plus belles, plus riches que vous ne pensez (pour peu que vous ne projetiez pas divers fantasmes sur elles), les gens, dans leur ensemble, sont incultes et grossiers. N'attendez rien de la foule. Personne ne relèvera vos symboles cachés, la virtuosité des trames en filigrane. Si vous demandez conseil, soyez sûr que 90% des réponses seront à côté de la plaque, dont qui 70% vous prendront pour un con.
Si vous voulez avis et conseil, demandez-le à une personne en particulier, selon ses compétences. Très souvent, si elle ne peut vous aider elle-même, elle vous renverra vers une autre personne ou se joindra à votre quête.
Si vous voulez des critiques, précisez-le ainsi que l'objet sur lequel vous souhaitez des retours (composition, style, symbolique, argumentation, pose...).


9) Tu t'attacheras aux choses mêmes
et sauras distinguer le propos de sa source.

Netiquette de base : on attaque ou défend des propos, pas des personnes. Si une chose nous semble critiquable, que notre critique s'arrête à cette chose. C'est évident, mais il faut toujours le rappeler de temps à autres. Et surtout résister à la tentation de consulter le profil de la personne pour en faire un angle d'attaque. C'est petit et indigne.
De même pour la louange : oui, on peut aimer des choses dites ou faites par des individus dont on n'apprécie pas l'engagement politique ou la personnalité, en rien cela ne constitue une approbation globale. Distinguer personne et œuvre/propos, toujours.
Et avoir les gonades de reconnaître la justesse du propos d'un adversaire politique, par exemple, sans se sentir obligé de l'insulter au passage.
Exemples :
* "Je ne suis pas féministe, comme ces salopes d'hystéro de féminazies, mais il faut bien reconnaître que le harcèlement de rue est un véritable fléau." -> "Le harcèlement de rue est un véritable fléau" (ayez le courage de dire les choses sans craindre que l'on vous colle des étiquettes)
* "Je hais cette fieffée facho de Marion Maréchal-Le Pen, mais j'ai quand même bien ri quand elle a proposé à cette boule de saindoux d'Emmanuelle Cosse d'accueillir des migrants chez elle, et que l'autre cachalot cocu s'en est trouvé bien conne." -> "J'ai ri quand Marion Maréchal-Le Pen a mouché Emmanuelle Cosse sur sa proposition d'accueil des migrants chez l'habitant." (La critique du FN est à l'expression politique ce que le port de Stan Smith est à l'expression vestimentaire, d'une part, les attaques ad personam sont d'autant plus minables qu'elles s'attaquent au physique ou à la sexualité, d'autre part)


10) Tu distingueras tes sentiments de l'écran,
tu les en sépareras, et cela sera pour eux distinction, car l'écran souille.

Ici le sujet est trop délicat pour que je me permette des propos vifs ou péremptoires qui pourraient blesser. Je ne suis personne (surtout vue mon immense inexpérience en la matière) pour dire que telle ou telle affection a plus ou moins de valeur selon son lieu de naissance. Aussi me contenterai-je de ce postulat : l'écran fausse tout (ne serait-ce que par ce qu'il est à la fois source d'information et de lumière, ce qui me semble nous plonger dans une dangereuse réceptivité passive), protégez-en vos sentiments, vos émotions.
La vraie joie se vit avec tous ses sens.
Le véritable amour [la légitimité de fifou que j'ai pour disserter sur "le véritable amour"... je me fais rire moi-même, c'est bien...] se vit dans l'incarnation et la rencontre.
La véritable colère s'exprime dans la rue, par les poings, les pavés, les armes.
La véritable haine se règle dans le sang.
Ne faites pas d'internet un palliatif à votre frustration, n'y quettez pas de l'attention, n'y guettez pas de l'affection, n'en concevez pas une rage qui vous atteigne physiquement.
L'écran ne devrait pas plus vous affecter qu'une feuille de papier. Rien de ce qui s'y passe n'est réel, ni vrai. N'entrez sur les réseaux qu'avec la conscience d'avoir à faire à un "monde flottant" d'illusions dont vous n'êtes, vous-même, qu'une ombre déformée. N'engluez pas votre cœur dans cette toile.


************

Et, rendus ici, vous pouvez bien sûr vous amuser à essayer de deviner si par hasard je ne m'adresserais pas à telle ou tel. Si je ne parlerais pas de telle affaire. S'il n'y aurait pas quelque message caché là dedans. Si tel point ne vous serait pas destiné, à vous, particulièrement, et s'il n'y aurait pas là quelque offense à chercher, où, au contraire, quelque élection à lire. Si je ne donnerais pas moi-même le change à gauche, ou à droite, en masculin ou en féminin...

OU ALORS...

Vous pouvez commencer par appliquer le premier commandement et vivre pleinement vos vies, en vrai, pour vous-même. Poser simplement et directement toutes les questions que vous voudriez poser aux gens à qui vous voudriez les poser. Renoncer à galoper droit dans la Géhenne sur de folles chimères, voir ce que vous pourriez tirer de ce long blabla pour vous-même, et en quoi, peut-être (c'est mon vœu à chaque article) il pourrait vous aider.

Et SURTOUT profiter de la douceur de ce bel août, de la gloire de Sol et de la splendeur des étoiles (c'est la fête de Diane-Sélène-Hécate ce soir, btw
hellequine-d-olt.tumblr.com/post/94616360488/wishing-you-a-great-diana-hecate-festival-it ).

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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 15:42

 

La sociabilité virtuelle est une navigation tumultueuse entre deux écueils opposés : la disparition derrière un avatar et celle de toute barrière entre l'intimité et le public. La construction d'un alter ego fictif qui finit par nous dévorer ou au contraire l'exhibition de ses failles qui peut nous détruire.

Pourquoi nous inscrivons-nous dans ces réseaux, pour commencer ? Par réseaux, je n'entends pas que les "réseaux sociaux" mais en général, la toile des relations interpersonnelles et publiques (forums, IRC, blogs...).
* parce que tout le monde le fait et qu'on ne se pose pas la question
* parce que c'est pratique (c'est ainsi que j'ai ouvert ce blog : pour éviter de raconter 15 fois la même chose, sur un film, un voyage etc... à 15 personnes différentes)
* par hobbyisme ou lobbyisme (pour y trouver de quoi satisfaire vos passions, ou propager vos luttes)
* pour combler une faille narcissique, et à propos de ça... HOP DIGRESSION !

[Une expérience, dont j'ai oublié le nom et les auteurs (super sourcé, l'article...) mettait en scène des souris régulièrement droguées, les unes dans un environnement minable, les autres dans un environnement ultra stimulant (plein de circuits rigolos, d'activités... la grosse fête du raton). Les premières ont fini par se laisser mourir de faim pour avoir PLUS DE DROOOOGUE, les autres n'avaient pas d'accoutumance.
Selon moi, internet et ses sociabilités diverses fonctionnent de la même façon : on y échappe à un environnement vécu comme oppressif, angoissant, non satisfaisant ou stimulant. Les plus belles histoires (d'amour, d'amitié, d'aventure etc...) sont celles qui se construisent et se passent hors de tout ceci, sans que "la toile" ne les soupçonne (ne serait-ce que parce que, s'inscrivant dans "la toile" elles s'exposent alors au public et à ses crasses que l'on développera plus tard).
On vient toujours chercher en ligne quelque chose qui nous manque IRL : une info, un enseignement, de quoi rire, une reconnaissance, du lien social...
Quand je passe une semaine sans internet avec des amis, à la campagne, en me promenant, faisant du sport, lisant, écrivant, ayant des conversations passionnantes ... internet ne me manque pas une seule seconde. Quand je suis seule chez moi, ou, pire, quand je partage le domicile familial avec ladite famille, c'est comme si je fusionnais avec la machine, comme l'héroïnomane avec sa seringue "I wanna fuck you like an animal, I wanna feel you from the inside..."
Parfois, quand le mal est tel que je suis incapable de produire la moindre merducscule comme un selfie ou un article, je zone sur des sites stupides et même pas si drôle que ça...
Dériver et combler un manque... Se droguer et soigner ses troubles narcissiques (esthétiques et/ou intellectuels).
Les personnes saines et équilibrés n'existent pas en ligne, n'ont nul besoin de se construire des personnage ou d'exposer leurs tripes.]

Revenons à nos récifs.

* Charybde : l'absence totale de protection, l'exposition nue aux vautours du net (tiens, je me demande si ça existe sur Twitter, ça "les vautours du net" après les putois, renards, louves, sangliers...).
Le problème est évident et son traitement sera rapide, cela concerne le plus souvent des personnes jeunes ou sans grande formation scolaire / intellectuelle, la génération "skyblog" qui a pris pour habitude d'étaler ses états d'âme en ligne avec, au mieux, la seule protection d'un pseudo. C'est la catégorie "ingénus": parfois des personnes arrivées sur le net par hasard, ou pour partager leur art, qui rencontrent une certaine popularité et n'ont pas l'idée d'installer très vite des barrières.
Résultats :
- des feuilletons à n'en plus pouvoir (souvent d'un goût très douteux, niveau talk shaw d'après-midi)
- des proies idéales pour le harcèlement (surtout s'il s'agit de filles mignonnes). Qu'il s'agisse "simplement" de haine bien ciblée (quand une personne se met à nu en ligne, on peut la cerner très facilement, viser là où on est sûr de faire des dégâts, et y aller comme le gros pervers sadique qu'on est), ou de harcèlement physique.
Mais, heureusement, la solution est simple, je la martèle encore et encore : ne mettez pas de photos de vos enfants en ligne, ne parlez pas d'eux, ni de votre famille en général, ni de votre vie sentimentale (avec des noms et des détails), n'évoquez pas votre environnement proche, votre rue, ne mettez pas votre cœur ou votre âme à nue !
Si vous participiez à une partouze, vous mettriez une capote, non ? Internet est bien plus sale, on y chope des stalkers, des haters, des jaloux, de faux admirateurs passif-agressifs, de vrais admirateurs complètement hors contrôle, on y objet et sujet de jalousie, de haine, d'inquiétude, on est épié, on épie... PROTEGEZ-VOUS ! Bordel !
Et ne protégez pas que les données objectives de vos vies, protégez votre esprit, cœur et âme. Méfiez-vous toujours de ce que vous lisez dans le scintillement de l'écran, d'ailleurs imprimez toujours un discours pour l'analyser. Mettez des barrières.

* Scylla : quand le masque devient identité, quand l'armure vous fait prisonnier.
C'est l'autre extrême, celui des prévoyants, qui veulent contrôler, qui savent évoluer en terrain miné... On vient sur internet avec une bonne raison, une mission : faire connaître son art, son activité, défendre des idées... On a bien tout segmenté, on a choisi pseudo, avatar, ligne éditoriale... et youpi, c'est parti !
C'est parti quelques semaines, quelques mois... puis, plus ou moins rapidement, l'avatar acquiert une vie propre (il y aurait de sympathiques histoires d'horreur à écrire là dessus, d'ailleurs). A force d'interactions, votre personnage en ligne se développe, prend de la profondeur, de l'ampleur, de la popularité. A chaque retour (positif ou négatif) le masque se consolide, s'appesantit sur vos traits propres.
Plus votre masque est éloigné de qui vous êtes IRL, plus son emprise est grande, précisément parce qu'il vous offre l'évasion, la drogue évoquée dans la digression : vous êtes en plein jeu de rôle, sauf qu'il n'y a pas de cadre, pas de Maître du Jeu, pas de limite... Et plus le public répond, plus vous lui répondez, plus votre demande inconsciente (de légitimité, d'utilité publique, de mission, de reconnaissance, d'admiration, etc...) est satisfaite, plus le masque vous dévore.
De là, deux conséquences fâcheuses :
- L'auto caricature, le discours de plus en plus outrancier, de plus en plus spécialisé, monomaniaque...
Je prendrai un exemple (que certains reconnaîtront, mais sachez que le but n'est pas de l'accabler, bien au contraire) : une jeune femme pleine de talents, de volonté, et animée d'un idéal sincère se lance dans une croisade sur les réseaux sociaux. Elle est extrême, ne mâche pas ses mots, emploie des moyens très controversés. Elle trouve un public et le circuit se met en place. Son public lui renvoie une image plus que flagorneuse, la compare à des icônes, des symboles qu'elle se met à reprendre à son compte. Et c'est bien normal : sa lutte est extrême, ses sujets ultra polémiques, elle reçoit des tombereaux de haine chaque jour. Elle est donc d'autant plus perméable aux messages de sympathie, à quoi s'ajoute l'effet de milieu, de grille de lecture pré-établie, et le fait qu'en pleine tempête, se remettre en question, hésiter, c'est sombrer. Bref, j'ai de plus en plus l'impression de voir une caricature, un personnage de dessin animé, qui récite d'une voix mécanique le discours attendu, toujours plus simple, plus grossier. C'est terrifiant et triste, parce que, même si je ne connais pas la jeune femme derrière le personnage, je suis à peu près sûre qu'elle est en train de se faire dévorer par son avatar.
- La schizophrénie, menace d'autant plus forte que l'on cloisonne les activités et multiplie les "personnages" (c'est un peu mon cas). La sociabilité numérique nous conduit à forcer le trait, à appuyer le discours, à simplifier et intensifier chacun de nos traits, cf point précédent, ce que ne fait pas la sociabilité réelle.
Au cours d'une réunion amicale, à moins de prise de boisson ou de drogue (ce à quoi peut s'apparenter notre usage internet, on l'a vu), on ne verra pas une personne mesurée et douce se mettre à appeler au génocide ou à étriper ce ##@$$ de **%§§. Parce qu'elle s'entendra prononcer ces paroles, parce qu'elle verra les réactions sur des visages aimés, parce que l'incarnation développe la compassion, l'empathie, et que, d'instinct, on n'ira pas accabler d'insultes une personne dont on voit le visage se défaire et les yeux s'embuer (sauf plaisir sadique auquel je ne suis pas entièrement étrangère par ailleurs... mais là n'est pas la question). Je parle là d'un cadre amical, entre personnes civilisées, pas d'une rixe urbaine.
Sur internet, au contraire, on n'aura aucun problème à torpiller une personne sur une mésentente relativement mineure, dans les termes les plus violents. Pire, on est parfois conduit à le faire envers des personnes que l'on connaît et apprécie IRL (j'ai aussi donné dans ce travers). D'où le gouffre qui peut séparer un "masque" (polémique, agressif, intransigeant...) et un comportement IRL (affable, mesuré, enjoué...).
Ici, ça n'est pas le comportement IRL qui serait "lâche", au contraire. La vraie personne s'exprime dans le réel, quand le discours est incarné, appuyé ou temporisé par le regard, l'intonation, la gestuelle. C'est le "masque" qui est une perte d'humanité, et certainement pas dans le sens du "pur esprit" mais plus dans celui de la possession. C'est l'avatar et son comportement propre qui viennent souiller la personne lorsque celle-ci s'inscrit dans les "réseaux sociaux". A fortiori quand s'agrègent à tout cela des enjeux de pouvoir, d'influence, de séduction, de rôle à tenir. Tous les milieux se reconnaîtront là, tout cela existe IRL, comme le propre des rôles sociaux humains, qui sont toujours plus ou moins masques, mais la virtualisation leur enlève leur humanité, leur légèreté, leur possible grâce, pour n'en faire que des symboles crus, des idéogrammes brutaux.
On croit qu'on revêt une armure alors qu'au contraire, on se dépouille de la tendresse de l'incarnation, de la courtoisie du réel, pour n'être qu'un ego écorché vif, frémissant à la moindre impulsion.

Que faire face à cela ? C'est tout sauf simple et mes idées n'ont pas encore passé l'épreuve de l'expérience.
Il me semble qu'il ne faille garder des rapports "humains" (courtoisie, humour, connivence, camaraderie etc...) qu'avec les personnes que l'on connaît IRL, et dans des cadres inaccessibles à ceux que l'on ne connaît pas (mails, messages privés). Hors de cela, n'être que cet "idéogramme brutal", ce symbole d'acier, efficace : on ne transmet que des idées et des faits, aucun affect, ni positif ni négatif. On ne met en ligne que ce qui nous est suffisamment neutre, distant pour que sa possible souillure ne nous blesse pas (aucune photo dont la raillerie pourrait nous atteindre, aucun discours dont la caricature malveillante pourrait nous heurter).
Neutralité sans engagement personnel, extraire tous les sentiments de la machine, parce qu'ils sont tous, de facto, souillés par elle : la haine comme l'amour y deviennent de grotesques parades animales.
Paradoxe de la Machine qui, nous désincarnant, nous déspiritualise aussi, et ne nous laisse que nos schèmes primaires d'interaction grégaire. Qui veut faire l'ange, fait la bête. Et l'expérience des réseaux virtuels nous révèle, en quelque sorte, la nécessaire incarnation du spirituel, et la spiritualité latente mais non moins essentielle de la chair.

https://www.youtube.com/watch?v=Jlhu2aAl4E0
(Of course, the mask is lying in its threats, yet, one should never go bare face online, so, here's my harlequin's advice : don't wear a mask, wear a mirror !) 



 

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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 13:33



Idées à la diable, ni remâchées, ni relues...

Pour ceux qui sont sur twitter (moi j'y suis : https://twitter.com/herlakin ) ... il y a un site quoi génère automatiquement des poèmes à partir de vos élucubrations... 
http://poetweet.com.br/?lang=en

 

Alors ok, c'est drôle, c'est débile, c'est du non sens, on se marre... (et c'est très représentatif de sa petite personne, encore du susucre pour son ego...).

 

MAIS là où ça me fait bader sévère, c'est quand les rapprochement programmés, les images générées par cette sous I.A. sont plus fortes, drôles ou involontairement pertinentes que la merde que je ponds poussivement... Typiquement la dernière strophe de ce qui se voudrait un rondeau, et qu'on pourrait retravailler en :
La gargouille qui veille au grain
Its shadow roaming in the air
"Avec leurs entrailles, putain !"
Like a ghost screaming in despair.
Here it comes again.

 

Qu'un programme défonce un être humain aux échecs, passe... mais à ce qui n'a pas la prétention d'être poésie, mais au moins rapprochement d'images pour créer une sorte de choc ondulatoire...

 

Je ne sais pas (je ne sais pas grand chose, en règle générale), si ça se trouve ces rapprochements aléatoires n'ont du sens que parce que mon cerveau leur en donne, si ça se trouve c'est moi qui poétise ce qui n'est que randomness...
Et si ça se trouve ça peut être le seuil d'une réflexion sur l'interprétation de l'art (dans l’œil de l'analyste, blablabla, on connait), sur ce que l'auteur veut dire et ce que l'on projette, sur notre façon de projeter sur des choses en fait totalement neutres et indifférentes, sur cette capacité à lier des phénomènes et ainsi créer de la beauté précisément dans la structure de ces liens (comme un habile kinbakushi), beauté qui était étrangère aux choses elles-mêmes...
Et c'est précisément là l'art poétique, donc la lecture serait-elle un art poétique au carré ? qui ajoute des liens aux liens...

(Je m'émerveille moi-même de ma capacité à découvrir l'eau tiède 10 fois de suite, successivement, parce qu'entre ma terminale L, mon hypokhâgne, ma khâgne, mes diverses lectures, j'oublie tout ce que j'ai pensé... Je retiens les discours des autres, mais non les miens... épiphanies garanties quand par hasard je tombe sur mes vieilles dissertations ou quelques réflexions jetées sur un coin de cahier, ou même sur un vieil article de ce présent blog... En fait, je pourrais, écrire la même chose, mot pour mot, tous les deux ans, et penser à chaque fois que c'est la première... 
C'est peut-être une forme d'amnésie conceptuelle)

 

Et surtout, d'où, putain, un programme de mes ovaires peut-il ainsi lier, certes avec une inspiration de groupe de gothic metal en fin de carrière (les textes inspirés sont toujours en début de carrière), des réseaux plus neufs, plus frais que mes moisissures inter-neuronales ?
Evidemment, c'est à cause de cet aléa, de ce "coup de dé" (coucou Steph') que cela me semble intéressant et neuf. D'où toutes les recherches surréalistes puis oulipiennes. Je ne suis pas COMPLETEMENT demeurée non plus. 
Evidemment, c'est parce qu'un programme peut compiler et agencer une infinité de données en un minimum de temps.
MAIS C'EST PRECISEMENT TERRIFIANT ! 
Là, c'est de la merdouille de cours de récré, mais avec un peu de recherche, c'est bon, le programme est meilleur poète que l'humain... le programme est un intermédiaire plus EFFICACE que le poète entre les dieux et les hommes... l'efficacité fonctionnelle de la poésie... le simulacre d'âme plus spirituel que nos pataudes tentaives humaines... 
Horreur...

Le beau
Le bot
Le bad
Je suis hantée


 

 

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26 juillet 2016 2 26 /07 /juillet /2016 08:55

 En certains lieux, toujours plus rares, le flux des activités humaines finit par coaguler. Ilots d'ombre sous l’œil morne d'Argos satellitaires.
Là se taisent les ondes et meurent les autoroutes de l'information, des transports, de la frénésie ultrafluide d'une société liquide.
Là grouille une autre vie, hors de l'efficacité des cadres, étrangère à la programmation des réseaux.

 


Là, fulminait Jon, venaient se perdre les jeunes idéalistes pour fuir leurs responsabilités, pour retrouver on ne sait quelles sornettes tout juste bonnes à fournir des "citations inspirantes" aux réseaux sociaux. "Il n'y a pas de wifi mais une vraie connexion", ce genre d'idioties pour se donner bonne conscience entre deux réunions de travail.
Qu'est-ce que son fils était allé faire dans cette foutue réserve naturelle, à des dizaines de kilomètres de toute civilisation digne de ce nom, et surtout à des années lumières de ses habitudes, c'était tout le mystère. Et, s'il en croyait la géolocalisation de ce dernier, il avait bien quatre heures de route dans sa Mustang lancée à vive allure à travers la nuit pour le résoudre.

Ce qui le rassurait, c'était justement cette géolocalisation : Eller avait gardé son téléphone sur lui, sa montre aussi. Il avait pris soin de leur dire sa destination.
Leur enfant n'avait pas complètement perdu la tête, et, par miracle, ne s'était pas enfoncé jusqu'en "zone blanche".
Zone blanche. Cette expression avait quelque chose de sinistre. Comme une chambre capitonnée d'asile psychiatrique.
Un frisson le parcourut.

Il alluma la radio. "People turn the TV on, it looks just like a window, yeah ... I want all of your mind ..." ... grinçante et grêle...
il se souvenait de cette voix... si loin... une rétrospective musicale de vieilleries oubliées sans doute. 
Oui c'est ça, il revoyait la scène : Lisa avait posé les pieds de leur fils sur les siens et le faisait danser. Puis Youtube avait enchaîné sur cette chanson agaçante et il avait interrompu la vidéo. Après quelques minutes de montage, Eller avait eu beaucoup de succès sur Vine, succès qui dura autant que la popularité de l'application.
Eller avait été un bébé adorable, un enfant admirable d'innocence photogénique, un adolescent rebelle et tendance qui avait su gérer sa popularité en ligne jusqu'à la porte des agences de mode, et enfin, un jeune homme talentueux, entreprenant, éblouissant. Seule ombre que Lisa et lui n'avaient su déceler dans les analyses embryonnaires : une prédisposition au diabète, qui s'était déclaré après quelques années. Jon en voulait beaucoup aux médecins : eût-il été prévenu, il aurait sélectionné avec soin un régime approprié, faible en sucres, et exclu toutes les friandises qu'il est d'usage de donner aux enfant sans y regarder à deux fois. 
Mais Eller avait surmonté cette faille avec grâce et une discipline de fer. Volonté, organisation, opportunisme et créativité, comment, ayant bâti son succès sur ces qualités, pouvait-on se retrouver, sac au dos, dans le trou du cul du monde, et même pas pour un défi dûment relayé en ligne? Il avait du se passer quelque chose. Quoi ?

Les voitures se faisaient de plus en plus rares aux côtés de la Mustang. Le vent grondait, menaçait... Jon n'aimait pas savoir son fils à la merci de ce lugubre conseiller. Il était beaucoup trop perméable, c'était son don et sa faiblesse.
Comme tous les artistes.
Comme tous les garçons sensibles.
Jon se corrigea, ces clichés éculés étaient indignes de lui. Pour se hisser au sommet d'un milieu aussi cruel que celui de la mode et de l'événementiel, il fallait être tout sauf fragile. Que fuyait-il donc ? Pourquoi ainsi se dérober aux yeux du monde, à ses caméras, ses appareils photos, ses smartphones ?


Au cœur de la forêt, dressé comme la figure de proue d'un vaisseau pétrifié, Eller contemple à ses pieds le lac où meurt la sente, fille étroite de la grande route. Il songe à ce rétrécissement, qui n'est pas perte de puissance mais accroissement.
Celui qui prend cette voie suit les pas d'Inanna, et se dépouille des oripeaux techniques, de son armure d'efficacité, pour s'ancrer dans l'humus de sa vraie dignité. On quitte sa voiture comme la déesse ses voiles et ses bijoux. On sent, enfin, à travers son corps, et non plus à travers cinquante écrans de contrôle qui ne contrôlent que nous-même.

Il frappe le roc du pied, il aime sa dureté, son illusoire densité immobile face à l'hémophilie des flux. Illusoire parce que son téléphone capte, et que ça le rassure quand même, parce qu'il n'est pas en zone blanche.
Blanche 
comme une étendue glacière infinie, hantée par le hurlement des vents.
Blanche comme les limbes ouateuses où flottent morts-nés et avortons

Existent-elles seulement encore ?
Eller n'est pas dupe, ni fou : il n'est que perdu. Un junkie qui vient de prendre conscience de son addiction, de son aliénation, mais qui est trop prudent, trop réaliste et trop dépendant, pour s'en arracher brutalement. Il ne se hait pas pour autant. Il sait qui il est, il l'accepte, et la nuit dépose sur ses épaules un manteau de grandeur.


Le père sourit en pensant à son fils. Tout irait bien, il était fou d'en douter : son parcours sans faute, son ascension glorieuse, tout prouvait qu' Eller était bien maître de son destin, qu'il savait où il allait et ce qu'il faisait. A peine 30 ans et il gouvernait tous les aspects de son industrie : modèle, il avait posé avec les plus belles filles d'internet, créateur, il avait habillé les reines des média, organisateur de soirées, il avait mis en scène les fêtes les plus étourdissantes des cinq dernières années. Jon était fier. Fier de la réussite de son fils. Ses yeux s'embuèrent d'émotion. Il aurait tant aimé la partager en temps réel avec sa femme, mais sa course requérait toute son attention. Plus vite il aurait retrouvé Eller, plus vite ils seraient de retour auprès de Lisa. Jon accéléra. 


Eller est né dans la toile, ses mille yeux l'on vu avant que lui-même puisse se voir. Le premier regard à croiser le sien fut l’œil cyclopéen d'un Iphone, tenu par son père pour immortaliser son premier sourire, alors qu'il venait tout juste d'être coupé du placenta maternel. Il y a taillé son propre réseau, il en a reçu les enseignements, les conseils : quel autre ami aurait pu le connaître à ce point, envisager toutes ses facettes en une seule seconde, en recoupant des milliers de données ? Lui-même ne le peut. Tout son dossier médical, son état civil, ses premiers choix instinctifs de couleurs et de formes, ses gazouillis de nourrisson, son éveil, la formation de ses goûts... Qui d'autre aurait pu le cerner aussi complètement, aussi objectivement, aussi vite ? Les programmes ont toujours su trouver les jeux, les livres, les films propres à lui plaire.
C'est eux qui ont décelé en premier ses talents d'analyse picturale, de création esthétique et l'ont doucement, une suggestion après l'autre, orienté vers le design et la mode. Ses parents n'ont fait que suivre le mouvement et l'encourager. Et en effet, ses dons étaient flagrants, et ses progrès fulgurants. Les préraphaélites, le romantisme, l'art nouveau, les ballets russes, le ballet tout court, Broadway, les défilés, la pop et l'opéra, les premiers sites de rencontre. Les programmes ont tenu lieu de Providence.
Les algorithmes construisent une société parfaite, se substituent à une Providence trop vague, trop douce... pas assez efficace.
A ce mot la bile lui vient au lèvres, il tombe à genoux, et vomit d'horreur. Eller rit, dévasté, du rire d'un damné qui voit Satan en face.


Une alerte sur le tableau de bord, connecté à tous les réseaux d'information publics et privés vint glacer le cœur de Jon. Il était la première personne à prévenir de l'état de santé de son fils en cas d'urgence, et c'est en cette qualité de l'hôpital de Newport lui indiquait que, faute de paiement, la micro pompe à insuline électronique connectée de son fils avait été désactivée. Ce qui signifiait que les doses pré-établies n'étaient plus délivrées. Bien sûr, l'insuline était toujours contenue sous sa forme ultra concentrée dans le micro-doseur, mais il était impossible à un non spécialiste de l'extraire pour se l'auto-administrer.
Comment cela était-ce possible ? Un défaut de paiement ? C'était ridicule ! Eller manquait autant de crédit que l'océan de mercure ! Il s'agissait sans doute d'une erreur, mais cette erreur mettait son fils en danger, et les avocats du distributeur de cette satanée pompe allaient en entendre parler.
De nouveau, Jon accéléra. Son angoisse et la vitesse déformaient le paysage, le brouillard se fit spectral, les branches squelettiques. Il haïssait cette maudite forêt, à des heures de route de la moindre pharmacie, cette grotesque survivance des toutes les hantises primales, cet absurde archaïsme toléré pour les quatre derniers hippies du pays.


Eller s'est relevé. Tout cela est derrière lui, il est enfin libre. Enfin seul face à lui-même, ou ce qu'il reste de lui-même après des décennies de suggestion. Quoi qu'il en soit, il ne se laissera pas abattre : il est là, il est vivant, il ne regardera pas son téléphone ni sa montre. Il ne les garde que pour rassurer ses parents. Ses parents et personne d'autre. Certainement pas ses médecins, ses banquiers, ses avocats, ses conseillers, ses clients. L'amour filial. C'est là chose aussi solide et vraie que le roc sous ses pieds.
Autour de lui dansent et chantent les vents avec des sifflements sauvages. Il les laisse jouer avec ses boucles, le caresser, l'étreindre avec passion. Il aime leurs aléas, leur absence de raison efficace, leur gratuité. Il les voudrait plus violents, qu'ils le traversent, qu'ils le purifient des années de simulacres, qu'ils exorcisent les murmures des programmes en lui.

Il a dit oui à tout ce qui apparaissait à l'écran : il a posé avec les filles en vogue, il a habillé les richissimes matriarches, il a fait danser la jet set, il a sucé ceux dont il a pris la place et le royaume. Jusqu'à ce que les programmes désirent son visage.
Une première pub, il y a bientôt un an. Une première sollicitation, puis des appels, puis des alertes clients. Oh trois fois rien : deux coups de bistouri, trois implants, et son visage serait LE visage, la "new face" ultime, le masque du programme le plus abouti et le plus populaire d'intelligence artificielle. La fusion la plus audacieuse entre le regard humain et des nano-caméras, entre le sourire humain et des nano-capteurs.
Eller a dit non. Il ne savait même pas pourquoi à l'époque, il sait maintenant. Il a dit non, et cette syllabe a déchiré la toile : ses avocats, ses banquiers, ses clients. Une armée de taons, de furies qu'il a fui dans ce désert après avoir retiré tout l'argent de son compte principal. Il sait que le monde qu'il a quitté ne le laissera pas revenir, qu'il doit se recréer hors du système, loin des suggestions de la Machine et de ses programmes.
Pris par les vents comme par autant d'amants a-corporels, il se sent voluptueusement léger. Le cosmos danse autour de lui, les diamants stellaires palpitent aux seins de Nout . Il jette la tête en arrière et étend les bras pour s'offrir entier à l'amour qui surgit en lui.
Tandis qu'un long frisson le saisit, il se souvient enfin de ce que son fonctionnement parfait avait dérobé à sa mémoire, des circuits froids de la Machine sur son corps, des micro-diffuseurs implantés.
Ce souvenir ne le trouble pas, pourtant, il est si infime face à la très grande gloire du Monde, face à la Grâce qui le porte... le porte loin du sol, loin du roc.
Il ne sent plus que l'air et ses joyeux tourbillons. Est-il devenu souffle ? A-t-il, d'extase, jailli hors de son corps ? Flotte-t-il ? vole-t-il ? Sombre....


Le père tremble de peur, il a poussé sa Mustang à ses limites, jusqu'à ce que la route se fonde en un chemin impraticable. Alors il a couru, couru autant que sa cinquantaine athlétique le lui permettait. Il ne voit plus ni le brouillard, ni les branches, il ne voit que son but, et bientôt, le lac dominé par un éperon rocheux.
D'instinct il lève les yeux pour voir une silhouette titubante, les bras en croix, tournoyer en transe, comme inspirée par le ciel, comme aspirée par le lac.
Puis le bruit sinistre d'un corps brisé par les rochers, englouti par le miroir des étoiles.
L'onde sereine porte doucement la dépouille d'Eller sur la rive. Et, de ses bras impuissants, le père étreint une dernière fois son fils mort.



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24 juillet 2016 7 24 /07 /juillet /2016 17:39

Troisième brève de la série Par delà Fin et Niais consacrée aux trucs qui semblent cons, laids, agaçants mais qui en fait ne le sont pas tant que ça si on gratte un peu. Après l'insta-food (http://roter.schnee.over-blog.com/2015/04/instagrammer-l-instant.html) et la fête de la musique (http://roter.schnee.over-blog.com/2015/06/folk-just-wanna-have-fun.html), voici : le latin bidon et les cultes d'opérette.

Je pense aux latinistes, dont je fus, que les horreurs pondues par Games Workshop (et d'autres créateurs de mondes imaginaires) font hurler, aux exorcistes qui se prennent la tête à deux mains devant Supernatural, aux sorcières qui pleurent des larmes de sang devant Charmed. Tout est bidon, à côté de la plaque, rien ne va, et, d'instinct, cela pousse à râler, comme dans toute situation ou l'ordre juste, naturel ou familier est désaxé. Je lis "Ave Dominus Nox" et grince des dents devant l'absence totale d'accord en cas et en genre de même que je frémis au massacre quotidien du français.

Mais en grattant le vernis de désapprobation, on se rend bien vite compte que, même si la chose (dans le cas de Warhammer 40k) peut-être justifiée par le contexte fictif (il ne s'agit pas de latin, mais d'une forme complètement abâtardie appelée "haut gothique"), il s'agit surtout de la plus élémentaire des mesures de précautions.
Prenez une série ou un film traitant de créatures surnaturelles, il y a une grande chance pour qu'un des épisodes de la série, si ce n'est le film lui-même (comme l'excellent nanar Knights of Badassdom) aborde le sujet des invocations involontaires : une personne introduit une évocation réelle et effective dans un contexte fictif (théâtre, cinéma, jeu de rôle...) et là, c'est le drame, le sort fonctionne et le chaos s'abat. Qu'on croit en toutes ces choses ou non, d'une part un esprit créatif a toujours au moins une infime portion de doute (on n'y croit pas à 99,9%, mais mieux vaut ne pas tenter le 0,1% restant), de l'autre, on ne va pas précisément verser dans la sottise que l'on met en scène. La meilleure solution reste alors d'inventer de toute pièce des noms, des dieux, des invocations, ou de complètement tordre jusqu'à l'absurde ce qui existe déjà pour s'assurer de son inefficacité.

Un exemple de ces torsions volontaires nous est donné dans les entretiens avec Pat Devin, prêtresse wiccane et consultante sur le tournage de The Craft, trouvables partout en ligne. Elle a choisi de créer de toute pièce une divinité, Manon (oui, à cause de Manon des Sources ^ ^) pour éviter de faire de véritables entités des objets de divertissement, et qu'on retrouve des flopées de jeunes invoquant Hécate ou Kali pour "faire comme dans le film" et risquant que tout cela tourne très mal.

Ces articles ont vocation à être courts, je ne vais donc pas me lancer sur de honteuses vulgarisation à propos de Chaos Magick, d'égrégores etc... mais simplement poser ici l'idée que, selon beaucoup de personnes et de rites, l'énergie psychique humaine consacrée à une idée (même pas forcément une divinité nommée comme telle), par la prière, l'invocation, les sacrifices (une révolution par exemple), ou même la rumination obsessive... a de réelles conséquences, immatérielles ou matérielles, et que plus l'idée est ancienne et partagée, plus les conséquences sont importantes.
C'est exactement le processus (longuement théorisé dans diverses traditions ésotériques) que l'on retrouve dans le mythe de la naissance de Slaanesh, par exemple, crée ex nihilo par l'énergie effrénée que les eldars mettaient à décader violemment, matérialisation de leurs jouissances impies.

D'où l'idée d'éviter de donner un surcroît d'énergie à des idées déjà présentes et de les transmettre à des personnes n'ayant aucune idée de ce à quoi ils ont à faire. D'où la solution de créer des cultes bidon et des incantations, des langues sans passé réel : mieux vaut s'embarrasser d'un ridicule mineur que d'un démon majeur.

 


 

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 12:36

ATTENTION, JE VAIS (brièvement) PARLER DU NOUVEAU STAR WARS, ET SPOILER MECHAMMENT 

Le nouveau Star Wars, donc...

Pas aussi dramatiquement nul que 80% de la pré-logie (il y avait quand même 20% de bon dans cette affaire, Aurra Sing, par exemple, ou Kamino). Mais pas non plus aussi génial que la trilogie originelle. Avec toute la subjectivité dont font preuve des personnes qui ont découvert l'originelle à 7/8 ans et ont grandit avec, évidemment.


Commençons pas les points négatifs, histoire de finir sur le positif : 
* Kevin Solo
C'est pas poss', ça, les mecs, vraiment. Ou alors il est crée pour nous sembler entièrement méprisable dans un premier temps, puis évoluer, ce qui me semble être la direction prise (je pense qu'on va se taper la rédemption de Kevin Solo pendant 3 épisodes), dans ce cas c'est réussi parce que ce perso est à gerber. Son look très "postapo-cultisto-chic" est un poiiil trop inspiré de la dernière collection homme H+M (celle avec les faux t-shirts de metal, là, c'est atroce), et trop vu et revu sur tumblr, c'est la version homme du style "coven". Donc d'emblée, il fait "hipster con parmi les nazis classe". 
Quand il commence à piquer une crise, et tout casser avec son sabre laser-tuné-wesh-tavu-ça-fait-plus-badass, on se dit qu'il doit être très jeune, en fait (ce que sa sveltesse et son maintien confirment) donc que c'est bon, c'est pas Luke. Pourquoi les méchants nazis badass respectent une bleusaille pareille, qui ne contrôle rien pas même ses nerfs, mystère...
Puis on voit sa tronche, et v'là l'emo-boy-trop-dark-la-ténébritude, un peu le fils de Rogue, en carrément moins classe. 
Ses skills sont déplorables : un stormtrooper qui vient juste de chopper un sabre laser, sans même être un jedi, tient assez bien contre lui en duel, et une adversaire qui vient littéralement de comprendre que la force était MEGAPUISSANTEDELAMORT en elle, mais n'a jamais eu d'enseignement, le défonce... ok... (à quoi lui sert son putain de sabre de kikoo à part faire des caprices et tuer des gens désarmés ?)

Et une lavette galactique, une ! 
* Le scénar cousu de fil blanc, avec ce qui me semble pour l'instant un poil incohérent, mais qui trouvera peut-être son explication par la suite :
- Rey qui maîtrise la Force, comme une fifolle, comme ça, sans enseignement... bon bon bon
- Pourquoi il y a TOUJOURS un point faible sur ces énormes bases méchantes, c'est beaucoup trop facile
- le scénar suit beaucoup trop celui de "A new hope"
- d'où Finn sait-il comment soigner un wookie ? 
- d'où Rey, et tout le monde, en général, comprend très bien les bidip biiip bloop de BB8 ? Il ne fallait pas la trad d'un droïde protocolaire à l'époque de D2R2 ? Ou alors "droïde chou" est devenu une LV1 obligatoire entre temps ?
* Les batailles spaciales pas top top, et les duels quasiment inexistants vu le niveau de merde des combattants
* Rey est évidemment la fille de Luke (force, sabre, casque, poupée de pilote, entente immédiate avec tata Leia et tonton Han). Et de qui d'autre ? là est toute la question ... ça serait fendard que ça soit avec Leia, mais ils n'auront jamais les balls... et à propos de white trash, vu que EVIDEMMENT ça va causer de la rédemption, en trois actes, de Kevin Solo, et que le gentil Noir a été superbement friendzoné (of course he was), ça va se jouer entre Kevin et Poe, et comme il y a déjà de la tension sayksouelle entre Kevin et sa cousine, je parie sur une descendance joyeusement dégénérée (et Poe et Finn finiraient ensemble, ce qui serait drôle...)

Passons au WTF : 
* les noms... "Poe" et "Finn"... c'est Star Wars ou Ellis Island en 1812 ? 
* en parlant de ça : la guerre des gangs, Brittaniques (CET ACCENT, OMG ! ) contre Japonais... POURQUOI ? (et où sont les Russes ?) 
* Visiblement le FN sera au pouvoir en 2187, on sera tous morts, j'suis deg ! 
* QUE QUELQU'UN CONSTRUISE DES PARAPETS SUR LES PASSERELLES, putain ! pourquoi il n'y a jamais de parapet ? ni en fantasy, ni en SF, jamais de putain de parapet, c'est horrible, à chaque fois je suis recroquevillée sur mon siège, regardant le film entre mes mains
* je suis certaine que le grand méchant est tout petit, en fait, et qu'il compense à mort (who's the little fear demon ?) du coup je n'ai pas pu ne pas penser à Big E macDaddy, aka Space Hitler, aka The Emperor et me demander à quelle échelle il serait par rapport à Stoke. Plus petit je pense, non ? Si on dit qu'un humain moyen fait 1m80, un space marine devrait faire dans les 2m30, un primarque dans les 3m, et Big E dans les 3m50, non ? Clairement, l'hologramme de Stoke fait plus, je pense... Je suis preneuse de vos avis sur la question. 
* on est d'accord, les droïdes jouent le rôle de chiens, dans Star Wars en général ? (le facteur choupitude) 

* le côté très aventure/fantasy, bref, très space opera cheapos comme on aime de la découverte du sabre de Luke (qui faisait penser à un film d'Indiana Jones, un peu, où à une exploration de donjon)

Et finissons avec ce qui est vraiment hyperbath et même superchouette : 
* l'enthousiasme quand la musique arrive, et l'intro défile (bon, ça, c'était acquis d'avance)

* Poe est le nouveau Solo, avec sa répartie cinglante et ses skills de fifou
* Rey est géniale, on retrouve la tradition des héroïnes badass, simples et vraies de Star Wars (je pense à Leia, pas à Amidala, que je n'ai jamais trop pu pifrer), et je ne dis pas ça en tant que femme brune aux yeux marrons (qui deviennent verts quand ils sont humides, comme Rey ! ) svelte et athlétique hein :p (mais bon, on va pas cracher sur la représentation quand elle est là) 
* tiens, du sang dans Star Wars (ceci est une remarque fort pertinante de Jean-Baptiste ! ) 
* Maz est topissime ! son domaine est vraiment chouettos, on retrouve la Cantina et c'est cool
* les plans somptueux autour la carcasse de destroyer
* HAN SOLO, CHEWIE, LEIA, LUKE \o/ 
* excusez-moi, GENERAL fucking ORGANA bitches ! 
* Han et Leia *aaaaw*
* RD2 et C3PO \o/ 
* et oui, je me suis faite avoir comme une Kevina : je trouve BB8 trop chouuuu 
* Le Zeppelinfeld de l'espace, avec discours qui va bien, ET statut qui va bien : énormissime, grandiose, sublime ! (et tout le First Order, en fait), le choix des acteurs, leur façon de gueuler gutturalement qui fait parfois passer l'anglais pour de l'allemand... tout cela est fort appréciable
* les accents brittish, on se croirait dans Game of Thrones ou Downton Abbey ! 
* speaking of which : Captain Phasma ! fuck yeah \o/ 
* toujours speaking of which : Poe est une sorte de Henry Talbot de l'espace 
* le retour aux sources, à savoir : à l'univers celtique et arthurien, avec la fin sur l'île qui criait un truc comme "visit Ireland"


 

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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 11:50

La pelote (de la chouette) du jour concerne la beauté physique.


Merci à vous, belles personnes, de l'être et de l'entretenir (par soin, hygiène de vie, sport...). Merci à vous de mettre votre beauté en valeur par la pose ou le maquillage.
Merci à vous de faire des auto portraits et les poster en ligne.
Merci à vous de vous mettre en scène, de vous dévêtir parce que votre corps entier est beau, de faire resplendir l'éclat d'Absolu que les dieux ont choisi de poser en vous.

 

 

Les personnes qui pestent contre ces auto-portraits, qui y voient du narcissisme ou de la futilité sont ces porcs incapables de goûter aux confitures esthétiques ("les confitures esthétiques" un recueil décadantiste de bar PMU). Vous avez raison de vous aimer, et de le partager.

L'enveloppe n'est pas une essence moindre.
Foin de la séparation poussiéreuse : l'apparence ne ment pas, la beauté est divine, et la beauté du diable est l'ultime preuve de la victoire de D.ieu.

La pudeur est une invention de moche, pour les moches.

La beauté masculine ne doit pas avoir une place moindre que sa parèdre féminine. Retrouvons notre héritage véritable, celui qui fait de la beauté, chez l'homme, une vertu tout aussi importante que le courage et la force. Non, prendre soin de son apparence, la célébrer d'auto-portraits n'amoindrit pas la virilité, bien au contraire. Non à cette expression idiote "l'homme est comme l'ours : plus il est laid, plus il es beau". Ceux qui vous reprocheraient la régularité de vos traits, en feraient une forme de "faiblesse féminine" ont le cerveau pourri de patriarcat protestant.




Merci à vous, femmes, hommes et autres, de prendre soin de vos dons, de rendre grâce à la Nature / le Cosmos / D.ieu / les dieux en faisant resplendir la lumière qu'ils ont mis en vous.

Le Beau n'est pas moins important ou moins divin que le Vrai ou le Bon. L'apparence compte autant que l'intelligence et la bonté. Pas plus, certes, mais pas moins.

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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 09:48

Oui, je me sens inspirée en ce moment, et pas pour de profondes ou poétiques considérations.
Je m'en prends régulièrement, de vive voix ou sur FesseBouc, aux pseudonymes ridicules, et je me suis dit que c'était l'occasion de faire une listalakon.

PRECAUTION ORATOIRE : Il s'agit évidemment de caricatures, chacune de ces tendances peut tout aussi bien avoir de très beaux résultats, qui sonnent bien. Et surtout, ça n'est pas parce que votre pseudo est ridicule, monstrueusement ridicule même, que vous êtes idiot ou inintéressant, d'ailleurs on peut très bien cultiver le ridicule pour le ridicule (j'en sais quelque chose), ou pas : on peut être très premier degré dans le mauvais goût et être une personne remarquable.

Voici donc la liste des pseudonymes qui m'insupportent le plus, en ligne :

* Adopter le patronyme de son idole

ça pue le fan, et être fan, c'est craindre (et j'ai parfaitement conscience de craindre sur certains points).
Passé 16 ans, c'est intolérable de crétinerie : "hihihi, je suis la soeur/le frère/la femme/le mari de mon idole, lolilol". NON.
Le pire étant d'adopter le patronyme d'une idole du sexe opposé, coutume principalement observée chez les fangirls. On pourrait espérer qu'il s'agisse d'un désir de sororité, mais je pense hélas qu'il s'agit plutôt d'un fantasme matrimonial, assez puant d'arrivisme soumis d'ailleurs : fantasmer de prendre le nom de son mari, d'une (beurk beurk beurk, enfin ça dépend, je serais d'avis de garder comme règle : celui qui a le plus beau nom l'emporte) et s'approprier l'écho du prestige dudit mari, de deux. Le général a dit : ça craint !
Quelques exemples affligeants : Machinos Vikernes, Bidula Kaulitz, Truquette Lindemann... Mais il y a des exemples ENCORE PIRES : ceux qui chient allègrement sur la civilisation d'emprunt et ses règles patronymiques, et au pinacle nous avons Debila Lothbrok et Connassa Laufeyson (Au secouuuurs ! Contresens ! Hérésiiiiiie ! ). Evidemment ces troupeaux sont légions sur FesseBouc.

* Utiliser d'un bloc le nom d'un personnage fictif, ou une partie de façon lourdingue

Là je plaide coupable : mon premier pseudo sur le net était "Wanda von Dunajew" j'avais 16 ans, je me suis étonnée de recevoir des propositions de soumis... bravo le veau !
Pour moi un bon pseudonyme doit au moins "sonner réaliste", même si ce sont des noms inventés ou empruntés, donc s'accoler un héros de roman au nom à coucher dehors, ça ne passe pas.
Pour le coup c'est surtout un travers masculin : les "Gatby", les "Lestat", les "Heathcliff"et tous les gnous de cette espèce! Evidemment, dans 90% des cas, c'est horriblement insultant pour le personnage qui n'a rien fait pour mériter tel rapprochement (oui, les "Sephiroth94" de 120kg pour 1m75, les "LupercalWarmaster" acnéiques à fedoras, les "EzioAuditore" hémorroidés d'inaction, je pense à vous (et vais du coup me laver l'imagination au white spirit)).
Pour proposer un contre exemple, j'espère qu'elles me le pardonneront, voici deux pseudonymes inspirés de personnages fictifs ou historiques, mais avec classe et euphonie et pas d'un seul tenant : Dorianne Wotton et Valtesse de Larose.

* Se donner des titres (avec exceptions)

Mais arrêtez, bandes de goths décérébrés, avec vos "Lord Machin" "Lady Truc" "Comtesse" "Duchesse" "Princesse" et tout ça... Vous êtes des roturiers, assumez, merde ! Il n'y a rien de pire que la roture qui se donne des titres, vraiment, c'est du dernier ridicule.

Exceptions : si c'est le nom d'un personnage que vous incarnez lors de sorties, qui a sa propre histoire, son propre style (et qui n'est donc pas vous, dans l'idéal un tel personnage devrait avoir une page ou un profil à part, mais bon...). Fort heureusement, c'est souvent le cas dans la communauté steampunk (il s'agit d'une "steamsona" et pas de "son pseudo à soi, en ligne, en général"), j'avais moi-même crée un personnage de ce genre, et indiqué son existence entre parenthèse, pas en pseudo principal.
Je ne compte pas là dedans les "von" et les "de" qui peuvent indiquer une simple provenance (je suis bien consciente que ça n'est pas la majorité des cas, surtout chez ces abrutis de cyber qui la plupart du temps ne connaissent de la langue de Novalis que deux syllabes : "von" et "heil" (et parfois "sieg" aussi, mais c'est leur faire un peu trop crédit) ), c'est le cas chez moi dans "Hellequine d'Olt" : qui vient d'Olt.

* Les langues étrangères, de façon lourdingue

Là on tombe dans le kikoololisme extrême, SURTOUT quand la personne ne maîtrise absolument rien de ladite langue. Non, une connerie ne sonnera pas mieux dans une langue étrangère. Non, l'exotisme n'est pas "plus cool" qu'une bonne maîtrise de sa langue maternelle, ça n'est que la preuve qu'on préfère palper d'autres surfaces plutôt que creuser l'écorce de sa propre culture pour en tirer la sève.
Trois tares dans le colimateur : la tare anglomaniaque, la tare germanodoule, la tare nippolâtre. La pire étant, de loin, la dernière.

La présence d'un élément japonais dans un pseudo est l'équivalent de l'étiquette "vu à la télé" sur quoi que ce soit : à fuir, loin, vite.
Brenda Akatsuki, John Kurobara, Cindy Yoruhime : arrêtez, c'est atroce (et nettoyez votre peau, et faites du sport, et éventuellement apprenez un bout de japonais, quand même (et pas pour dire "kawaii desu neeee" merciiii) ). Le schleu injustifié est aussi relativement craignos, dans la mesure où il indique très souvent cette masse adolescente qui se cherche désespérément des origines autres que françaises, tout en revendiquant un certain patriotisme : "Nan mais moi je suis à moitié allemande." dit Emilie Durand, qui a un arrière grand père alsacien... "Ouais, c'est ma soeur de coeur qui me l'a donné, elle est allemande." précise Kevin Glandard, désespéré par son absence totale d'exotisme, "Haha, ouais nan mais moi chuis slave alors forcément..." assène David Blanchon, descendant son 3ème shot de vodka en pensant à sa tante par alliance descendante de mineurs polonais. Le pire étant, évidemment, les associations de mots ridicules, ou les substantivations intempestives d'adjectifs, du genre "Cruchassa Von Dämonisch".

Exceptions :
le japonais bien amené (toutes les "Hana" par exemple, c'est joli, ça passe bien, ça ressemble à quelque chose de connu comme "Anna" ou "Hannah"),
l'anglais qui installe un milieu, une esthétique (burlesque la plupart du temps, ou rockabilly, ou pin up, avec des pseudos pétillants et mutins, tendance Crazy Horse),
l'allemand second degré, qui va à fond dans la choucroute et la kolossale Subtilität,
et en général tous les mots étrangers bien intégrés au pseudo (et il y a bien d'autres exceptions, au cas par cas)
le russe subtil (typiquement, pas Olga Ivanovna Krevlanic quand vous vous appelez Aurélie Brossard) 
les noms de reconstitution histo (parce que quand on fait un campement viking, s'appeler "Jean-Eudes Lavoisier" ça passe bof) 

* Double the Blödsinn : les mélanges de langues étrangères

Sommet du kikoololisme, que j'ai bien sûr illustré de ma personne, parce que je n'ai peur de rien et surtout pas du ridicule, avec cette merveille de débilité : Xenashura... on a presque tout là : les personnages fictifs (ou mythiques) amenés de façon lourdingue (Xena + Ashura), du nippodébilou (entre autres, Ashura dépasse de très loin le Nipponisthan), ET un atroce mélange helleno-sanscrit : bravo le veau, bis. Mais on apprend de ses erreurs, on grandit, et on se fout de sa propre gueule, et de celle des autres.

Quelques exemples d'attrocités onomastiques : Kireii Von Grausam (comme diraient les Bérus : LOBOTOMIE ! ), Mickey Von Rüdesheim, Kuroneko Burningstar, Samantha Von Speicher, Hildetrud Yamaguchi, Oroshi Bloodqueen et j'en passe et des plus gratinés...

* Les noms communs accolés

Certes, c'est bien l'origine des noms propres : tous les noms propres ont une signification, sont des assemblages de noms communs, et il n'y a aucune honte à revenir à cette origine, bien au contraire. Oui aux "Louve" "Louvet" "Ours" "Lys" "Aube" etc...
Mais encore faut-il ne pas franchir les limites de la crétinerie (et là encore, pour relativiser, voici ma première adresse mail, quand j'avais 13 ans : machintruc_angel_of_death, mais bon, j'avais TREIZE ans, pas vingt-deux ! ) donc s'il vous plait, Licorne Céleste, Guerrière Valkyria, Obscur Filsduloup, VoluptéEnfer Pluton, Angeoudémon Jesaispasjmetâte ... arrêtez, vous nous faites mal, vous VOUS faites mal !

* Une dernière tendance commune, pas ridicule, mais amusante

Ne prendre que les consonnes de son nom, et souvent les trois "principales". C'est une tendance assez lourdement répendue dans les profils "sérieux" sur FB (ceux qui ne revendiquent pas l'appartenance à une scène alternative, ceux sur lesquels on invite la famille, les condisciples universitaires etc...). La chose amusante est que du coup on a l'impression d'être dans un disctionnaire étymologique hébraïque, avec toutes ces triades consonnantiques.

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